Paperjam.lu

 

Les cabinets d’avocats et le monde du droit en général n’échappent pas à ce phénomène d’innovation. La réflexion est en cours. Elle est d’autant plus difficile que la révolution est de taille et sonne comme la première de cette envergure.

La connaissance du droit n’est plus l’apanage du juriste mais de tout un chacun. Le juriste conserve sa valeur ajoutée de technicien et d’analyste.

Dorothée CiolinoDorothée Ciolino, Avocat (DCL Avocats)

Nous avons tous modifié nos habitudes de consommation, le droit n’échappe pas à ce changement et doit à présent se penser comme un marché comme les autres. La matière est également entrée dans une économie où l’accessibilité à la connaissance est facilitée. Une certaine vulgarisation de la science juridique est en cours; elle passe d’ailleurs en partie par la simplification (apparente) de son phrasé et beaucoup par l’organisation de plateformes d’échanges ou de compilation de textes, de décisions judiciaires et administratives, d’avis, etc. ou encore par l’implémentation d’algorithmes prédictifs.

La connaissance du droit elle-même n’est ainsi plus l’apanage du juriste mais de tout un chacun. Le juriste conserve néanmoins sa valeur ajoutée de technicien et d’analyste, ou en tout cas il aime à le croire.

Le client d’un cabinet d’avocats du 21e siècle n’est plus le profane des siècles précédents venant consulter l’incarnation du Droit, il se présente en véritable sachant, venant confronter sa première opinion, née de la lecture des informations glanées sur le net, à l’expertise du juriste, engendrant en cela un échange de connaissances et d’expériences enrichissant aussi bien le premier que le second.

Cette nouvelle relation client-avocat ancre définitivement l’avocat dans son rôle de partenaire économique et stratégique de l’entreprise.

Dorothée CiolinoDorothée Ciolino, Avocat (DCL Avocats)

Cette nouvelle relation client-avocat finit de réaliser la rupture avec l’avocat «traditionnel» du siècle dernier (que l’on consultait seulement en cas de litige), et ancre définitivement l’avocat dans son rôle de partenaire, voire de véritable collaborateur, économique et stratégique de l’entreprise, mettant son expertise juridique au profit de la gestion des risques de l’entreprise.

L’ère digitale contraint l’avocat à cette rupture dans l’innovation mais est une réelle opportunité pour ce juriste, parfois encore trop tenté de regarder avec méfiance et dédain ce phénomène d’«ubérisation du droit», raillant qu’un robot ou algorithme ne parviendra jamais à une capacité d’analyse, aussi fine soit-elle, semblable à celle d’un juriste.

Réussir ce saut stratégique est indispensable et passe par une nouvelle stratégie de communication et une nouvelle appréhension de la relation client, davantage vulgarisée, au sens noble du terme.