Plusieurs dossiers importants attendaient Lex Delles sur son nouveau bureau de ministre. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Plusieurs dossiers importants attendaient Lex Delles sur son nouveau bureau de ministre. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

C’est lui-même qui l’affirme: quelques-uns se demandaient comment, devenu ministre des Classes moyennes et du Tourisme, il allait occuper ses journées. Il n’a cure des mauvaises langues. Il n’a en effet fallu guère de temps à Lex Delles pour s’apercevoir que les chantiers ne manqueront pas dans ses deux ressorts.

Il les a longuement évoqués lors d’une visite à la rédaction de Paperjam ce mardi.

Au sommet de la pile face à celui qui est le benjamin du nouveau gouvernement? La réforme des heures d’ouverture des commerces.

Il n’est pas normal de devoir encore disposer de la signature d’un ministre pour ouvrir son commerce le dimanche.

Lex Delles, ministre des Classes moyennes

«On fonctionne toujours via un système de dérogations, et cela ne va plus. L’autonomie doit être plus grande. Il n’est pas normal de devoir encore disposer de la signature d’un ministre pour ouvrir son magasin le dimanche», fait valoir Lex Delles.

Qui est, à titre personnel, favorable à une libéralisation, qui sera évidemment à nuancer des accords trouvés avec les représentants du secteur et des organisations syndicales. 


Un petit-déjeuner avec la rédaction de Paperjam. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Le ministre sait que le débat sera sans doute difficile, les arbitrages périlleux. Mais d’une part, les modes de consommation ont évolué; d’autre part, «c’est une question, en premier, de compétitivité, et en second, de service, car le touriste qui vient à Luxembourg le dimanche et qui voit que tout est fermé, il va s’en aller».

Consulter en 2019, aboutir en 2020

Mais Lex Delles recentre très vite son propos: «La question n’est pas de savoir si les commerces vont ouvrir ou pas, mais s’ils ont le droit d’ouvrir ou pas. C’est encore le commerçant qui décidera.»  S’il est certain que la réforme permettra à certains de majorer leur salaire de primes et autres gratifications, le ministre sait aussi qu’il devra prendre garde aux freins sociologiques qui existent, par exemple à l’égard du travail le dimanche.

«Il faudra en tout cas veiller à ne pas hiérarchiser les jours d’ouverture. Pourquoi cela serait-il possible à Pâques, et pas à Noël?» Quant au dimanche en tant que tel, «beaucoup de gens travaillent déjà le dimanche. Et quand on signe un contrat de travail dans certains secteurs, on accepte cette possibilité.» Au niveau de l’agenda, la réflexion sera approfondie cette année, les consultations et débats auront lieu en 2019, pour concrétiser la réforme en 2020.

Des hôtels publics

Ceux qui le connaissent bien savent que Lex Delles aime aller vite. Et justement, dans le domaine du tourisme, certains dossiers pourraient arriver à bon port rapidement. «Je veux remettre le Luxembourg sur la carte du tourisme actif. On doit améliorer pour cela la coordination générale entre les ministères», affirme-t-il.

Et alors que 1.000 chambres d’hôtel sont en planification, principalement à Luxembourg et dans sa périphérie, le ministre voit plus loin. Et plus grand. «Il y a un certain nombre d’hôtels qui ont un certain âge ou qui pourraient même fermer. Qui va pouvoir financer de lourds travaux après un investissement de plusieurs millions pour l’achat? Cela va poser problème. C’est pourquoi l’accord de coalition ménage la possibilité pour l’État de reprendre des structures dans des zones sensibles – j’en ai identifié deux – pour essayer d’en faire un moteur du tourisme local.»

Une hôtellerie publique? «Le Domaine thermal de Mondorf est un établissement public et a une capacité hôtelière de 150 ou 160 chambres, et cela fonctionne.» Pour le ministre, un préfinancement public serait aussi l’opportunité de favoriser l’économie circulaire et de mettre en avant des bonnes pratiques dans le secteur de l’hôtellerie, destinées à inspirer d’autres acteurs. 


Le ministre a été reçu par une partie de la direction de Maison Moderne. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Au-delà, Lex Delles, qui a été bourgmestre de Mondorf, veut aussi réactiver les collaborations avec les pays voisins qu’il connait bien. Peut-être via des packages touristiques articulés autour du thème «Quatre pays en quatre jours». «Cette proximité doit redevenir un atout», plaide-t-il.

Alors que la législature débute, il estime que celle-ci sera grandement marquée par le thème de l’équité. «Il faut en tout cas éviter que naisse un ressentiment entre certaines catégories de personnes. Pour cela, on doit prendre des décisions par rapport à certaines problématiques», dit-il.

La classe moyenne se définit plus en termes de bien-être que de revenus. Est-on plus heureux parce que l’on consomme plus?

Lex Delles, ministre des Classes moyennes

Un vaste travail sera aussi à mener en matière de conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée, ou encore de la mobilité. «On ne trouve déjà plus de personnes qualifiées dans certains secteurs pour le moment. Et beaucoup ne veulent plus passer trois heures dans le trafic pour 300, 400, ou même 500 euros en plus par mois. Ce n’était pas le cas il y a 20 ans», analyse le ministre, qui estime que, dans la société luxembourgeoise actuelle, la classe moyenne se définit plus en termes de bien-être que de revenus. «Est-on plus heureux parce que l’on consomme plus?», se demande-t-il.

L’octroi d’un 26e jour de congé payé et d’un férié le 9 mai va en ce sens, mais démontre aussi une volonté de «plus de cohésion sociale».

Pour Lex Delles, le salut des politiques passera par une plus grande écoute des gens, «aussi lors de la fête du village, avec un pain-saucisse en main». Ce qu’il aime faire. Et qui, de son propre aveu, explique aussi en partie son succès sur la scène politique. C’est un peu la méthode «Bettel», à qui il fait penser par sa précocité, son sens du contact et sa volonté de réformer? «C’est surtout une manière sérieuse de faire de la politique, et pas de la politique ‘politicienne’.»