De cinq à sept échantillons testés au coronavirus chaque semaine au départ, le laboratoire est passé à une quinzaine par jour. Photo prise dans le laboratoire BSL-3 (sécurité de niveau 3), dans lequel le virus est désactivé. (Photo: LNS)

De cinq à sept échantillons testés au coronavirus chaque semaine au départ, le laboratoire est passé à une quinzaine par jour. Photo prise dans le laboratoire BSL-3 (sécurité de niveau 3), dans lequel le virus est désactivé. (Photo: LNS)

Le Laboratoire national de santé (LNS), seul à pouvoir confirmer les cas d’infection au Covid-19 dans le pays, analyse une quinzaine d’échantillons par jour. Mais il serait prêt à en traiter plus de 250 quotidiennement si la situation venait à s’aggraver.

Derrière les baies vitrées de l’imposant bâtiment de Dudelange se cachent des virus microscopiques. Tous les jours, le  (LNS) les analyse afin de détecter la présence ou non du Covid-19. Il est le seul établissement équipé pour cela au Luxembourg.

Le premier échantillon leur est arrivé le 29 janvier. «Nous étions prêts», raconte , directeur du LNS. «Bien en avance, nous avions testé les protocoles délivrés par l’OMS, validé ces tests, commencé à former nos équipes.»

Depuis, l’établissement en a analysé 122, . «Nous en testions cinq à sept par semaine au départ», se souvient le docteur Trung Nguyen, responsable du service de virologie. Aujourd’hui, son équipe travaille sur une quinzaine d’échantillons par jour. «Parce que le seul cas positif était importé», estime-t-il, en se référant au fait que la personne revenait d’Italie. «S’il y avait un cas local, nous aurions plus de demandes.»

Le soutien du ministère de la Santé

Le laboratoire a la capacité d’effectuer 250 analyses par jour, selon Friedrich Mühlschlegel. «La même quantité que dans tous les laboratoires de référence de l’OMS», précise-t-il. «S’il le fallait, nous pourrions encore augmenter», ajoute-t-il, en touchant la table en bois pour éloigner le mauvais sort. «Nous avons le soutien du ministère de la Santé. Il nous aidera si nécessaire en termes d’infrastructures.»

Une équipe de six personnes – Allemands, Belges, Français et Luxembourgeois – issues du service Virologie travaille sur ces tests. Des techniciens, des biologistes et un scientifique. D’autres membres du service (qui compte une dizaine de personnes) et du département de microbiologie (une trentaine) sont occupés à être formés afin de pouvoir leur venir en aide en cas de hausse de la demande.

Le LNS serait alors capable d’être opérationnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Le docteur Mühlschlegel, biologiste clinique, directeur du LNS et membre du Collège médical du Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Le docteur Mühlschlegel, biologiste clinique, directeur du LNS et membre du Collège médical du Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Sollicité sur des questions de budget, le service communication du LNS déclare : «Vu le caractère très sensible de la situation actuelle autour du coronavirus, nous ne désirons dévoiler ni le budget, ni des détails sur le matériel supplémentaire que nous avons dû acheter, ni les noms et la provenance des machines utilisées dans ce processus». Il complète: «Nous avons évalué cinq kits différents de tests de trois pays différents pour garantir la diversité des fournisseurs en cas de rupture de stock.»

Cinq heures pour examiner un échantillon

Le protocole d’examen prend «plus ou moins cinq heures, cela pour 1 à 96 échantillons», détaille Trung Nguyen. Il s’agit de prélèvements nasaux.

La première phase se déroule dans un laboratoire de sécurité niveau 3. Seules les personnes autorisées peuvent y accéder, vêtues d’une protection complète (masque et vêtements). La chaleur y est forte pour que le virus, confiné, ne puisse plus se propager.

Les professionnels extraient ensuite le germe viral de son enveloppe pour l’amplifier. Et pouvoir détecter la présence ou non du Covid-19. Le laboratoire garde des échantillons de sang pour une analyse plus approfondie si le résultat s’avère positif. Une double vérification est aussi effectuée par une structure agréée par l’OMS à Rotterdam pour les 10 premiers tests négatifs et les cinq premiers positifs.

Pas (encore) d’épidémie

L’épidémie se propagera-t-elle au Luxembourg? «Il y a plusieurs scénarios possibles. Le premier, c’est que les choses restent telles qu’elles sont. On peut aussi avoir d’autres cas dans les prochaines semaines, comme cela s’est passé dans d’autres pays», répond le docteur Trung Nguyen.

Impossible donc pour le moment de dire si la maladie peut devenir chronique ou non.

Pour l’instant, le ministère de la Santé n’utilise pas le terme d’épidémie, sans préciser le seuil à partir duquel il deviendra adéquat. Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), il y a épidémie quand on «observe un accroissement anormal du nombre de cas d’une maladie infectieuse, qui existe à l’état endémique, dans une région donnée ou au sein d’une population».