Lionel Balle est head of fixed income strategy chez Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

Lionel Balle est head of fixed income strategy chez Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

La dernière semaine de l’année s’annonce délicate pour les grandes banques centrales.

Plus une semaine ne s’écoule sans que l’inflation américaine ne fasse parler d’elle; en novembre, elle a atteint 6,8%, son plus haut taux depuis près de 40 ans. Ajoutez à cela la hausse des coûts de l’énergie, la forte augmentation des prix des véhicules neufs et d’occasion, ainsi que le nouveau variant Omicron, et vous obtiendrez un cocktail explosif pour la Réserve fédérale (Fed) et pour bon nombre de banques centrales, qui se sont réunies cette semaine pour leur dernière parade de l’année.

Le constat est sans appel, les banquiers centraux ne sont pas d’accord sur leur lettre au père Noël. D’un côté, la Fed et la Banque d’Angleterre (BOE) resserrent leur politique monétaire, et, de l’autre, la Banque centrale européenne (BCE) maintient son optique accommodante. Ces approches devraient entraîner des taux plus élevés outre-Atlantique et de l’autre côté de la Manche, stimulant ainsi le dollar et la livre sterling contre l’euro. 

Revirement en Amérique

Commençons par le revirement inattendu de la Réserve fédérale. Admettant que les pressions inflationnistes pourraient être moins temporaires que ce qui avait été anticipé, la Fed a annoncé une accélération du retrait de ses mesures de soutien, avec une réduction de ses achats mensuels d’obligations deux fois plus rapidement qu’elle ne l’avait annoncé précédemment, en y mettant un terme fin mars. Les prévisions de la Fed ont également fortement évolué: alors qu’elle ne prévoyait pas de hausses de taux pour 2022, les gouverneurs tablent désormais sur trois hausses de taux pour l’année prochaine, tout en gardant leur prévision de trois hausses supplémentaires en 2023.

La plus grosse surprise de la semaine nous vient du Royaume-Uni. Pour la deuxième fois consécutive, la Banque d’Angleterre prend tout le monde de court: si le mois passé, elle a décidé de ne pas augmenter son taux directeur alors qu’elle laissait présager le contraire, ce mois-ci, elle a finalement décidé de l’augmenter de 15 points de base, soit 0,25%, ce qui reste tout de même un niveau très faible malgré la détérioration de la situation liée au variant Omicron. La BOE devient ainsi la première grande banque centrale à relever ses taux.

Statu quo en Europe

Enfin, la Banque centrale européenne a pris un tout autre virage que ses homologues anglo-saxons, en pariant encore sur une poussée inflationniste passagère. Pour la BCE, une hausse de taux en 2022 est dès lors improbable. Si Mme Lagarde a annoncé la réduction des achats d’urgence contre la pandémie (PEPP) durant le premier trimestre, ainsi que son extinction fin mars, elle a également décidé de doubler le rythme mensuel de son programme d’achats d’actifs «ordinaires» (APP). Il passera à 40 milliards d’euros par mois au cours du deuxième trimestre de l’année prochaine — afin de compenser l’arrêt du PEPP — puis à 30 milliards d’euros au cours du troisième trimestre.

Suite à cette grande parade des banques centrales, et juste avant la saison des vacances, les marchés financiers auront les yeux rivés sur l’évolution de la pandémie. Dès lors, les investisseurs prêteront une attention particulière aux taux d’hospitalisation et d’infections, tout comme aux potentielles futures restrictions et à l’impact sur l’économie.