L'activité banque privée de la banque suédoise Nordea a été vendue à UBS. (Photo: Licence C.C.)

L'activité banque privée de la banque suédoise Nordea a été vendue à UBS. (Photo: Licence C.C.)

Les banques scandinaves sont-elles en train de lentement faire leurs valises pour quitter le Luxembourg? Le mouvement observé depuis le début de cette année est en tout cas étonnant. Le 25 janvier, la banque suisse UBS annonçait avoir signé un accord pour la reprise de l’activité banque privée de la suédoise Nordea Bank. Le 22 mai, un autre groupe bancaire suédois, Skandinaviska Enskilda Banken (SEB), cédait sa filiale SEB Fund Services basée au Luxembourg à la société luxembourgeoise FundRock Management Company. Enfin, le 31 mai, on apprenait cette fois que Banque Carnegie Luxembourg, appartenant au groupe suédois Carnegie Investment Bank, était vendue à un autre acteur suisse, Union banque privée (Europe).

À chaque fois, les banques nordiques ont précisé vouloir se recentrer sur leur marché domestique. Logique. Mais y aurait-il des raisons plus profondes à leur départ? «Ça ne nous a pas surpris, on entendait des bruits sur le départ éventuel de banques scandinaves, note un observateur du monde bancaire. Avec la croissance des coûts réglementaires, des banques remettent leur stratégie à plat et revoient l’intérêt des filiales établies à l’étranger. Le Luxembourg n’en sort pas toujours gagnant.»

Actuellement, le Grand-Duché accueille sept banques suédoises, deux norvégiennes et une danoise. Elles sont principalement centrées sur des activités de banque privée et de gestion de fonds d’investissement. Mais c’est surtout le secteur du private banking qui n’a plus la cote. Dans le cas de Nordea, la vente concerne d’ailleurs uniquement cette activité alors que celle d’asset management est maintenue.

«Les banques nordiques se sont notamment installées pour servir leurs clients scandinaves au Luxembourg, explique un autre acteur du secteur. Mais une partie de ceux-ci ont poussé plus loin pour aller chercher le soleil dans le sud de l’Europe, en Espagne et au Portugal.» Difficile dans ce cas pour le Grand-Duché de se battre à armes égales, de même qu’il devient plus compliqué, dans le contexte d’harmonisation fiscale internationale, d’appâter des acteurs étrangers avec des mesures fiscales favorables. «Les banques scandinaves ont obtenu des très bonnes conditions à une certaine époque, poursuit notre observateur privilégié. Mais, aujourd’hui, ces avantages fondent comme neige au soleil.» Toujours le soleil…

La banque privée en fusion

Par ailleurs, le secteur de la banque privée en Europe connaît de grandes manœuvres de fusion et acquisition. Certains acteurs de taille plus modeste souffrent notamment de la diminution des marges dans un contexte de taux d’intérêt bas alors que les nouvelles réglementations, comme Mifid II, ont fait exploser les coûts dans l’informatique et le juridique.

En février, la banque néerlandaise ABN Amro a ainsi vendu sa filiale luxembourgeoise à BGL BNP Paribas, jugeant ne pas avoir les reins assez solides pour rivaliser en banque privée sur le marché luxembourgeois. Elle disposait pourtant de 8 milliards d’euros d’actifs sous gestion, ce qui n’est pas négligeable. «En ce qui concerne les banques scandinaves, leurs actifs sous gestion tournent plutôt autour du milliard d’euros – 2 milliards d’euros annoncés dans le cas de Carnegie, ndlr –, note encore cet acteur de la Place. Ce n’est plus suffisant pour espérer arriver à la taille critique qui permet de résister sur le marché.»