Selon Serge de Cillia, «le verre est à moitié plein» au cours des négociations en cours autour de la future convention collective bancaire. (Photo: Julien Becker/archives)

Selon Serge de Cillia, «le verre est à moitié plein» au cours des négociations en cours autour de la future convention collective bancaire. (Photo: Julien Becker/archives)

Contrairement aux syndicats, qui font régulièrement état de leurs revendications «dans l’intérêt des salariés de la Place», l’ABBL ne sort que rarement de son silence dans le cadre des négociations en cours pour le renouvellement de la convention collective. L’une de ces occasions est survenue lundi, lors de l’annonce de sa recommandation aux banques de ne pas verser la prime de conjoncture.

Cette décision, «votée à l’unanimité lundi matin par le conseil d’administration de l’ABBL», selon Serge de Cillia, CEO de l’organisation patronale, illustre l’un des points de fracture entre les partenaires sociaux. Perçu fin avril par l’Aleba, principal syndicat des salariés de la Place, comme «un signal négatif très fort», puisque considéré comme «un acquis social», le non-versement de cette prime est justifié par l’ABBL par «la volonté de mettre en place une convention pensée sur le moyen terme».

Blocages autour de la notion de proportionnalité

«La proposition qui a été refusée par les syndicats tenait dans le versement d’une prime de juin plus conséquente qu’en 2016 et d’une enveloppe de 1%, répartie selon un critère de mérite, et le financement d’un budget formation pour assurer l’employabilité des salariés», selon Serge de Cillia, qui considère la volonté du front syndical de voir une augmentation de 1% pour l’ensemble des salariés de la Place comme l’illustration de «la politique de l’arrosoir». Un différend qui a pour conséquence l’abandon de la proposition syndicale de voir se prolonger d’un an la convention 2014-2016, et non l’arrêt complet des négociations.

Car tous affichent le même objectif: écrire une nouvelle convention collective pour le secteur bancaire, «simplifiée et modernisée». Sur les quatre groupes de travail mis sur pied depuis le 7 décembre, date de la tenue de la première réunion plénière entre partenaires sociaux, deux ont connu des avancées notables – «santé et bien-être» et «employabilité et formation», de l’aveu de tous. Sans surprise, les points d’achoppement reposent sur le montant des revalorisations salariales, mais aussi sur la question de l’introduction de la proportionnalité dans le futur texte de référence du secteur.

Le verre est à moitié plein, malgré des échanges intéressants.

Serge de Cillia, CEO de l’ABBL

«La convention collective de la Place a toujours été, jusqu’à présent, et à côté de la loi, un cadre unique pour gérer aussi bien les grandes que les petites banques», rappelle Serge de Cillia en faisant référence à la différence qui existe «dans les modalités d’application qui dépendent des négociations entre les délégations du personnel et les directions». L’idée, pour le CEO de l’organisation patronale, serait d’«introduire une marge de manœuvre dans la convention collective pour tenir compte des réalités du terrain». Autrement dit, permettre à chaque banque - notamment les plus petites – de ne pas appliquer strictement les mêmes conditions que les grands établissements.

Une idée qui serait destinée à répondre non seulement «à la tendance du passage de la filiale à la succursale, qui s’observe de plus en plus souvent», mais aussi «à la nécessité de rester compétitif par rapport à d’autres places financières, conséquences du Brexit obligent». Les discussions autour de la future convention collective, dont celles pour 2017, peuvent durer jusqu’à la fin de l’année, puisque celle-ci sera rétroactive, et se poursuivent avec la réunion, mercredi après-midi, d’une nouvelle réunion plénière. C’est cette date qu’ont choisie Aleba, OGBL-SBA et LCGB-SESF pour communiquer aux salariés leur vision de la situation. Une situation qualifiée, par Serge de Cillia, comme étant «un verre à moitié plein, malgré des échanges très intéressants».