Quelles sont vos premières impressions à chaud face à ces nouvelles révélations concernant le Luxembourg?
– «Ma première impression est que, sous couvert de vouloir montrer qu’ils ont fait un travail de fond énorme, ces médias livrent des impressions et surtout des préjugés réchauffés sur le Luxembourg. Le quotidien belge Le Soir a quand même l’honnêteté de rappeler que le Luxembourg a été un des premiers pays à avoir mis vigoureusement en œuvre la réglementation européenne pour créer un registre des bénéficiaires effectifs, d’une manière plus transparente et plus accessible que d’autres. En fin de compte, ces révélations ont été rendues possibles par la transparence que le Luxembourg a mise en œuvre.
Le Luxembourg aurait été trop transparent?
«Ils expliquent eux-mêmes avoir pu accéder à une série de documents. C’est donc qu’ils étaient accessibles. On nous reproche de prêcher la transparence, mais de ne pas la pratiquer. Or, si on ne la pratiquait pas, ils n’auraient pas eu accès à ces informations. Des Français ou des Allemands sont cités qui admettent avoir une société au Luxembourg. Mais ils reconnaissent aussi qu’ils n’ont pas obtenu d’avantage fiscal par l’existence de cette société luxembourgeoise. Où est donc le problème? Le Luxembourg est une plateforme internationale qui a du succès pour une série de raisons, mais comme les articles le disent eux-mêmes, pas pour des raisons fiscales. L’information concernant ces sociétés est partagée avec les autorités des autres pays.
Les règles du jeu ont beaucoup changé ces dernières années...
«Effectivement. Les reproches faits envers le Luxembourg devraient être adressés au cadre général européen ou international. Mais nous, de notre côté, nous avons fait ce que nous devions faire. Aujourd’hui, ni l’OCDE ni la Commission européenne ne trouvent à redire sur le cadre ou la pratique de notre pays. Si une chose doit être critiquée, c’est peut-être un cadre international insuffisant, mais pas la pratique d’un pays qui respecte ce cadre. C’est un autre débat.
Ces enquêtes pointent le nombre de sociétés étrangères présentes au Luxembourg...
«À travers les dernières décennies, le Luxembourg s’est donné un rôle de première place financière au sein de l’Union européenne et de hub pour les investissements internationaux. Or, la structuration d’investissements internationaux passe par la constitution de sociétés. N’importe quel investissement dans un projet international passe par une structure sociétale pour toute une série de raisons. Mais lorsqu’on comprend le fonctionnement de cette logique économique, on ne peut pas nous reprocher cela. Nous sommes à la pointe du service financier, mais le cadre réglementaire en matière de fiscalité et de transparence est clairement appliqué.
Ce qui me déplait, c’est qu’il s’agit d’un mélange de populisme, d’ignorance et de malveillance.
Est-ce que ces accusations sont un choc difficile à encaisser?
«Il faudra en voir l’envergure exacte. Mais ce qui me déplait, c’est qu’il s’agit d’un mélange de populisme, d’ignorance et de malveillance. Beaucoup des arguments et explications donnés par les autorités luxembourgeoises ont été soit ignorés, soit caricaturés. Donc, non, ce n’est pas un choc. On connaît la fixation de certains médias envers le Grand-Duché.
C’est la troisième attaque en six ans. Est-ce que cela provoque des dégâts en termes de réputation?
«Oui, certainement. Mais c’est l’intention des auteurs. Il va à nouveau falloir reprendre son bâton de pèlerin pour convaincre du bienfondé de nos activités et redoubler d’efforts pour expliquer et convaincre. Mais aussi longtemps que le Luxembourg aura du succès, comme nous en avons eu avec le Brexit, on dérangera.
Est-ce que certaines réformes auraient quand même dû être réalisées plus rapidement?
«Selon moi, le Luxembourg est dans les clous. Il est possible de répondre à chaque critique avancée dans ces articles. Les autorités l’ont fait, mais comme je l’ai dit, cela a été soit ignoré, soit caricaturé.
Le terme de «paradis fiscal» est à nouveau utilisé...
«Mais en quoi nous accuse-t-on d’être un paradis fiscal? Toutes les informations en matière fiscale sont partagées avec les autres pays. Si quelqu’un a pu obtenir un taux particulièrement bas, ce n’est pas le droit luxembourgeois qui doit être mis en cause, c’est lié à l’interaction des réglementations internationales. Pour qu’il y ait paradis fiscal, il faut une opacité, une absence d’imposition et de coopération internationale. Aucun de ces critères ne peut s’appliquer au Luxembourg. Mais dans la tête des gens, comment expliquer le succès de ce petit pays s’il ne s’agit pas d’un paradis fiscal...»