D’après Nicolas Mackel, le secteur financier ne peut pas devancer les entreprises de «l’économie réelle» en matière de changement climatique.  (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne)

D’après Nicolas Mackel, le secteur financier ne peut pas devancer les entreprises de «l’économie réelle» en matière de changement climatique.  (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne)

Nicolas Mackel, le CEO de Luxembourg for Finance (LFF), a abordé le Brexit, la Chine et le changement climatique lors du webinaire «Future of Europe: Strengthening Europe’s financial sector» du Financial Times, le 21 septembre 2021.

«Tout le monde aimerait que le secteur financier soit beaucoup plus en avance» dans la lutte contre la crise climatique et la transition carbone, selon , CEO de Luxembourg for Finance, organisme de promotion de la place financière. Cependant, «le secteur financier est là pour aider l’économie réelle et l’économie réelle elle-même est en transition vers une économie à faible émission de carbone». Pendant la période de transition, le «secteur financier ne peut pas fermer les liquidités aux entreprises qui ne sont pas encore neutres en carbone».

«Bien sûr, le secteur financier peut contribuer à accélérer le processus» de transition vers la neutralité carbone, en «s’engageant davantage à verdir ses portefeuilles, à verdir ses portefeuilles de prêts... et dans la manière dont il s’engage avec les entreprises qu’il aide à financer», a poursuivi Nicolas Mackel. Au fur et à mesure de la transition des entreprises, «l’industrie financière a un rôle très, très important à jouer».

Ces observations ont été faites lors du webinaire du Financial Times «Future of Europe: Strengthening Europe’s financial sector».

L’Europe en avance

Stéphane Boujnah, PDG et président du directoire d’Euronext, qui gère les bourses à Amsterdam, Londres, Paris et ailleurs, a qualifié la finance climatique – et plus largement le passage aux critères ESG – de «probablement la plus grande transformation du capitalisme de notre vivant». Il a fait valoir que «l’Europe est en avance sur la courbe» en termes de normes de production, de comportement des investisseurs et de transition vers les énergies renouvelables. «L’UE est en avance sur les États-Unis», a estimé M. Boujnah.

«Nous avons des attentes très fortes» en ce qui concerne le changement climatique, a déclaré Sharon Donnery, sous-gouverneur de la Banque centrale d’Irlande. Cela inclut les «conseils ayant un plan approprié» et les sociétés financières «évaluant correctement le risque». Alors que «nous voyons de nombreuses entreprises obtenir des données plus nombreuses et de meilleure qualité», elles doivent s’assurer qu’elles évaluent correctement les risques, a-t-elle expliqué.

Importance de la Chine

«Les relations avec la Chine deviennent plus complexes parce que l’UE se trouve dans un triangle géopolitique avec les États-Unis et la Chine», a déclaré Nicolas Mackel en réponse à une question du public. L’UE a «toujours été très ouverte» et plusieurs banques et gestionnaires d’actifs chinois y ont mis en place des opérations. Cependant, «plus important encore, ce sont les investisseurs de l’UE et les investisseurs mondiaux qui investissent via l’UE» qui accèdent aux «marchés des capitaux chinois pour se greffer sur le taux de croissance de la Chine», a-t-il poursuivi. «La Chine est le moteur dans une large mesure de l’économie mondiale et nous avons également besoin de ce vent dans nos voiles.»

Nicolas Mackel a fait valoir que l’UE doit rester «aussi ouverte et transparente que possible» avec la Chine et les États-Unis. «Nous devrons maintenir un dialogue ouvert… et j’espère que l’Europe pourra jouer un rôle entre la Chine et les États-Unis, qui contribuera à calmer les remous.»

Évaluation du Brexit

Les panélistes ont été interrogés sur l’impact du Brexit sur les marchés financiers européens et sur la place financière qui en a le plus profité. Tous trois ont déclaré que le Brexit ne faisait que renforcer les atouts précédents.

«Je ne pense pas qu’il y ait eu un seul vainqueur clair», a commenté Nicolas Mackel, même si «Dublin a fait une très bonne course». Il a déclaré que cinq marchés avaient émergé comme «gagnants»: Dublin et Luxembourg, notamment dans la gestion d’actifs, Paris et Francfort dans la banque et le commerce, et Amsterdam dans les infrastructures de marché.

Nicolas Mackel a aussi évoqué un point, qu’il a souvent répété, qui est que le Brexit n’est pas un moment unique dans le temps. «C’est quelque chose qui continuera au cours des cinq, dix, vingt prochaines années», a-t-il expliqué au public de FT Live. «Beaucoup de gens verront un réel changement d’activité et une accumulation d’activités au sein de l’UE» au fil du temps.

«En réalité, très peu de personnes ont quitté Londres pour le continent», a encore observé Stéphane Boujnah. De nouveaux emplois ont été créés localement ou occupés par des expatriés européens revenant de Londres vers l’UE. «Les gens sous-estiment l’impact et la complexité d’un déménagement pour les gens.»

Sharon Donnery a souligné que non seulement les sociétés financières, mais aussi les régulateurs, ont dû modifier leurs plans de dotation. «Nous avons également dû nous concentrer sur [la recherche des bonnes] personnes possédant les compétences nécessaires pour superviser» les institutions financières au fur et à mesure de leur croissance et de leur évolution, a-t-elle noté.

Harriet Agnew, rédactrice en chef de la gestion d’actifs au Financial Times, qui a animé la table ronde «Capitaliser les opportunités sur les marchés financiers européens», a terminé en rappelant que sera disponible pendant 90 jours.

Cet article a été écrit pour Delano, traduit et édité pour Paperjam.