Paradoxe. Si les échanges d’informations n’ont jamais été aussi simples de part et d’autre de la planète, être journaliste apparaît comme étant de plus en plus compliqué à en croire le bilan 2017 tiré par Xavier Bettel. Lors de ses traditionnels vœux à la presse au Musée national d’histoire et d’art, le Premier ministre, également ministre des Communications et des Médias, a souligné ce jeudi que «de nombreux journalistes à travers le monde perdent la vie dans l’exercice de leur métier et d’autres sont emprisonnés ou menacés».

65 ont été tués en 2017 et 326 emprisonnés selon le dernier classement de Reporters sans frontières. Une situation «délicate» quant au respect de la liberté de la presse «qui participe à la défense de la démocratie» qui «concerne aussi certains pays de l’Union européenne», assure Xavier Bettel, en référence à la situation en Pologne ou en Hongrie.

Plus optimiste quant à la situation au Luxembourg, où la presse bénéficie «d’une forte confiance de la part des citoyens», le Premier ministre a plaidé pour le maintien et le développement «d’une presse de qualité». Et donc, la mise en place «de conditions permettant aux professionnels de produire ces contenus». Manière plus ou moins subtile d’évoquer la création d’une aide à la presse pour la presse en ligne, ainsi que la «circulaire Bettel», nom d’un projet de loi annoncé en grande pompe en 2016 qui doit «autoriser les fonctionnaires à communiquer les informations sur les dossiers en cours avec la presse». Selon le locataire du ministère d’État, ce texte «devrait être voté avant la fin de cette législature.»

Interrogé sur les initiatives prises en Allemagne et en France, via la mise en place ou l’intention de lutter contre les «fake news» en période électorale, Xavier Bettel s’est montré dubitatif sur la volonté de limiter ces contrôles à ces seules périodes, le Premier ministre plaidant plutôt pour la mise en place d’une régulation plus pérenne, basée notamment sur «la dénonciation» des fausses informations qui circulent «et qui prennent une certaine ampleur».

Allant dans le sens de Paul Peckels, président du Conseil de presse, qui plaide pour le renforcement de l’éducation aux médias à destination des plus jeunes, le Premier ministre souhaite également élargir «le sens critique» des lecteurs en incitant les rédactions à «avoir le courage de dire que ce qui est publié par un autre journal est faux».

Si Xavier Bettel se dit «fier de ce qui a été fait en faveur de la presse en ligne», il se fait plus discret quant à la réforme en cours de l’aide à la presse imprimée, versée à hauteur de 7,4 millions d’euros en 2016, selon les derniers chiffres disponibles. S’il plaide pour «un financement en fonction du travail effectué et non du nombre de pages imprimées», il se refuse à dévoiler le contenu du projet de loi qu’il espère «pouvoir terminer» avant la fin de cette législature…