Jean-Luc Dourson dénonce le caractère abusif de la résiliation de son mandat d'administrateur. (Photo: archives/paperJam)

Jean-Luc Dourson dénonce le caractère abusif de la résiliation de son mandat d'administrateur. (Photo: archives/paperJam)

Jean-Luc Dourson, limogé le 14 janvier dernier de la direction du laboratoire d’analyses médicales Ketterthill, a assigné lundi 24 mars son ancien employeur devant le Tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale. Cette procédure fournit une lumière crue sur la nature des relations liaient l’ancien patron du premier laboratoire privé du Luxembourg avec son actionnaire français, Cerba European Lab (CEL), qui détient le contrôle de sa filiale luxembourgeoise à travers une entité de droit belge LBS.

Dans l’assignation, dont paperJam.lu a eu connaissance, Dourson réclame à Ketterthill le paiement d’un montant total de 7,10 millions d’euros, dont quatre millions au titre de préjudice matériel et six salaires (partie fixe) de 26.000 euros mensuels pour rupture de son mandat d’administrateur délégué.

De plus gros salaires aujourd'hui

Ce salaire n’apparaît pas si mirobolant, si on le rapporte à celui qui serait actuellement versé à un cadre français, non biologiste, récemment recruté pour assurer la transition chez Ketterthill, pour 35.000 euros par mois. Et ce alors qu'il y a déjà un administrateur délégué en place ayant remplacé Jean-Luc Dourson immédiatement après son éviction.

L’ancien patron du laboratoire invoque le caractère abusif et fautif de sa révocation «pour faute grave» intervenue de manière brutale, par un simple courriel avant qu’il ne se rende au travail, au lendemain d’un courrier dans lequel il annonçait son intention de dénoncer des infractions aux dispositions de la loi de 1915 sur les sociétés commerciales et réclamait la convocation d’une assemblée générale.

Dourson avait ainsi mis en cause les frais de gestion prélevés (pour certains à titre rétroactif, alors que les comptes avaient déjà été clôturés) par la maison mère parisienne sur sa filiale ainsi que les montants jugés exorbitants que CEL facturait à Ketterthill pour des frais (10 millions d’euros) liés à un prêt high yield. Sur les 10 millions de frais, Ketterthill devait supporter 1,662 million.

«La décision de révocation litigieuse a permis d’avorter cette initiative éminemment dérangeante annoncée par l’administrateur en conformité avec la loi et dans l’intérêt de la société», souligne l’assignation.

Cinquième défection

Cette affaire, qui s’ajoute à une première assignation introduite devant le Tribunal de commerce de Paris, visant à faire annuler le rachat en 2011 de Ketterthill par CEL, intervient alors que le laboratoire privé s’apprête à annoncer la finalisation d’un accord avec la Fondation François-Elisabeth, qui gère entre autres l’Hôpital du Kirchberg, pour la sous-traitance par Ketterthill d’une partie des analyses médicales. Un projet qui, de fait, devrait mettre à néant les efforts du ministère de la Santé et de l’Entente des hôpitaux pour centraliser au niveau du Laboratoire national de santé (LNS) à Dudelange une partie de l’infrastructure d’analyse médicale...

Par ailleurs, la rédaction de paperJam.lu a appris une nouvelle défection dans le personnel d’encadrement de Ketterthill, ce qui porte à cinq le nombre de départs de responsables du laboratoire privé depuis janvier dernier. La responsable communication et marketing de la société s’est en effet vue signifier son licenciement à compter du 1er avril. Contactée par la rédaction, la direction du laboratoire n’a pas donné suite à nos sollicitations.