Jean-Luc Dourson dans un exercice de communication inédit (Photo: Maison Moderne Studio)

Jean-Luc Dourson dans un exercice de communication inédit (Photo: Maison Moderne Studio)

Jean-Luc Dourson, ancien administrateur délégué de Ketterthill, a convoqué la presse ce mercredi pour déballer sur la place publique ses déboires avec la tête du groupe Cerba European Lab, une société qu’il avait pourtant lui-même choisi de rejoindre en 2011 en échangeant ses parts du laboratoire luxembourgeois contre 5% de celles de la société paneuropéenne.

La greffe a cependant mal pris et a mené, en janvier de cette année, à un rejet. Après avoir accusé la maison mère (propriété à 77% du groupe de private equity PAI Partners) d’un siphonage de la trésorerie, l’administrateur délégué s’est fait débarquer. Il assigne donc le groupe français au tribunal de commerce de Paris pour faire annuler l’accord de 2011 et au tribunal civil de Luxembourg pour révocation abusive.

L’opération de comm’ de ce mardi matin, menée par Marc Glesener (ancien rédacteur en chef du Wort et dorénavant conseiller en communication), avait en fait surtout pour objectif non avoué de bien se faire voir auprès du gouvernement et d’entrouvrir la porte à une éventuelle coopération pour reprendre les parts au groupe français. Jean-Luc Dourson a commencé son allocution en remerciant la BCEE, banque publique, pour avoir été la seule institution financière à le soutenir dans son projet de reprise de Ketterthill en 2007.

160 millions demandés

Selon Jean-Luc Dourson, Cerba demanderait dorénavant 160 millions d’euros, soit 2,8 fois la valeur de cession, selon ses dires (ses parts de Cerba, soit 5%, vaudraient autour de 40 millions d’euros, selon une approximation se basant sur la valeur des 77% de Cerba par PAI au moment de l’acquisition en juillet 2010). Pas question, selon l’intéressé, de débourser cette somme. En revanche, il assure se mettre à disposition pour conduire un nouveau projet de développement de Ketterthill, «éventuellement en coopération avec le secteur public», ce qui ressemble à un appel du pied aux autorités  pour qu’elles soutiennent un secteur prioritaire, celui de l’économie de la santé.

S’il était aidé (par quel moyen?) dans son projet de reprendre les rênes, Jean-Luc Dourson pourrait, pense-t-il, réactiver la mécanique d’embauche connue entre 2003 et 2011, période durant laquelle Ketterthill, sous son impulsion, est passée de 30 à 200 collaborateurs.

Pour l’instant, la balle est dans le camp des magistrats à qui les affaires ont été confiées. Le prochain rendez-vous? Une audience le 21 mai à Paris. Aucun calendrier n’a été communiqué au Luxembourg. La mise en marche de la machine judiciaire laissera donc le temps aux représentants de l’intérêt public de songer à la destinée de Ketterthill: laisser le laboratoire aux mains d’un groupe français ou se saisir du dossier, d’une manière ou d’une autre.