Apple Pay permet de payer, chez les commerçants équipés d’un terminal sans contact, avec son téléphone. (Photo: Wikimedia Commons) 

Apple Pay permet de payer, chez les commerçants équipés d’un terminal sans contact, avec son téléphone. (Photo: Wikimedia Commons) 

Quinze jours après son arrivée au Luxembourg, Apple Pay affole les compteurs de BGL BNP Paribas: plus de 1.000 transactions par jour, 100% de croissance par semaine, de nouveaux clients. La marque à la pomme vise 50% des 450 millions d’utilisateurs des solutions du trio Apple-Google-Samsung en 2020.

BGL BNP Paribas a réussi un joli coup de marketing: le 21 mai, la banque luxembourgeoise est la première à proposer Apple Pay à ses clients. «C’était important pour nous d’être les premiers», explique le directeur marketing et stratégie pour la banque de détail et des entreprises, Corentin Dubucq. «Cela s’inscrit dans notre logique d’innovation, au même titre que le lancement de , et d’autres services que nous allons lancer dans les mois qui viennent.»

La banque, qui aura 100 ans le 19 septembre, a enregistré 1.000 transactions par jour cette semaine, en augmentation de 100% d’une semaine sur l’autre, au rythme de la notoriété de cette arrivée. «Notre objectif», détaille M. Dubucq avec prudence, «est de convertir 20% de nos clients qui utilisent déjà notre application. Nous voyons aussi remonter des témoignages de nouveaux clients qui se présentent à nos agences afin de pouvoir ouvrir un compte pour utiliser ce service.»

Les discussions, entamées sérieusement avec le géant américain au début de l’année, n’auront mis que quelques mois à atteindre l’opérationnel. À la différence des fintech, Apple formalise par contrat le déploiement de sa solution et sa mise en service. Pas question de perdre du temps en interne.

Quatre banques en embuscade

D’autant moins que, si BGL BNP Paribas a pour l’instant l’exclusivité luxembourgeoise de ce produit, cela ne durera pas. La durée de l’exclusivité reste confidentielle, mais les autres banques de la Place n’hésitent pas à envoyer des signaux. Le 5 mars, par exemple, la Banque Raiffeisen publie le communiqué de Visalux et d’Europay, qui défendent les intérêts de Visa et Mastercard au Luxembourg.

Le texte annonce que quatre banques (Raiffeisen, BGL BNP Paribas, Spuerkeess et la Banque internationale à Luxembourg) permettent à leurs clients d’utiliser des montres portables Garmin ou Fitbit, et de les utiliser pour payer sans contact. «Poches légères et tranquillité assurées», .

ING n’est pas citée dans cette initiative qui se rapproche du paiement sans contact ni carte de crédit directement. Cela s’explique probablement par la position de la maison mère: ING n’a annoncé que le premier mai, . Difficile de le lancer au Luxembourg, avant le siège historique.

Un contexte favorable à Apple Pay

Apple Pay, une révolution en face à face? Si l’on regarde objectivement la situation d’un client, ce n’est pas si flagrant: d’un côté, il faut sortir sa carte de crédit, la passer sur le terminal sans contact et faire quatre chiffres et valider; de l’autre, il faut sortir son téléphone, le passer sur le terminal sans contact et valider son identité avec son empreinte digitale ou avec la reconnaissance faciale sur son smartphone.

Plus rapide? Plus facile? Plus sûr, probablement, puisque plus personne ne peut discrètement regarder le code que compose le client.

L’intérêt est tout autre quand il s’agit de payer une transaction dans une application ou sur un site internet, avec un simple doigt posé sur le détecteur d’empreinte.

Mais surtout, Apple bénéficie depuis toujours au Luxembourg de différents éléments. Avoir un iPhone, c’est être tendance. Avoir le dernier iPhone, c’est encore mieux. Selon des statistiques, le part de marché de la marque à la pomme au Luxembourg se situe entre 55 et 60%, un record en Europe à placer dans un contexte international de recul des ventes et de pertes de 30 points de parts de marché pour l’Américain, à 11,7% au deuxième trimestre 2019.

Logiquement, pouvoir payer avec son téléphone relève de la même «fashion attitude» parce qu’on a son téléphone en main, et pas sa carte de crédit.

Et Luxembourg est un hub du paiement électronique depuis longtemps, ce qui se matérialise par la présence des plus grands acteurs de la planète, PayPal depuis 2007, mais aussi Alipay, Rakuten, Amazon Pay, Payconiq, PingPong, Six Payments Services, ou encore MangoPay. Le corollaire de cette présence est une attitude ouverte au changement du côté des commerçants, qui sont 90% à être équipés de terminaux de paiement sans contact.

Un marché à 300 milliards de dollars en 2020

Le chiffre arrivera à 100% avant 2023, pronostique Mastercard, qui a déjà rendu, depuis avril, 100% de ses cartes compatibles avec la technologie sans contact. , le fournisseur de cartes de crédit sait que le temps de ces dernières est compté.

Les trois fournisseurs de smartphones qui ont leur solution – Apple et Apple Pay, Samsung et Samsung Pay, et Google et Google Pay – entendent gagner 450 millions de clients d’ici l’an prochain, lesquels devraient dépenser par leur intermédiaire 300 milliards de dollars. Et Apple veut avoir conquis un client sur deux!

«Certains commerçants sont surpris quand un client approche son smartphone de leur terminal... puis rassurés de voir le ticket sortir qui indique que la transaction a bien eu lieu», explique le directeur du marketing et de la stratégie de la banque.

Un pourcentage payé par la banque

Qui paie? «La banque, qui cède un pourcentage de sa commission», dit M. Dubucq du bout des dents. Combien, mystère. Au lancement d’Apple Pay en France, en juillet 2016,  pour une valeur moyenne de 50 euros, soit la moitié de sa commission, et la «part du lion» pour les petites opérations. Un journal slovaque annonçait, en mars, lors du lancement de la solution en Slovaquie, que les banques payaient 0,2% par transaction.

: sans commission, avec 3% de cash back chaque jour et en titanium. Le retour «à la réalité».

D’ici là, les autres banques auront trouvé un accord avec le géant américain.