Ania Bator (à gauche) a mené les chants, dimanche soir, alors que les Polonais protestaient contre ce qu’ils considèrent comme le projet de leur gouvernement de sortir le pays de l’Union européenne. (Photo: Maison Moderne)

Ania Bator (à gauche) a mené les chants, dimanche soir, alors que les Polonais protestaient contre ce qu’ils considèrent comme le projet de leur gouvernement de sortir le pays de l’Union européenne. (Photo: Maison Moderne)

La crise entre la Pologne et l’UE fait craindre un «Polexit». Dimanche 10 octobre, une centaine de résidents polonais du Grand-Duché ont exprimé leur soutien au maintien de l’adhésion du pays à l’Union européenne.

La communauté polonaise du Luxembourg s’est jointe, dimanche soir, aux manifestations organisées dans son pays d’origine et dans d’autres villes du monde, craignant que de jeudi selon laquelle le droit polonais peut primer sur le droit communautaire entraîne un «Polexit juridique» de l’UE.

Brandissant l’emblématique drapeau bleu et or étoilé de l’Union européenne et tenant des pancartes portant des slogans familiers des manifestations anti-Brexit, une centaine de Polonais se sont rendus à la manifestation devant l’ambassade de Pologne, au Limpertsberg.

«Nous voulons attirer l’attention sur le fait que notre gouvernement prend toutes les mesures pour nous sortir de l’Union européenne, notre famille depuis 19 ans maintenant», a déclaré l’une des organisatrices, Ania Bator, à Delano. «Nous sommes choqués que ce gouvernement populiste de droite veuille faire cela alors que la majorité des Polonais – près de 90% – souhaite rester dans l’Union européenne. Les gens ne se rendent toujours pas compte de ce qu’ils essaient de faire».

En effet, un sondage publié en septembre, réalisé par United Surveys pour le quotidien Dziennik Gazeta Prawna et le radiodiffuseur RMF FM, a montré que 88% des personnes interrogées souhaitaient rester dans l’UE, et seulement 7% voulaient en sortir. Par ailleurs, si 30% des personnes interrogées craignent que le Polexit ne se produise, 57% ont répondu qu’elles ne considéraient pas cette éventualité comme un scénario «réaliste». «L’arrêt de la Cour constitutionnelle est un grand pas vers le Polexit», déclare Janusz. «Beaucoup de gens ne voient pas le lien, et nous devons leur faire prendre conscience que ces petits pas conduiront l’Union européenne à mettre la Pologne à la porte.»

Agnieszka et Janusz lors de la manifestation de dimanche. Selon eux, de nombreux Polonais ne voient pas le lien entre la décision de justice et un éventuel Polexit. (Photo: Maison Moderne)

Agnieszka et Janusz lors de la manifestation de dimanche. Selon eux, de nombreux Polonais ne voient pas le lien entre la décision de justice et un éventuel Polexit. (Photo: Maison Moderne)

De nombreux observateurs considèrent que le Tribunal constitutionnel est sous l’influence du parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS). Sa présidente, Julia Przyłębska, est une proche collaboratrice du président du PiS, Jarosław Kaczyński. En mai dernier, la Cour européenne des droits de l’Homme a même jugé que le tribunal n’était pas un «tribunal établi par la loi», car Przyłębska avait été nommée illégalement. Elle avait même «été subordonnée» pour fournir à l’exécutif «un outil permettant de légaliser formellement les lois adoptées par le parlement en dépit de leurs apparentes failles constitutionnelles», a déclaré la CEDH.

À Varsovie, où près de 100.000 personnes ont participé à la manifestation de dimanche, l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, qui dirige aujourd’hui le parti d’opposition Plateforme civique (PO), a déclaré: «Le pseudotribunal – un groupe de personnes déguisées en juges – a décidé, sous les ordres du président du parti au pouvoir, de conduire notre patrie hors de l’UE».

Mais Madame Bator craint qu’en raison de l’influence médiatique du parti au pouvoir, les gens ne réalisent pas pleinement ce qui se passe. En effet, France24 rapporte que la chaîne publique TVP «a diffusé un message sur lequel on pouvait lire ‘manifestation contre la constitution polonaise’ pendant sa couverture des événements de dimanche».

Et il y a aussi un manque d’unité entre les partis politiques qui veulent que la Pologne reste dans l’UE, explique Madame Bator. «Les partis d’opposition en Pologne doivent mieux travailler ensemble. Les gens sont divisés entre la sélection de cinq ou six partis en ce moment et ils coopèrent vraiment très bien.»

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.