Les commerçants font face à de nombreux problèmes, notamment un changement de comportement des consommateurs. Les responsables politiques veulent agir, mais pas radicalement. (Photo: Anthony Dehez)

Les commerçants font face à de nombreux problèmes, notamment un changement de comportement des consommateurs. Les responsables politiques veulent agir, mais pas radicalement. (Photo: Anthony Dehez)

L’idée de désigner des emplacements ou zones à réserver à une certaine gamme de magasins pour préserver ainsi une certaine mixité ou diversité commerciale dans la ville serait «sympathique».

La secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener (LSAP), se montrait favorable à la proposition du CSV, représenté ce jeudi par le député Laurent Mosar, lors d’un échange de vues sur «la diversification des commerces, ainsi que le développement des centres-villes» au Parlement. Francine Closener expliquait en revanche que ce genre de démarche incomberait aux communes.

Par ailleurs, elle qualifiait d’«intéressante» l’idée du CSV de donner un «droit de préemption sur dépôt légal», pour permettre à une commune d’acquérir plus facilement des locaux commerciaux supplémentaires. Francine Closener estimait qu’il fallait analyser l’idée. Et d’ajouter que les villes et le pays auraient besoin de petits commerces, mais aussi de chaînes: «les locomotives et les niches».

Mettre un terme aux spéculations

En ce qui concerne les loyers élevés, évoqués depuis des années comme l’un des grands problèmes des commerces dans la capitale, la secrétaire d’État à l’Économie s’attend à une nette amélioration dès l’adoption de la réforme du bail commercial prévue cet automne.

Tandis que Francine Closener estime que la réforme serait «un texte très équilibré pour une matière très complexe», l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL) critiquait que la version amendée de la réforme raterait son objectif principal de mettre un terme aux spéculations.

La secrétaire d’État défend la démarche: «Le premier texte était écrit par un lobbyiste et je ne tenais pas à le garder ainsi.» La réforme telle qu’elle est prévue serait un «bon instrument» pour mettre un terme aux spéculations «une bonne fois pour toutes».

De père en fils

La disparition de certaines formes de commerce étant en partie due à un manque de gens qui seraient prêts à reprendre des métiers parfois difficiles, la députée Joëlle Elvinger (DP) estimait pour sa part qu’il fallait entreprendre tout ce qui est possible pour encourager les jeunes.

Elle saluait dans ce sens un élément de la réforme fiscale, entrée en vigueur le 1er janvier 2017 et censée faciliter la transmission d’entreprises familiales à la prochaine génération: «La plus-value portant sur d’éventuels biens immeubles (terrains ou bâtiments) appartenant à l’entreprise cédée sera immunisée».

Digital marketplace

Le facteur principal qui donnerait du fil à retordre aux commerçants serait le changement de comportement des consommateurs. Selon la secrétaire d’État à l’Économie il suffirait de voir que les «digital natives», les générations de gens qui sont nés à l’ère du digital: cette partie du pouvoir d’achat s’approvisionnerait de plus en plus sur internet.

Pour soutenir les petits commerces face à cette évolution, le ministère de l’Économie serait sur le point de lancer une «digital marketplace», une plateforme digitale permettant aux petits commerces de vendre en ligne. La plateforme «PME» déciderait la semaine prochaine quel logiciel serait retenu. Les entreprises qui souhaitent participer au groupement d’intérêt général, créé pour gérer le site, ne devraient s’acquitter que de la «modique somme» de 500€.

Exonérations pour les petits?

La question d’éventuels avantages fiscaux comparatifs de grandes chaînes internationales par rapport aux petits commerces n’a pas été évoquée lors de la réunion de la commission parlementaire.

Laurent Mosar a néanmoins rappelé sa proposition faite lors d’un débat sur la compétitivité en décembre, en l’occurrence exonérer, sous certaines conditions et avec certaines limites, les petits et jeunes commerces pendant les cinq premières années d’activité. «L’Irlande le fait», ajoutait le député CSV.

Interrogée par Paperjam.lu, Francine Closener expliquait que le domaine de la fiscalité dépendait du ministère des Finances. La proposition du CSV ne semble donc pas être une priorité pour le gouvernement, mais pourrait bien refaire surface lors de la campagne pour les législatives de 2018.