De gauche à droite: Roger Cayzelle (président de l’Institut de la Grande Région), Nicolas Buck (président de la Fedil), Paul Arker (président du Medef Moselle) et Patrice Haltebourg (président de la Fédération régionale de travaux publics (FRTP)), réunis au Medef à Metz. (Photo: Romain Gamba)

De gauche à droite: Roger Cayzelle (président de l’Institut de la Grande Région), Nicolas Buck (président de la Fedil), Paul Arker (président du Medef Moselle) et Patrice Haltebourg (président de la Fédération régionale de travaux publics (FRTP)), réunis au Medef à Metz. (Photo: Romain Gamba)

L’histoire de ce projet, aussi pharaonique que reflétant les tumultes de la politique française, a de quoi donner le tournis. Les chiffres relatifs aussi. Le président du Medef Moselle les a rappelés mardi après-midi lors d’une conférence de presse: 24.000 travailleurs frontaliers français au Luxembourg en 1990 contre 86.000 en 2015.

À l’approche de la barre des 100.000 qui devrait être franchie cette année, le représentant des patrons a voulu, une nouvelle fois, rappeler l’importance de l'adaptation de l'A31.

Paul Arker avait invité pour l’occasion son homologue luxembourgeois à emprunter cette autoroute pour rejoindre le siège du Medef Moselle à Metz. «Il est nécessaire de prendre une décision urgente, courageuse, responsable et indispensable», résume Paul Arker, alors que le dossier, après de nombreux allers-retours à différents étages administratifs, a été classé en février dernier comme «prioritaire» par le Conseil français d’orientation des infrastructures.

«Le Medef n’a cessé de rappeler son soutien à une nouvelle autoroute (l’A32, finalement remisée, ndlr), puis une autoroute réaménagée», ajoute Paul Arker. «Nous devons soutenir ce chantier d’infrastructure pour lutter contre le déclin économique et démographique du territoire.»

À noter que les normes françaises prévoient normalement un passage à 2x3 voies pour 30.000 à 40.000 véhicules par jour. La barre des 80.000 est régulièrement franchie sur l’autoroute menant vers le Grand-Duché.

Solutions win-win

L’A31bis et son découpage en trois parties depuis Toul continuent cependant de poser des questions quant à la réalisation des travaux, notamment sur le dernier des trois tronçons: entre Thionville et la frontière luxembourgeoise. Un tronçon qui serait mis à 2x3 voies, mais dont le financement reste à régler, alors que l’État s’est déjà engagé pour les deux autres. Une solution de mise en concession est évoquée. Reste à apporter, dans ce cas, un paiement acceptable pour les usagers, alors qu’une association avait été constituée contre l’idée même d’un péage.

La balle est d’abord dans le camp français.

Roger Cayzelle, président de l’Institut de la Grande Région 

Dans tous les cas, le temps presse. Et le constat est partagé de chaque côté de la frontière. «Les infrastructures n’ont pas été adaptées en adéquation avec le développement économique des 40 dernières années», déclare Nicolas Buck, président de la Fedil. Sur la question du financement, Paul Arker rappelle que l’État luxembourgeois n’a pas été opposé par le passé à financer des projets de l’autre côté de la frontière, à condition qu’ils bénéficient aussi aux résidents luxembourgeois, comme le TGV.

«La balle est d’abord dans le camp français», abonde Roger Cayzelle, président de l’Institut de la Grande Région. Une enveloppe de 1,5 milliard est envisagée pour financer l’ensemble de l’A31bis, de Toul à la frontière.

Approche globale

Comme l’indiquait Nicolas Buck durant son intervention, une seule réponse ne suffira pas à résoudre tous les problèmes de mobilité, qu’il s’agisse de l’A31bis ou des efforts portés sur le rail, ces derniers étant la priorité – à ce stade – du ministre des Transports, François Bausch. Le ministre luxembourgeois avait notamment annoncé à son arrivée au gouvernement vouloir financer la réalisation de P+R géants aux gares situées de l’autre côté de la frontière.

Nous souhaitons avoir un dialogue continu pour l’avenir de cette région.

Nicolas Buck, président de la Fedil 

«Nous souhaitons avoir un dialogue continu pour l’avenir de cette région, qui va de la frontière luxembourgeoise jusqu’à Nancy, sur des questions comme l’apprentissage, la recherche, les zones de développement économique, le télétravail…», ajoute Nicolas Buck. «Nous voyons l’A31bis comme un élément parmi une somme de mesures, dans le cadre d’un focus qui doit être continu.»

La conférence de presse de ce mardi a eu le mérite de montrer que la question du modèle de croissance, voulu pour le Luxembourg et qui est actuellement discuté en prélude aux élections, doit, en partie, être envisagée de l’autre côté de la frontière. 

«Le Luxembourg a pour ambition d’être un pôle d’attractivité, même au-delà de la région», note Nicolas Buck. «Nous devons donc être en mesure d’attirer des gens qui viennent travailler ou vivre chez nous et amener des solutions de fluidité pour répondre au stress actuel.»