Plus d’une semaine après la collision qui a coûté la vie à un cheminot des CFL, les interrogations restent de mise. Alors que les quelque 10.000 voyageurs quotidiens de la ligne 90 connaissent encore des perturbations dans leurs trajets, l’énigme devrait être résolue par l’expert indépendant suisse, nommé par le juge d’instruction en charge de l’enquête pour analyser les données de la seconde boîte noire du TER no88807.

Selon le calendrier dévoilé par le Parquet, le spécialiste helvète devrait rencontrer le magistrat luxembourgeois lundi, avant de lui remettre ses conclusions officielles. Mais selon Le Quotidien, cet expert indépendant n’est pas le premier à se pencher sur la collision de Dudelange. Un premier avait fait le déplacement le jour même de l’accident «depuis Berne (…) en vue de donner une assistance à l’enquêteur luxembourgeois» issu de l’Administration des enquêtes techniques du ministère du Développement durable et des Infrastructures.

Second expert présent en ce moment

Reparti «le 16 février», cet expert du Service suisse d’enquête de sécurité (Sese) s’est concentré «uniquement sur les aspects relatifs à la sécurité (…) et non sur les responsabilités», indique Christoph Kupper, responsable de la section Rail et navigation du Sese, cité par Le Quotidien. Et ce pour la bonne et simple raison que ces experts «ne peuvent avoir de double casquette», conformément aux normes édictées par une directive européenne.

D’où la nomination d’un second expert «indépendant des autorités d’enquête technique nationale» par la justice luxembourgeoise, selon le responsable du Sese. Ce dernier se trouverait a priori au Grand-Duché entre vendredi et le début de la semaine prochaine afin d’échanger avec le juge d’instruction. Même si les conclusions officielles ne sont pas attendues avant plusieurs jours, certaines pistes seraient privilégiées.

Comme dans l’aviation, dans environ 90% des soucis, c’est le pilote qui est en cause.

Yves Putallaz, vice-président de la commission suisse d’arbitrage dans le domaine des chemins de fer

Selon Yves Putallaz, vice-président de la commission suisse d’arbitrage dans le domaine des chemins de fer (CACF), interrogé par le journal eschois, la cause de la collision «est probablement imputable à une défaillance humaine». Bien que non sollicité par le Parquet et en ne s’étant pas rendu sur place, l’expert estime «sur base des éléments qui sont en [s]a possession» que l’erreur technique est peu probable.

«Si l’on écarte la piste des signaux de sécurité vétustes ou défaillants et que l’on considère que le système de sécurité Memor II+ a fonctionné à trois reprises en 2016, après que le conducteur eut à chaque fois dépassé le signal d’arrêt (…) la chose est entendue.» Assurant que «sans intervention humaine fautive (...), la probabilité que le système n’ait pas fonctionné est très faible», le vice-président du CACF estime que «comme dans l’aviation, dans environ 90% des soucis, c’est le pilote qui est en cause, voire la communication entre ce dernier et la tour de contrôle».

Les rares données rendues publiques par les CFL indiquent que le TER no88807 a franchi un signal d’arrêt situé à hauteur de la gare de triage de Bettembourg. Le train de voyageurs se trouvait, lors de l’impact, à 350 mètres du lieu où il aurait dû se trouver.