Pour certains, le commerce dans la capitale est en train de s’uniformiser. Pour d’autres, le commerce est très diversifié. (photo: Jessica Theis / archives)

Pour certains, le commerce dans la capitale est en train de s’uniformiser. Pour d’autres, le commerce est très diversifié. (photo: Jessica Theis / archives)

Les résultats d’une étude sur le commerce et les mesures à prendre, que demandait la conseillère communale Claudine Konsbruck (CSV), ne seraient pas encore prêts, expliquait l’échevin Patrick Goldschmidt (DP). Il avançait néanmoins déjà quelques éléments des résultats de l’étude:

  • La fréquentation et les passages dans la ville auraient augmenté au cours des dernières années, ceci étant dû essentiellement à l’augmentation de la population;
  • Jeudi, vendredi et samedi seraient les jours qui «marchent le mieux»;
  • Avec «800 formes de commerces», la diversité aurait légèrement diminué;
  • Les mètres carrés de commerces auraient en revanche augmenté;
  • Le chiffre d’affaires global aurait augmenté, sans que l’on puisse pour autant savoir pour l’instant comment cette évolution positive se répartit entre les petits et les grands commerces.

L’échevin libéral évoquait ensuite les mesures de la Ville de Luxembourg pour augmenter l’attractivité de la capitale, comme les navettes gratuites, des actions ponctuelles, la publicité et les 700 événements par an du LCTO (Luxembourg City Tourist Office).

En ce qui concerne les chantiers, qui donnent du fil à retordre aux commerçants, la commune s’efforcerait de «garder les alentours propres».

Le commerce en transformation

Le débat sur les défis des petits commerces ayant été relancé par l’annonce de la fermeture de la librairie Alinéa, Patrick Goldschmidt confirmait d’entrée que la librairie ne fermera finalement pas. L’échevin soulignait d’ailleurs que les difficultés qu’aurait rencontrées Alinéa ne seraient pas uniquement liées au loyer élevé: le libraire aurait cité six problèmes au total.

Un des problèmes serait le changement de comportement de la part des consommateurs, qui achèteraient de plus en plus en ligne. Dans ce contexte, il rappelait que le ministère de l’Économie serait en train de monter une plateforme e-commerce.

Celle-ci pourrait, en échange d’une modique somme, permettre aux commerçants de présenter leurs produits à des clients qui n’auraient pas d’autre moyen d’apercevoir ces produits. La plateforme pourrait également donner des conseils aux petits commerces pour savoir comment organiser la livraison des produits.

Le défi classique

Outre la transformation digitale, les petits commerces sont face à d’autres problèmes. En ce qui concerne les loyers élevés, les responsables politiques de la Ville de Luxembourg espèrent que la réforme du bail commercial pourra éventuellement freiner la hausse des loyers. Espoir qui risque d’être déçu, car selon le ministère de l’Économie, la réforme ne serait pas une panacée.

Selon les Libéraux, la commune ne pourrait ou ne devrait pas s’immiscer dans le secteur privé. Patrick Goldschmidt rappelait cependant que la Ville de Luxembourg disposerait d’une trentaine de locaux, qu’elle ne louerait pas simplement au plus offrant. La commission du développement urbain délibérerait en fonction du commerce que l’on souhaiterait voir dans tel ou tel local.

Les conseillers communaux Claudine Konsbruck (CSV), Cathy Fayot (LSAP) et François Benoy (Déi Gréng) estimaient que la commune devrait néanmoins songer à se procurer davantage de locaux qu’elle pourrait mettre à disposition des petits commerces.

La diversité

L’évolution de la capitale ne plaît pas à tout le monde. Le conseiller communal Guy Foetz (Déi Lénk) évoquait une «offre uniforme», en référence à la rue Philippe II qui arbore de nombreuses chaînes de magasins de luxe.

Tandis que Patrick Goldschmidt reconnaissait cette situation dans cette même rue, il soulignait que ces magasins attireraient de nombreux clients venant de la Grande Région, qui plutôt que d’aller à Paris ou à Bruxelles viendraient désormais à Luxembourg.

Le conseiller communal François Benoy (Déi Gréng) ajoutait que la ville ne se limiterait pas à la ville haute et que le quartier de la gare par exemple offrirait une grande panoplie de commerces.

Débat philosophique

Une étude qui semble donc plutôt positive, et des mesures de la commune pour améliorer l’attractivité de la capitale risquent de ne pas satisfaire de nombreux commerçants. L’opposition politique dans la capitale le sait et va jusqu’à se demander comment la Ville de Luxembourg pourrait mieux déterminer quels magasins s’implantent où.

«On essaie ici de faire campagne électorale de manière conservatrice», s’agaçait le conseiller communal Claude Radoux (DP). Selon lui, il n’appartiendrait pas à la commune d’imposer tel ou tel magasin aux citoyens.

Même si les défis tels que la digitalisation ou la concentration économique risquent de faire perdre à la capitale une partie de «sa tradition et son âme», pour reprendre les mots de Cathy Fayot et François Benoy.