Un projet de pôle de mobilité arlonais tourné vers le Luxembourg végète dans les cartons depuis plusieurs années. Voilà qu’il reprend vie, ce jeudi, avec la visite sur site de François Bausch (ministre du Développement durable et des Infrastructures) et de Camille Gira (secrétaire d’État). Ils ont ainsi été accueillis par Vincent Magnus, bourgmestre d’Arlon, aux ateliers de la SNCB à Stockem, en proche périphérie arlonaise, où devrait se tenir un P+R associé à un arrêt supplémentaire sur la ligne Bruxelles-Luxembourg.

Un tel projet a en fait été réactivé dans le cadre du Smot (Schéma stratégique de mobilité transfrontalière) signé à Arlon en janvier. C’est dans cette ville à la frontière belge que devrait naître le premier P+R extérieur voué à alléger les routes et trottoirs luxembourgeois des voitures de frontaliers qui se rendent au travail dans la capitale. Désireuse de s’épargner les embouteillages d’entrée dans la ville, une bonne partie des 160.000 salariés ne résidant pas au Grand-Duché laisse souvent le véhicule aux abords d’une gare luxembourgeoise… et non dans leur pays de résidence: en montant dans le train sur le réseau CFL, ils évitent la facturation du passage de la frontière.

Un billet quatre fois plus cher depuis Arlon

Pour se donner un ordre d’idée, un billet Arlon-Luxembourg coûte 11,20 euros au tarif SNCB alors que le trajet commencé à Kleinbettingen, à quelques kilomètres côté luxembourgeois, n’est facturé que 3 euros! Si les abonnements mensuels révèlent une différence de prix moindre, 91,50 euros contre 50, l’économie réalisée justifie le stationnement – souvent sauvage – côté luxembourgeois.

Dans sa négociation avec les innombrables parties prenantes belges (Ville d’Arlon, Intercommunale de développement économique Idélux, autorités fédérales et régionales, et évidemment SNCB), le gouvernement luxembourgeois entend bien faire baisser le prix du billet pris côté belge. Et la société d’exploitation des chemins de fer belges, longtemps fermée à toute discussion, serait aujourd’hui possiblement disposée à partager le coût d’un rapprochement vers les prix luxembourgeois sur un projet pilote. Qui pourrait bien être, justement, le trajet Stockem-Luxembourg.

Tour et Taxis arlonais

Présents en Belgique ce jeudi pour faire un état des lieux, les représentants du ministère du Développement durable et des Infrastructures ont surtout vu le potentiel. Les ateliers de la SNCB sont encore installés sur ce terrain de 3,5ha et ils ne devraient en déménager qu’au début 2016… entre l’hôpital et la gare d’Arlon.

Alors cet espace pourra être reconverti en un complexe multimodal et multifonction, un peu comme l’est le site de Tour et Taxis à Bruxelles où se tiennent exposition et festivals. 10.000 places de parkings pourraient y être aménagées.

Mais les parties en discussion n’en sont pas là. Elles aimeraient déjà faire émerger, dans les prochains mois et donc avant le transfert des activités de la SNCB, un parking de quelques centaines de places, associé à un nouvel arrêt sur la ligne Bruxelles-Luxembourg.

La Ville d’Arlon et son bourgmestre, Vincent Magnus, adoptent un objectif plutôt modeste en visant les quelque 5.000 Arlonais travaillant à Luxembourg, mais ce type d’installation devrait pouvoir concerner les quelque 41.000 résidents belges salariés au Grand-Duché (chiffres du Statec pour le 1er trimestre 2014). Ce type d’infrastructures, s’il était bien desservi par les transports locaux, serait d’ailleurs tout autant utile pour les collégiens et lycéens qui font la navette quotidiennement dans des logiques de flux différentes.

Interrogées sur les questions de financement, les parties indiquent toutes qu’il est trop tôt pour chiffrer. La clé de répartition elle-même ne saurait être définie à l’heure actuelle. Pour autant, la motivation est bien visible, tant du côté du gouvernement luxembourgeois (pour qui la question de la mobilité est primordiale) que de celui du bourgmestre d’Arlon où un tel projet (P+R+ offre culturelle) offrirait une réelle visibilité régionale.