Knauf avait mis le site luxembourgeois en balance avec Yutz. La décision des communes est un premier signal à l’entreprise. (Photo: Knauf)

Knauf avait mis le site luxembourgeois en balance avec Yutz. La décision des communes est un premier signal à l’entreprise. (Photo: Knauf)

Bourgmestres et échevins des deux communes de Sanem et Differdange se sont opposés en front commun à la réalisation de deux nouveaux projets d’entreprise sur leur territoire.

Réunis ce mercredi face à la presse, ils ont indiqué leur opposition à l’arrivée de Knauf. Le fabricant de laine de roche veut installer à Sanem une usine de production pour un investissement de 100 millions d’euros et 120 emplois. Pour les responsables communaux, cette activité serait trop polluante.

Veto également contre le projet de nouvelle décharge au crassier de Differdange, à l’initiative de la société Cloos.

LSAP vs LSAP

Recommandant la prudence à l’égard de la santé de la population ou la reconversion du site du crassier pour accueillir des PME en mal de terrain, les élus locaux envoient de la sorte un message au gouvernement.

En se montrant opposé à l’arrivée de Knauf sur son territoire, Georges Engel (LSAP), le bourgmestre de Sanem, prend ses responsabilités mais s’oppose aussi à son collègue de parti: Étienne Schneider. Ce dernier avait soutenu l’annonce du choix de Knauf, entre le Luxembourg et la France.

Interrogé sur ce dossier dans l’édition de février de Paperjam, le ministre de l’Économie se demandait s’il n’y a pas un paradoxe en promouvant d’une part les maisons passives et en refusant d’autre part l’arrivée d’une usine de production de matériau isolant. Cette usine qui s’implanterait sinon à Yutz, de l’autre côté de la frontière mosellane. 

Environnement et technologie

Les éléments estimés polluants rejetés par Knauf ne s’arrêteraient pas à la frontière selon Étienne Schneider, qui met en avant les possibilités technologiques pour maîtriser l’incidence sur l’environnement et rassurer ses partenaires Déi Gréng au gouvernement.

«Je comprends qu’ils disent que nous devons respecter des quotas de SOx (oxydes de soufre, ndlr)», déclarait Étienne Schneider. «Avec le trafic actuel, nous avons déjà un niveau élevé, et avec une production comme celle de Knauf, nous atteindrions presque le plafond. C’est vrai, c’est un souci. En revanche, on peut aussi se demander à quoi sert un plafond, si nous n’utilisons pas la marge que le plafond permet. Surtout pour un produit écologique. Pour finir, nous avons imposé la condition que Knauf installe les filtres les plus performants qui existent et qu’il les change dès qu’il en existe des plus performants. Il a accepté. Que voulons-nous de plus?»

Cette décision des communes intervient en plein débat sur la croissance sélective qui serait le modèle à suivre au Luxembourg. La suite des procédures dans ces deux dossiers qui vont désormais revenir aux ministères concernés (Environnement et Économie) révélera un certain rapport de force au sein même de la coalition.

Il y a un an, Étienne Schneider indiquait d’ailleurs déjà que la promotion du pays allait être estampillée durable pour attirer des entreprises «propres».