Le Conseil national de la productivité souligne un paradoxe luxembourgeois de la productivité. (Photo: Shutterstock)

Le Conseil national de la productivité souligne un paradoxe luxembourgeois de la productivité. (Photo: Shutterstock)

S’il garde un bon niveau de productivité, le Luxembourg régresse, à l’inverse de ses voisins européens. Le Conseil national de la productivité propose plusieurs pistes pour l’améliorer, comme l’innovation et la digitalisation.

Le Conseil national de la productivité (CNP) l’appelle le «paradoxe luxembourgeois de la productivité»: un «niveau élevé, mais une progression atone». Il vient de publier son rapport annuel 2020-2021 sur la productivité au Grand-Duché, une obligation européenne. Résultat: «le pays connaît une stagnation de sa productivité depuis le début du millénaire. Plus en détail, il apparaît que c’est la productivité globale des facteurs qui détermine grandement l’évolution de la productivité du travail au Luxembourg, tandis que l’approfondissement en capital n’a qu’un impact limité, mais toutefois positif en général.»

Selon des données , reprises dans le rapport, l’indice de productivité du travail par personne employée sur base 100 en 2010 était de 93,1 au Luxembourg en 2020, année de crise sanitaire. Il était cependant déjà descendu à 96,5 en 2019 et à 96,7 en 2018. Alors que la moyenne de l’Union européenne a augmenté au fil des années pour passer à 106,2 en 2018, 107 en 2019 et redescendre à 102,1 en 2020 – un niveau toujours supérieur à 2010.

Le CNP ajoute que la contribution des gains de productivité à la croissance économique du pays est faible. L’évolution du PIB étant principalement portée par l’augmentation de l’emploi, et, dans une moindre mesure, par l’accroissement du facteur capital.

Finance et communication, les plus productifs

Les statistiques montrent des disparités par secteur. Les activités financières, d’assurance, d’information et de communication se distinguent par une productivité apparente du travail très élevée. La situation est jugée «moins satisfaisante» dans l’industrie manufacturière, les services non financiers et le commerce. Des disparités existent aussi à l’intérieur des branches d’activité, entre les entreprises. Leur hétérogénéité explique en partie la faible progression de la productivité, d’après le CNP. Il met en avant un écart grandissant entre les entreprises les plus et les moins productives dans les services non financiers et l’industrie manufacturière.

Pour le CNP, la crise agit comme révélateur, mais aussi comme régulateur des lacunes des entreprises, notamment parce qu’elle accélère leur digitalisation. Concernant l’impact du télétravail sur la productivité, le résultat diverge. Il se base sur une enquête de PwC à laquelle un quart des participants ont répondu que le télétravail était positif, un quart négatif, et le reste neutre. Cette partie estime que «le gain de productivité lié à la satisfaction des employés (gain de temps et de flexibilité) s’équilibre avec la perte de productivité due notamment aux difficultés et défis de la transformation technologique et la perte de contact avec les collègues». En plus de la digitalisation, le CNP liste la recherche et développement, l’innovation, le capital humain, la gouvernance et le cadre réglementaire comme champs d’action pour relancer la productivité nationale.

Meilleure progression sur la productivité des ressources

Le rapport calcule également la productivité des ressources et de l’énergie, moyen d’estimer l’impact environnemental de la production. Le Luxembourg se situe bien par rapport à ses voisins, avec une productivité des  de 4,471.9 «standards de pouvoir d’achat par kilogramme», contre 2,087.7 dans l’Union européenne. Celle de  s’élève à 11,45 au Grand-Duché, et 8,37 en moyenne dans les 27 pays analysés. Tous les deux sont en progression.