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Ronan Vander Elst, partner et digital co-leader pour Deloitte. 

Application de «mobile banking», CRM, solutions de paiement ou de KYC… Les besoins en technologies digitales performantes ont explosé ces dernières années au sein du monde bancaire. Pressées tant par les nouvelles attentes des clients que par les changements réglementaires, les banques doivent s’adapter, adopter de nouveaux outils et envisager de nouvelles manières de travailler.

Cela complexifie leur environnement système et demande plus de ressources. «C’est d’autant plus vrai que les solutions utilisées reposent sur un ensemble croissant de technologies différentes, précise Ronan Vander Elst, partner et digital co-leader chez Deloitte Luxembourg. Leur mise en œuvre constitue donc un enjeu considérable, mais il est tout aussi important d’assurer leur gestion au fil du temps.»

Une gestion proactive du cycle de vie des outils

En effet, plus on s’éloigne du moment où ces technologies ont été intégrées au sein de l’organisation, plus les besoins en maintenance se font sentir. Si rien n’est prévu pour maintenir ces nouveaux outils en adéquation avec les besoins de l’organisation, on risque de se retrouver face à une «dette technologique» importante.

Sa gestion nécessitera de mobiliser un budget dédié pour garantir le bon fonctionnement des technologies en place. Cette dette impactera aussi négativement les coûts des projets et, de ce fait, la capacité de la banque à délivrer rapidement.

«À défaut de gérer de manière proactive le cycle de vie de ces outils, les entreprises doivent s’attendre à ce que des problèmes importants surgissent à terme. De nombreux cas de figure permettent d’illustrer la problématique qui s’applique tant aux applications digitales qu’aux Core Banking Systems», commente Ronan Vander Elst.

Toute technologie est vouée à évoluer et, ultimement, à devenir obsolète.

Ronan Vander ElstRonan Vander Elst, Partner, digital co-leader (Deloitte Luxembourg)

Évidemment, toute technologie est vouée à évoluer et, ultimement, à devenir obsolète. Il n’y a donc pas de solution miracle pour lutter contre ce phénomène. Selon le partner de Deloitte Digital, la mise en place par l’organisation d’une procédure de rénovation régulière de l’environnement système est toutefois incontournable.

«Il faut y consacrer une partie du budget, explique-t-il. Il s’agit surtout de ‘garder la maison en ordre’ en simplifiant certaines choses, en choisissant de conserver une technologie plutôt qu’une autre, en acceptant de ‘tuer’ certaines fonctionnalités devenues inutiles, etc. Il faut aussi travailler sur l’architecture du système informatique, pour faire en sorte qu’on puisse rapidement intégrer et supprimer des applications.» 

Par ailleurs, le cloud peut constituer un précieux outil dans la gestion de la dette technologique. «En privilégiant l’utilisation de solutions software hébergées dans le cloud, en mode SaaS, comme des outils CRM ou des services KYC, l’entreprise n’a plus à se soucier de la maintenance de la technologie. C’est au fournisseur de la solution de veiller à garantir le bon fonctionnement de l’outil et l’évolution des technologies sous-jacentes.» 

La nécessité d’expliquer et de prévenir

Faire comprendre la nécessité d’investir davantage dans un pôle de l’activité qui, en définitive, n’est pas un levier direct sur les revenus de la banque, est toutefois pour le moins délicat.

«C’est un vrai combat, assure Ronan Vander Elst. Les budgets IT sont plus que jamais sous pression afin de soutenir les enjeux réglementaires, de gains en efficience et de croissance des revenus. Je pense qu’il y a donc un réel enjeu d’éducation technologique à mener en la matière afin d’expliquer que la gestion de la dette technologique sert les intérêts de l’ensemble de l’organisation à long terme.» 

La maintenance des technologies peut aussi poser des problèmes en matière de recrutement des profils IT. Considérant la multiplication des technologies au sein de la banque, la palette de compétences nécessaires pour les mettre en place et les rénover est de plus en plus large.

Pour les profils IT, la capacité à se former constamment est devenue précieuse.

Ronan Vander ElstRonan Vander Elst, Partner, digital co-leader (Deloitte Luxembourg)

En outre, les candidats doivent aujourd’hui être capables de se renouveler, d’apprendre à maîtriser de nouvelles technologies de manière continue.

«Pour les profils IT, la capacité à se former constamment est en effet devenue précieuse, confirme Ronan Vander Elst. D’autre part, il faut aussi pouvoir se dire, en tant que banque, qu’il ne sera pas forcément possible de disposer en interne de l’ensemble des profils nécessaires pour développer et/ou gérer les différentes technologies à mettre en œuvre. Dans certains cas, il peut donc être plus judicieux d’établir des partenariats avec des entreprises spécialisées dans ces technologies. Mais cela signifie que l’organisation devra être d’autant mieux huilée pour gérer ces partenariats d’un côté et les rénovations technologiques en interne de l’autre.»