Joëlle Hauser: «Une carrière ne doit pas non plus être un but en soi.» (Photo: Kévin Planque/Patricia Pitsch)

Joëlle Hauser: «Une carrière ne doit pas non plus être un but en soi.» (Photo: Kévin Planque/Patricia Pitsch)

Au fil de sa carrière, Joëlle Hauser a gravi les échelons à force d’assiduité, d’engagement et de passion. C’est une bosseuse, et elle ne s’en cache pas. 

Faire carrière, est-ce un choix?

Joëlle Hauser. – «Oui, une carrière ne se bâtit pas toute seule, mais ne doit pas non plus être un but en soi. Je pense qu’il faut d’abord faire son travail avec le plus d’enthousiasme et d’engagement possible, le faire bien et essayer de développer son domaine d’activité; la réussite et le succès ne pourront que suivre. 

Pour ma part, je pense avoir eu la chance d’évoluer dans un domaine d’activité où le marché s’est intéressé à la contribution et l’engagement de la personne en cause, peu importe son sexe.

Comment votre carrière a-t-elle démarré?

«J’ai fait mes débuts en tant que stagiaire dans une étude d’avocats locale au Luxembourg avant de travailler dans le secteur des fonds d’investissement au sein du service légal de la banque UBS à Luxembourg durant environ sept ans.

Un nombre croissant d’associés féminins apporte beaucoup en matière de performances financières.

Joëlle Hauser, chef du département Fonds d’investissement chez Clifford Chance

J’ai, par la suite, pris la direction du corporate secrétariat de la société Clearstream avant d’accepter le défi de développer l’activité des fonds d’investissement pour Clifford Chance à Luxembourg, depuis presque vingt ans maintenant.

Vous êtes à la tête de ce département avec un autre associé, un homme. Comment cela se passe-t-il?

«Nous avons une bonne entente et une approche collégiale dans notre département. Quant à l’équilibre hommes-femmes, il me paraît plus opportun de centrer le débat sur la confiance entre les membres d'une team, leurs connaissances et engagements personnels en vue de supporter et développer au jour le jour une stratégie alignée à l’intérieur du partnership.

Par ailleurs, notre équipe Fonds d’investissement, qui compte vingt-cinq avocats d’âges et de nationalités variés, possède un bon équilibre hommes-femmes.

Votre étude compte 17% de femmes associées...

«Notre but est d’atteindre le seuil de 30% de femmes associées au niveau du réseau global de Clifford Chance. Ainsi, 27% des nouveaux associés promus l’année passée étaient des femmes.

Nous n’allons pas privilégier une femme au détriment d’un homme.

Joëlle Hauser, chef du département Fonds d’investissement chez Clifford Chance

Nous supportons cet objectif avec priorité, car on est convaincu qu’un nombre croissant d’associés féminins apporte beaucoup en matière de performances financières et de collaboration.

Quelles sont les mesures mises en place par Clifford Chance pour augmenter son nombre de collaboratrices?

«Les actions concrètes pour atteindre cet objectif se situent dans le domaine de la formation des femmes et le support de leurs plans de carrière et de développement personnel ainsi que dans la formation de tous les effectifs pour gérer la ‘bias awareness’ afin de permettre, le cas échéant, de comprendre nos barrières mentales et culturelles. On a mis en place des systèmes de reporting à la direction des différentes actions et du progrès atteint.

Et en matière de recrutement?

«Lorsque nous recrutons, nous sommes toujours soucieux de la parité hommes-femmes. L’équilibre à cet égard dans mon équipe m’est important. Pour autant, nous n’allons pas privilégier une femme au détriment d’un homme. Pour rejoindre notre étude, il faut bien évidemment remplir des critères objectifs.

L’interruption temporaire d’activité ainsi que la flexibilité du temps de travail deviennent de plus en plus communes.

Joëlle Hauser, chef du département Fonds d’investissement chez Clifford Chance

Comment faire en sorte que davantage de femmes accèdent à des postes importants?

«Il ne faut pas voir d’un mauvais œil les attentes liées au fait de vouloir concilier poste à responsabilités et vie de famille. D’ailleurs, l’interruption temporaire d’activité ainsi que la flexibilité du temps de travail, qui sont souvent des critères importants pour une femme, deviennent également de plus en plus communes pour beaucoup de collègues masculins.

La présence de modèles féminins exerçant un poste à responsabilités dans l’organisation est aussi importante pour permettre aux collaboratrices de pouvoir s’identifier et se projeter.

Revenons à vous, quel est votre style de management?

«Il faut savoir mener son équipe sans perdre de vue la vision et la stratégie de l’entreprise. Je prône un style participatif, car le travail d’équipe et la conjugaison des différents talents sont pour moi des éléments essentiels à la réussite.

Je suis également un défenseur d’une articulation claire et directe. Quand quelque chose est bien, j’aime le dire, mais quand ce n’est pas le cas, il faut l’adresser de façon transparente également.

Quels sont les atouts d’une femme chef?

«Je pense que ces femmes savent bien écouter et réfléchir, et qu’elles sont orientées vers le long terme. Bien comprendre le problème est un premier pas vers la solution.

Face à un problème, quelle est votre première réaction?

«La première chose à faire est d’examiner objectivement et calmement la situation en déterminant ses causes et évaluer les options disponibles.

Qu’est-ce qui compte pour vous?

«La satisfaction des clients, basée sur un service juridique de qualité, élaboré et délivré avec mon équipe entière: associés, avocats et assistants.

Quelle(s) passion(s) vous anime(nt)?

«Le désir de supporter au mieux les projets de nos clients, et le respect des principes éthiques. À titre privé, la famille, un peu de sport et la lecture me permettent de me relaxer.»

Joëlle Hauser en trois dates:

1990 – Licence en droit (Université catholique de Louvain, Belgique)

1998 – Naissance de sa fille, Sandy Estelle

2000 – Arrivée chez Clifford Chance

Retrouvez l’intégralité de la série #FemaleLeadership