Sous pression, Enrico Lunghi a fini par démissionner, déclenchant une vague de protestations nationales, internationales et un malaise au sein de RTL. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Sous pression, Enrico Lunghi a fini par démissionner, déclenchant une vague de protestations nationales, internationales et un malaise au sein de RTL. (Photo: Olivier Minaire / archives)

RTL n’en a pas fini avec l’affaire Lunghi. Ou l’histoire de l’arroseur arrosé. D’après des informations publiées mercredi soir sur Tageblatt.lu, plusieurs réunions de crise se sont déroulées mercredi dans la station.

Le directeur Alain Berwick a ainsi rencontré la délégation et le personnel durant 2h30. La majorité – voire les trois quarts selon le Tageblatt – des salariés contesterait l’interprétation de l’affaire par le directeur, qui a présenté Steve Schmit, le chef des programmes magazine de RTL TV, comme véritable responsable de l’amplification de l’affaire.

Alain Berwick, en congé au moment du reportage, serait en réalité à l’origine de la sortie de l’affaire après que Sophie Schram et un collègue lui auraient rapporté les faits à son retour. C’est lui qui se serait prononcé pour la confrontation et pour la diffusion du reportage avec la scène dans laquelle Enrico Lunghi rabat violemment le micro de la journaliste. C’est encore lui qui aurait envoyé la journaliste chez le médecin. Une nouvelle chronologie qui expliquerait que RTL ait attendu 10 jours pour ébruiter l’affaire.

Une affaire montée en épingle

Toujours selon les informations du Tageblatt, l’affaire est remontée jusqu’à Bertelsmann. La maison mère a demandé un rapport sur l’incident tout en refusant de rencontrer la délégation du personnel au motif qu’il n’y a encore eu aucune mesure contre un salarié. RTL devrait publier jeudi un nouveau communiqué revenant sur l’affaire dans des mots plus mesurés.

L’affaire est partie d’un reportage de RTL sur la base d’une lettre ouverte de l’artiste Doris Drescher au ministère de la Culture dans laquelle elle se plaignait de ne pas être exposée au Mudam. La journaliste free-lance Sophie Schram a ensuite rencontré le directeur de l’institution, Enrico Lunghi, dans le cadre de l’émission «Den Nol op de Kapp». C’est après qu’elle lui a posé plusieurs fois la même question – pourquoi il n’aimait pas l’œuvre de l’artiste – qu’Enrico Lunghi s’est énervé et a rabattu le micro en avertissant la journaliste qu’il ne lui parlerait plus si elle diffusait l’interview. Une première partie du reportage est diffusée le 19 septembre, et une autre le 3 octobre montrant l’altercation entre le directeur du Mudam et la journaliste. La suite est connue: condamnations de toutes parts et notamment du ministre de la Culture, Xavier Bettel, ouverture d’une enquête disciplinaire et finalement démission d’Enrico Lunghi. L’affaire, qui a pris un retentissement national et international avec le soutien apporté au directeur du Mudam par ses pairs et par une pétition, était à l’ordre du jour de la commission parlementaire de la culture lundi, alors que RTL a diffusé l'intégralité de la scène en question, dans laquelle Enrico Lunghi commet effectivement le geste de rabattre le micro sans pour autant que la journaliste montre un quelconque signe de douleur. Les deux protagonistes parlent ensuite normalement après les excuses du directeur.