Norbert Becker est administrateur indépendant de nombreuses sociétés, dont Intesa Sanpaolo Holding International. (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne)

Norbert Becker est administrateur indépendant de nombreuses sociétés, dont Intesa Sanpaolo Holding International. (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne)

Il y a dix ans, 24 personnalités partageaient dans Paperjam leur vision de ce que serait le Luxembourg en 2020. En cette fin d’année, la rédaction en a sollicité huit pour voir avec elles quelles sont les avancées réalisées et celles qu’il reste à faire. Place aujourd’hui à Norbert Becker.

Véritable figure de proue de la place financière luxembourgeoise, l’administrateur indépendant avait schématisé en 2010 , basée sur trois fondations que sont la qualité de vie, l’activité économique et les services comme l’éducation et l’infrastructure. Dix ans plus tard, le fondateur du cabinet Atoz et administrateur de Silver Holdings – pour ne citer que ces deux mandats – revient sur ses perspectives.

En 2010, vous déclariez dans vos perspectives pour 2020 que «la marque de la maison Luxembourg ne sera plus jamais considérée comme un sous-standard». Qu’est-ce qui démontre cela aujourd’hui?

Norbert Becker. – «Nous maintenons notre triple AAA par toutes les agences de notation. Nous empruntons avec des taux négatifs. De grands groupes multinationaux continuent à venir s’installer à Luxembourg. Maintenant, cela ne tient qu’à notre propre écosystème de maintenir nos acquis et de les développer dans un monde en constante mutation. Prenons garde à ne pas démanteler les secteurs porteurs de notre économie pour des considérations ‘court-termistes’.

Vous alertiez voici 10 ans sur la hausse des prix de l’immobilier et écriviez que des mesures seraient prises pour accroître la disponibilité des habitations à prix abordable et de nouveaux clusters urbains déterminés dans le cadre d’une stratégie nationale. A-t-on suffisamment avancé sur ce sujet?

«Nous n’avons pas avancé suffisamment sur ce point. Il s’agit de revoir les plans d’aménagement des communes, d’autoriser à aller plus en hauteur, dans des proportions raisonnables, et d’agrandir les périmètres des communes-dortoirs. Je m’inscris dans une logique de croissance qui verra une croissance de l’emploi, et donc des besoins en logements, si nous voulons permettre aux salariés d’habiter dans le pays de leur lieu de travail.

Quelles évolutions principales imaginez-vous d’ici 2030 au Luxembourg?

«Nous vivons dans une période très compliquée. D’un point de vue géopolitique, d’un point de vue sanitaire et social, ainsi que toutes les influences directes et indirectes sur ces sujets ne passeront pas inaperçues. Les populations modifieront leur style de vie, leurs habitudes de consommation changeront, que ce soit au niveau de la nourriture, mais aussi du divertissement, de la façon de s’habiller, etc. La technologie continuera à évoluer à une vitesse grand V. Dans toutes ces mutations, le Luxembourg aura sa place à jouer dans les différentes chaînes de valeur, à commencer par la recherche, l’invention de services et de produits nouveaux, leur financement avec des techniques novatrices… Le Luxembourg n’a jamais été aussi bien placé pour saisir toutes ces opportunités. Gardons le cap dans un esprit constructif et innovant et évoluons ensemble dans un modèle sociétal responsable et innovant.»

Retrouvez l’interview de Norbert Becker dans le hors-série spécial 10 ans de Paperjam paru en 2010: