L’ancien diplomate Nicolas Mackel dirige Luxembourg for Finance, l’agence de promotion de la Place. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

L’ancien diplomate Nicolas Mackel dirige Luxembourg for Finance, l’agence de promotion de la Place. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Nicolas Mackel sera l’un des orateurs du «10x6 Finance: Luxembourg post-Brexit» organisé par le Paperjam + Delano Club ce jeudi 25 mars. Principal ambassadeur de la place financière luxembourgeoise à l’étranger, le CEO de Luxembourg for Finance partage sa vision du Luxembourg post-Brexit.

Pouvez-vous donner un exemple de changement (pour vous ou votre organisation) entraîné par le Brexit?

– «La décision du peuple britannique de quitter l’Union européenne a obligé les acteurs financiers opérant au sein de l’UE à partir de Londres à trouver des alternatives à la capitale anglaise. Le Luxembourg n’a peut-être pas déroulé de campagne d’envergure ni de tapis rouge, mais nous avions tout de même démarché systématiquement les institutions pour lesquelles le Luxembourg devait présenter un intérêt. Nous avons fait cela évidemment à Londres, mais aussi à New York, Chicago, Toronto, Tokyo, Séoul et bien d’autres villes autour du monde. Le Brexit est devenu, pendant plusieurs années, l’angle à travers lequel nous avons pu œuvrer pour attirer de nouveaux acteurs au Luxembourg. Par ailleurs, le Brexit nous a aussi grandement aidés à provoquer un intérêt de la presse internationale envers la Place luxembourgeoise et pour lui expliquer les raisons de notre attractivité.

Le Brexit a-t-il changé votre vision de l’UE? Si oui, de quelle manière?

«Le Brexit et toutes les relocalisations d’entreprises ont démontré la force d’attraction du marché intérieur européen, tous secteurs économiques confondus. Si les Britanniques ont décidé de quitter l’UE parce qu’il y avait à leur goût une intégration trop poussée, il faut souligner que, depuis, les Européens demandent davantage d’intégration encore. En effet, dans le domaine financier, on souhaite l’approfondissement du marché intérieur par l’achèvement de l’Union bancaire, la création de l’Union des marchés de capitaux, le Green Deal et la réalisation du marché intérieur digital. Il faudra aussi contrer les tendances vers les nationalismes économiques au sein de l’UE de la part de ceux qui célèbrent leurs propres succès d’exportations mais n’acceptent pas que leurs citoyens puissent recourir à des services là où ils trouvent une expertise plus adaptée.

Si vous pouviez conseiller le gouvernement luxembourgeois sur les moyens de tirer parti du Brexit, que suggèreriez-vous?

«La course aux relocalisations a été un test grandeur nature de l’attractivité des différentes places financières au sein de l’UE. Le Luxembourg peut certes être fier de son résultat. Mais nous devons absolument éviter de commettre la faute de nous reposer sur ces lauriers car le Brexit a aussi montré que nos concurrents ne dorment pas. Certains font preuve de créativité quand il s’agit d’améliorer leur attractivité. Dans ce sens, le Brexit a ravivé la concurrence entre les places financières, et nous allons devoir régulièrement nous regarder dans le miroir et travailler de manière continue et sans complaisance à notre offre. En particulier, cela nous obligera à nous pencher sur le sujet des talents dont les institutions financières ont besoin.»