L'explosion des dépenses en 2017 tient en partie à un accroissement rapide des effectifs de l'Administration centrale, selon McKinsey. (Photo: Maison moderne / archives)

L'explosion des dépenses en 2017 tient en partie à un accroissement rapide des effectifs de l'Administration centrale, selon McKinsey. (Photo: Maison moderne / archives)

Les informations publiées mardi par la radio 100,7 et jeudi dernier par d’Lëtzebuerger Land dévoilent une Université sous tutelle et en pleine remise en question financière, avec un rectorat – et avant tout un recteur, Rainer Klump – qui a perdu la confiance du conseil de gouvernance, celui-ci ayant appelé McKinsey à la rescousse afin d’analyser le projet de budget 2017 soumis à son vote. Celui-ci marque en effet un bond de 6% par rapport à 2016 et affichait initialement un déficit de 26,8 millions d’euros.

L’Université s’avère sous tutelle du conseil de gouvernance depuis qu’il a retoqué le budget de M. Klump fin mars. C’est une équipe composée du vice-recteur Ludwig Neyses, d’auditeurs de McKinsey et d’une consultante faisant office de chief transition officer qui mène désormais la barque, indiquait le dernier numéro du Land.

Un mode de direction qui serait plutôt bien accueilli d’après l’hebdomadaire, soulignant les demandes répétées du conseil de gouvernance en faveur de procédures financières plus strictes, demandes auxquelles Rainer Klump n’aurait pas accédé. Le tout sur fond d’enquête internationale soulignant des lacunes dans cette matière et une interférence trop marquée du gouvernement dans la conduite de l’Université - ce que le dernier projet de loi du ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, Marc Hansen, doit corriger.

McKinsey a épluché le budget

Le budget 2017 établi par Rainer Klump affiche trois sources de recettes: dotation de l’État (160 millions d’euros), subventions de recherche externes (47 millions) et autres recettes (13 millions), comprenant les frais d’inscription des étudiants et le financement étatique pour les fonctionnaires.

D’après des informations révélées par 100,7 mardi, McKinsey attribue «l’explosion des dépenses» - +6% par rapport à 2016 – à deux facteurs. D’abord une augmentation de 15% de la masse salariale, due à la tranche indiciaire dépassée en début d’année et aux hausses de salaires. D’autant que l’administration centrale a vu pas moins de 230 personnes rejoindre ses effectifs depuis 2014. Deuxième facteur: les dépenses informatiques triplées et dépassant 20 millions d’euros, en raison d’investissements «urgents» afin de sécuriser l’infrastructure – et de combler une lacune de ces dernières années.

McKinsey a identifié plusieurs postes budgétaires susceptibles de générer 11,3 millions d’euros d’économies. 5,6 millions pourraient ainsi être épargnés en ne prolongeant pas les contrats à durée déterminée, en ne remplaçant pas les départs et en reportant 61 recrutements. Le service informatique se verrait imposer un serrage de ceinture de 2,2 millions d’euros à travers une politique d’achat plus efficiente, une standardisation des logiciels et une mise à contribution des usagers.

2,7 millions d’euros seraient amputés au service de développement des sites en sacrifiant le réaménagement des bureaux de la faculté de droit et de finances du bâtiment Weicker au Kirchberg et de la Maison du savoir à Belval. Enfin, le service des Infrastructures et de la logistique pourrait économiser 1,3 million d’euros en fermant l’Université trois semaines par an, en cessant d’acheter de nouveaux meubles, en espaçant le nettoyage et en tarifant l’utilisation du parking et du téléphone.

La stratégie 2018-2021 en suspens

Il y a bien les réserves que l’Uni avait accumulées – 17 millions d’euros –, mais 11 millions sont déjà prévus pour financer des projets.

Soucieux d’adopter un budget à l’équilibre, le conseil de gouvernance a opté pour 5,6 millions d’économies au niveau des salaires et des investissements IT s’élevant à 9,7 millions au lieu de 20 millions, sans compter des efforts généralisés au sein de l’Université.

Quant au budget 2018 et à la stratégie pour les quatre prochaines années, ils restent en suspens tant que Rainer Klump n’a pas retrouvé son poste après un congé maladie entamé début mars. Le recteur avait proposé quatre scenarii sur les priorités de l’Uni: le premier laissait la stratégie en l’état, les autres jouaient sur les domaines de recherche selon leurs intérêts national et international. Avec un accent particulier sur la biomédecine et la santé, les sciences informatiques et le droit européen, tandis que le développement durable, la migration et les études d’ingénieur seraient amenés à disparaître.