À l’occasion d’une récente mission économique où il a rencontré son homologue japonaise Yuko Obuchi, Étienne Schneider a aussi pris des contacts avec des sociétés qui pourraient figurer parmi les premiers investissements du LFF. (Photo: SIP / Nicolas Bouvy / archives)

À l’occasion d’une récente mission économique où il a rencontré son homologue japonaise Yuko Obuchi, Étienne Schneider a aussi pris des contacts avec des sociétés qui pourraient figurer parmi les premiers investissements du LFF. (Photo: SIP / Nicolas Bouvy / archives)

À la sortie d’une audition devant la Commission parlementaire des finances et du budget et celle de l’économie, Étienne Schneider, ministre de l’Économie, a annoncé que le Luxembourg Future Fund serait officiellement lancé le 20 avril prochain. Enfin, serait-on tenté de dire, plus de trois ans après l’annonce de sa création par les ministres de l’Économie et des Finances de l’époque, Jeannot Krecké et Luc Frieden.

L’agitation de ces dernières semaines autour de l’implication de Genii Group et de Gerard Lopez avait remis sur le devant de la scène un fonds qui aurait déjà dû être opérationnel à l’automne dernier. La Commission parlementaire, sereine, ne voyant rien venir, avait donc convoqué ce mardi les ministres Schneider et Gramegna pour faire le point. Seul le premier s’est finalement rendu à cette entrevue, le second ayant été empêché par des problèmes logistiques.

Sans Genii, par manque de temps

Prévu d’être porté sur les fonts baptismaux, devant notaire, le 20 avril prochain (sous forme de fonds d’investissement spécialisé de type Sicav), le Luxembourg Future Fund (LFF) sera doté, comme prévu, de 150 millions d’euros, hors du budget de l’État: 120 millions apportés par la SNCI et 20 millions par le Fonds européen d’investissement. Il sera dans un premier temps structuré en trois sous-fonds: un de co-investissement de 90 millions d'euros (pour les PME technologiques innovantes, en phase de démarrage à croissance); un de business angels & family offices (davantage présents pour la phase d’amorçage) d 10 millions et un fonds de fonds de capital-risque de 50 millions. La CSSF a, à ce jour, donné son accord de principe après l’examen du dossier soumis.

Le fonds répondra à un double objectif: attirer les start-up étrangères et générer une rentabilité financière.

Étienne Schneider, ministre de l'Économie

Pas de compartiment d’investissement direct (il était prévu à hauteur de 50 millions), donc, comme cela était connu depuis ces dernières semaines depuis l’annonce du «retrait» de Gerard Lopez. «À l’issue de la due diligence réalisée par le Fonds européen d’investissement, il est apparu que Genii Group et Gerard Lopez ne seraient pas assez disponibles pour pouvoir gérer, à plein temps, ce compartiment. Et c’est pour cela que Genii ne sera finalement pas dans le projet», a expliqué à Paperjam.lu le ministre de l’Économie à la sortie de la réunion de ce mardi.

Pour ne pas entrer dans une nouvelle phase de consultation et d’analyse, il a été décidé de lancer le fonds dans un premier temps sans ce compartiment d’investissement direct, dont l’enveloppe a été répartie entre les trois autres sous-fonds. «Nous comprenons la situation, mais nous la regrettons», a commenté Claude Wiseler, le président de la fraction CSV. «Compte tenu de la très longue attente, il était important que ce fonds soit lancé, même s’il perd beaucoup de son attractivité en l’absence de ce compartiment direct. Mais le ministre de l’Économie nous a assuré qu’il travaillait à une solution qui permettra de créer un tel compartiment dans les meilleurs délais.»

C’est parti pour 17 ans!

Le LFF aura une durée de vie de 17 ans, pouvant être prolongée d’un maximum de deux années. Les investissements, eux, se feront sur les cinq premières années avec la possibilité d’augmenter la période d’investissement d’un an. Il est prévu que les parties s’engagent en temps utile à discuter d’un fonds successeur.

Le conseil d’administration gérant le LFF sera composé de cinq membres: trois désignés par la SNCI (parmi lesquels deux membres du conseil de la SNCI, dont son président, actuellement Patrick Nickels) et deux par le FEI. Le processus de décision est prévu à la majorité des deux tiers.

Parallèlement, un comité d’évaluation technique de cinq membres sera mis en place pour se prononcer sur les propositions d’investissement du fonds par rapport au principe de «retombées pour l’économie luxembourgeoise».

Les premiers investissements sont attendus pour la mi-mai. «Des sociétés que nous avons rencontrées lors d’une récente mission économique en Corée et au Japon sont potentiellement très intéressées», nous a indiqué Étienne Schneider, soulagé de voir un aussi long dossier trouver enfin son épilogue. «Cela a été plus compliqué que nous l’avions souhaité pour fédérer les moyens à mettre en œuvre, mais aussi pour établir la charte éthique définissant les critères d’investissement. Désormais, le LFF complétera parfaitement la palette d’instruments déjà existants via la SNCI ou CD-PME et nous permettra non seulement d’attirer des entreprises, mais aussi d’être en mesure de les garder ici une fois qu’elles auront pris leur envol.»