Les délégués du personnel des entreprises de gardiennage se sont réunis pour un piquet de protestation, vendredi 29 mai, devant le siège de la Fedil Security Services. (Photo: Paperjam)

Les délégués du personnel des entreprises de gardiennage se sont réunis pour un piquet de protestation, vendredi 29 mai, devant le siège de la Fedil Security Services. (Photo: Paperjam)

L’OGBL a organisé un piquet de protestation vendredi 29 mai. Elle dénonce le manque de considération pour les agents de sécurité. Ils se sont vu refuser la prime de remerciement qu’ils demandaient pour le travail fourni en première ligne pendant la crise du Covid-19.

Une vingtaine de personnes, drapeaux et pancartes à la main, vêtues de casquettes, masques et de gilets rouges OGBL, ont débarqué devant le siège de la Fedil, vendredi après-midi. Leur agacement détonnait dans le calme du Kirchberg.

Pour un DAP agent de sécurité

«Nous voulons manifester notre mécontentement et notre ras-le-bol», lance au micro Michelle Cloos, secrétaire centrale du secteur des services à l’OGBL. «Les gardiens ont été en première ligne depuis le début de cette crise. Ils sont partout, y compris sur des sites difficiles. Dans les gares, les magasins, les banques, les centres de réfugiés, les ministères. Ils assurent les transports de fond», liste-t-elle d’une voix pleine d’assurance. Le gardiennage a été considéré comme activité essentielle par le . «Ils ont dû calmer la peur des gens, désamorcer des conflits potentiels. Pourtant, ils sont invisibles. Depuis le début de la crise, personne ne leur dit merci.» Elle rapporte aussi la difficulté qu’ils ont eue à recevoir des équipements de protection. Selon la syndicaliste, les entreprises Dussmann et Brink’s ont obtenu une dérogation du gouvernement pour augmenter les heures de travail de 10 à 12 heures par jour pendant la période.

Pour toutes ces raisons, le syndicat a demandé à la Fedil Security Services une prime de remerciement, d’une valeur de 1.000 euros. «Ils nous ont envoyé une fin de non-recevoir. Même pas de contre-proposition», s’énerve Michelle Cloos.

Au-delà de la prime, l’OGBL réclame une revalorisation du métier. «Les agents travaillent debout, dehors, seuls, pendant des heures, jour et nuit à des horaires irréguliers qui rendent difficile l’organisation de leur vie privée. Pour des salaires qui vont de 2.000 euros en début de carrière à 2.700 à la fin. Au Luxembourg, il n’y a pas de définition claire du métier ni de diplômes, c’est pourquoi ils sont parfois payés en dessous du SMIC des travailleurs qualifiés. Beaucoup sont des frontaliers qui ont passé leur diplôme en France. Nous allons adresser une lettre au gouvernement pour la mise en place d’une formation, un DAP agent de sécurité.»

Besoin de reconnaissance

Le piquet de protestation s’est déroulé dans le calme, en nombre restreint, pour respecter les distances de sécurité. Seuls les délégués du personnel étaient présents. Parmi eux, Hanane Bouchkhachekh, opératrice poste central de sécurité chez G4S. «Nous sommes partis sur le front sans aucune protection, ni masques, ni gants», témoigne-t-elle. Ils n’auraient reçu du matériel qu’à partir de mi-avril. Son travail a été arrêté, mais elle a été sollicitée pour des remplacements sur des sites de réfugiés. «Nous sommes conscients que la crise n’est pas facile pour les entreprises. Mais un petit geste fait toujours plaisir, pour valoriser le travail du personnel et leur apporter de la reconnaissance.» Elle travaille depuis 16 ans dans la même entreprise et touche 2.600 euros par mois. Frontalière, elle avait passé un SSIAP3, formation des agents de sécurité incendie en France.

Jean-Jacques Fiegel travaille comme agent de sécurité sur le site de Cargolux pour l’entreprise Brink’s Security Luxembourg. Il a fait des journées de 12 heures pendant la crise. «Il y a plus de 20 ans, l’agent de sécurité apprenait sur le tas. Maintenant, il doit être polyglotte, faire de la réception, de la conciergerie, de l’intervention machine, de l’assistance aux personnes… Ce sont plusieurs métiers à la fois», dénonce-t-il. Il raconte son quotidien d’agent de sécurité pendant la crise en vidéo.

La Fedil appelle à la solidarité

La Fedil Security Services voit cette protestation d’un mauvais œil. «Les entreprises de sécurité ont été également touchées par la crise. Elles ont perdu beaucoup de marchés. Elles ont aussi connu un problème d’organisation très important à cause des différents congés pour raisons familiales, etc.», justifie Marc Kieffer, son secrétaire général. «Nous sommes étonnés par l’approche des syndicats. Dans une période telle que celle que nous vivons, il faut faire preuve de solidarité. Il ne faut pas profiter de la situation», poursuit-il, agacé. Concernant le manque d’équipements de protection, «au début, il y avait une pénurie, même les hôpitaux ont eu du mal à les obtenir». Le gardiennage représente près de 3.600 emplois au Grand-Duché, selon lui.

Les entreprises vont-elles réagir à l’appel de leurs salariés? Contactées, Dussmann, Brink’s Security, ou encore G4S n’ont pas répondu.