Perseverance parviendra-t-il à atterrir dans les conditions prévues? Puis à déployer son bras «armé»? Et à extraire des carottes du sol pour les réexpédier et les étudier sur Terre? Trois questions auxquelles des premiers éléments de réponse seront apportés ce soir, à partir de 20h. (Source: Nasa)

Perseverance parviendra-t-il à atterrir dans les conditions prévues? Puis à déployer son bras «armé»? Et à extraire des carottes du sol pour les réexpédier et les étudier sur Terre? Trois questions auxquelles des premiers éléments de réponse seront apportés ce soir, à partir de 20h. (Source: Nasa)

Le robot américain de la Nasa, Perseverance, devrait atterrir sur Mars, vers 20h, heure luxembourgeoise, pour recueillir des échantillons du sol. Une mission hautement incertaine, que les Chinois regarderont avec attention: Tianwen-1 devrait s’y essayer aussi en mai ou juin.

Tout a été prévu, mais rien n’indique que tout se passera comme prévu. La glorieuse incertitude de la conquête spatiale retiendra une nouvelle fois en haleine des millions de Terriens, ce jeudi soir, à partir de 20h, heure luxembourgeoise.

Perseverance, le robot envoyé par la Nasa sur Mars, devrait être expédié sur la planète rouge, atterrir sur un endroit désigné à l’avance, puis déployer son «antenne». Statistiquement, seule une mission sur deux est parvenue à atterrir sur Mars, et les 23 caméras de l’engin permettront de voir ce qui se passe.

Conduite par une intelligence artificielle qui doit en temps réel adapter les paramètres, la mission est hautement périlleuse. S’il va trop vite ou pas dans la bonne zone, l’engin pourrait être détruit instantanément avant d’avoir touché le sol martien.

Durant les 7 minutes nécessaires à l’atterrissage du rover sur Mars, aucune assistance humaine ne sera possible. (Source: CNES/CNRS 2021)

Durant les 7 minutes nécessaires à l’atterrissage du rover sur Mars, aucune assistance humaine ne sera possible. (Source: CNES/CNRS 2021)

L’engin doit se poser dans le cratère de Jezero, un bassin de 45 kilomètres de large situé dans l’hémisphère nord martien. Il y a environ 3,5 milliards d’années, une rivière s’est déversée dans une masse d’eau de la taille du lac Tahoe, déposant des sédiments en forme d’éventail, connus sous le nom de «Delta». L’équipe scientifique de Perseverance pense que cet ancien delta fluvial et les dépôts lacustres auraient pu collecter et préserver des molécules organiques et d’autres signes potentiels de vie microbienne.

La zone a déjà été observée à 322 kilomètres de distance, mais une nouvelle étape pourrait s’ouvrir. Le rover est bardé de technologies.

Le cratère où doit se poser le rover. (Source: Nasa)

Le cratère où doit se poser le rover. (Source: Nasa)

Des prélèvements de la taille d’une craie

Deux d’entre elles joueront un rôle particulièrement important dans la recherche de signes potentiels de la vie passée:

-  (abréviation de Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics & Chemicals), qui permet de détecter la matière organique et les minéraux grâce à un laser à ultraviolets né des découvertes de C.V. Raman en 1920. Résumées simplement, elles montrent que la lumière se diffuse différemment selon la composition des objets qu’elle rencontre.

-  (abréviation de Planetary Instrument for X-ray Lithochemistry), qui cartographie la composition chimique des roches et des sédiments. Les instruments permettront aux scientifiques d’analyser ces caractéristiques ensemble à un niveau de détail plus élevé que tout autre rover sur Mars, et du coup, de décider quels échantillons méritent de revenir sur Terre pour des études scientifiques plus poussées.

Perseverance pourra également utiliser certains instruments pour collecter des données scientifiques à distance:

- peuvent zoomer sur des textures de roches d’aussi loin qu’un terrain de football, jusqu’à pouvoir réaliser une vue en 3D pour aider les scientifiques.

- utilisera un laser pour zapper la roche et le régolite (roche cassée et la poussière) pour étudier leur composition dans la vapeur résultante. Ou comment trouver des traces de vie microbienne fossilisées.

- Rimfax (abréviation de Radar Imager for Mars’ Subsurface Experiment) utilisera des ondes radar pour sonder les caractéristiques géologiques souterraines.

Plutôt que de pulvériser la roche comme le fait la perceuse de Curiosity, la perceuse de Perseverance coupera des carottes de roche intactes de la taille d’un morceau de craie et les placera dans des tubes d’échantillons qu’elle stockera jusqu’à ce que le rover atteigne un lieu de dépôt approprié sur Mars. Le rover pourrait également livrer les échantillons à un atterrisseur qui fait partie de la campagne de retour d’échantillons prévue sur Mars par la Nasa et l’ESA (l’Agence spatiale européenne).

11 millions de noms

Le rover, qui s’appelle Perseverance parce que la proposition d’un étudiant américain a récolté le plus de voix, embarque aussi 10.932.295 noms sur trois puces en silicium de la taille de trois ongles.

L’an dernier, la Nasa avait organisé une campagne pour inviter ceux qui le souhaitaient à voir leur nom embarqué à bord de la mission. Les 11 millions de noms ont été gravés sur trois puces en silicium. (Source: Nasa)

L’an dernier, la Nasa avait organisé une campagne pour inviter ceux qui le souhaitaient à voir leur nom embarqué à bord de la mission. Les 11 millions de noms ont été gravés sur trois puces en silicium. (Source: Nasa)

La mission sera regardée avec une attention particulière par la Chine, qui espérait être la première, avec sa propre sonde Tianwen-1. Ce lundi, écrit l’agence de presse chinoise, elle «a effectué une manœuvre orbitale autour de Mars, après être devenue le premier vaisseau spatial chinois à explorer une planète extraterrestre». Un moteur de 3.000N a été allumé à 17h (heure de Beijing) pour s’assurer que la trajectoire de la sonde croise les pôles de Mars. Le périgée, le point de l’orbite le plus proche de Mars, a été ajusté à 265km, selon l’Administration nationale de l’espace de Chine (Anec). La sonde effectuera plusieurs autres ajustements orbitaux pour entrer dans une orbite d’attente, a déclaré l’Anec.

La sonde, comprenant un orbiteur, un atterrisseur et un rover, était entrée avec succès en orbite martienne le 10 février, après un voyage de près de sept mois depuis la Terre. Le rover devrait atterrir en mai ou en juin dans le sud d’Utopia Planitia, une grande plaine.