Le directeur général de Post, Claude Strasser (à gauche), a profité de la venue du ministre de l’Économie, Franz Fayot (au centre), pour annoncer 50 millions d’euros supplémentaires d’investissement. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le directeur général de Post, Claude Strasser (à gauche), a profité de la venue du ministre de l’Économie, Franz Fayot (au centre), pour annoncer 50 millions d’euros supplémentaires d’investissement. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Mardi après-midi, Post a annoncé, à l’occasion d’une visite de chantier à Dudelange, à laquelle elle avait convié le ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), qu’elle allait investir 50 nouveaux millions d’euros dans son réseau de fibre optique. Une manière de participer à l’effort «post-Covid-19».

Internet, c’est comme une voiture: du moment que ça démarre au quart de tour, peu de gens se soucient de savoir ce qu’il y a sous le capot. Sauf le ministre de l’Économie. Entre gestion de la crise et préparation de la difficile rentrée qui attend le monde économique, (LSAP) poursuit ses déplacements auprès des petits et grands acteurs.

D’où l’invitation de Post à aller voir une tranchée, en plein cœur de Dudelange, où l’opérateur historique installe la fibre optique. 23 ans après avoir tiré ses premiers mètres, qui sont restés sans aucune utilité pendant 11 ans, Post continue de raccorder entreprises, appartements et maisons partout dans le pays. Comme à Dudelange, à 120 mètres par seconde. Les chantiers y ont commencé il y a cinq ans et 55% des 5.500 bâtiments sont raccordés.

Comme le rappelle le directeur général de l’entreprise, , «le Luxembourg est un des pays les plus avancés» en termes de fibre à la maison, avec des couvertures qui vont jusqu’à 75%, selon les zones géographiques. «Les besoins en communication ont explosé, mais on a eu peu de problèmes au Luxembourg», souligne-t-il en préambule, sous les deux petites tentes vertes dans lesquelles ses équipes ont installé du matériel pédagogique, à deux pas d’un des 100 points de contact de la fibre optique et d’un camion qui insuffle de l’air comprimé pour enfiler les centaines de mètres dans de gros câbles sous terre.

50 millions pour passer de 70 à 75% de couverture

«Afin d’accélérer le déploiement de l’ultra-haut débit, en général, et dans les régions rurales, en particulier», annonce M. Strasser, «Post a décidé d’augmenter de 50 millions d’euros le budget pluriannuel, prévu pour les investissements dans le réseau de télécommunications. Aujourd’hui, Post permet à près de 70% de la population de se raccorder à un accès internet offrant des vitesses jusqu’à 1Gbit par seconde. D’ici 2023, nous visons un taux de 75%.»

Alors qu’on attend la communication officielle de l’Institut luxembourgeois de régulation, le régulateur des télécoms, le directeur général de Post a le sourire: l’entreprise a obtenu les fréquences pour la 5G qu’elle souhaitait au prix qu’elle souhaitait, lors des enchères qui ont été très rapides. «Avec la 5G», explique-t-il devant le ministre et une partie de ses cadres, «nous aurons une convergence des réseaux». 

Autrement dit, personne ne se souciera d’où vient sa connexion à ultra-haut débit, du moment que ça marche. Si la stratégie nationale, en 2010, indiquait une couverture de 100% en 2020, l’opérateur s’est heurté à la réalité: pour ouvrir des kilomètres de tranchées au plus près des habitations, il faut respecter de longues procédures administratives et investir beaucoup de moyens et d’hommes. Au point que contrairement au début du déploiement, Post n’ouvre plus seule, mais avec Creos, par exemple, pour que tous les travaux de ce type soient faits en même temps.

Avec ces 50 millions d’euros, la facture se monte à 300 millions d’euros sur cinq ans.  Un cadre indique qu’on est plutôt à 80-120 millions d’euros par an depuis 10 ans… et que le réseau sera amorti sur 40 ans. Car si Post Technologies construit, Post Telecom vend l’infrastructure aux autres opérateurs qui veulent commercialiser la fibre optique dans leur offre internet.

Le ministre salue l’engagement de Post

Pour la direction de Post, il s’agit aussi de participer à l’«effort de guerre» de la relance économique après la crise du Covid-19. Le «fiber to the home» de Post aurait un impact de 2 à 3% sur le PIB du pays.

«Je me réjouis de la hausse du budget alloué au développement du réseau de télécommunications», commente le ministre, sous un soleil de plomb. «Le déploiement continu d’infrastructures et l’amélioration de la connectivité contribuent au développement de l’économie luxembourgeoise, en favorisant l’accélération de la digitalisation du pays, et au positionnement international du Luxembourg comme pôle d’excellence en matière d’ICT.»

La crise est un catalyseur de la digitalisation.

Cliff KonsbruckdirecteurPost Telecom

En politicien rompu à l’exercice, le ministre en profite aussi pour saluer l’engagement des 4.600 employés de Post pendant la crise du Covid-19: avec un trafic internet multiplié par trois, des attaques multipliées par 10, les impacts sur le fonctionnement des sociétés et sur les besoins des ménages, l’opérateur historique a dû travailler 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, glisse le directeur de Post Telecom, . «La crise est un catalyseur de la digitalisation», assure Cliff Konsbruck. «Les entreprises se rendent compte que leurs spécialistes de l’IT vont devoir s’intéresser davantage à l’approche métier et plus uniquement aux questions de serveurs ou de réseaux.»

Le ministre est allé voir les câbles ressortir au milieu de la tranchée, puis être préparés par de petites mains minutieuses, qui séparent ces «cheveux d’ange» pour s’assurer qu’ils sont correctement connectés et étiquetés. En cas de problème, la réponse de Post doit presque être aussi rapide que la connexion qu’elle promet.