La liaison directe entre le hub de Bettembourg et la Chine devrait passer par la Pologne, dans le cadre notamment de la stratégie de développement voulue par les CFL. (Photo: Mike Zenari/archives)

La liaison directe entre le hub de Bettembourg et la Chine devrait passer par la Pologne, dans le cadre notamment de la stratégie de développement voulue par les CFL. (Photo: Mike Zenari/archives)

Moins médiatisée que l’initiative de space mining défendue par Étienne Schneider (LSAP), ministre de l’Économie, la volonté de créer une connexion ferroviaire directe entre le hub multimodal de Bettembourg et la Chine n’en demeure pas moins une priorité gouvernementale. Défini comme un projet «inhabituel» et «ambitieux», ce projet a été confié à CFL Multimodal.

Depuis début 2016 donc, la société privée est à la recherche non seulement de solutions logistiques afin de faire transiter trois trains d’une quarantaine de conteneurs par semaine dans les deux sens, mais se retrouve aussi tributaire de circonstances géopolitiques. Car la future liaison doit mesurer plus de 10.000 kilomètres et traverser une dizaine de pays.

Convaincre nos partenaires que le Luxembourg est la meilleure plateforme.

Barbara Chevalier, directrice stratégie de CFL Multimodal

«À l’heure actuelle, la principale difficulté tient dans notre capacité à regrouper des marchandises européennes vers la Chine», résume François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures qui estime que «sans ce défi, cette connexion serait déjà en fonctionnement». À l’origine de ce problème, l’avance prise par l’Allemagne, active sur ce créneau logistique ferroviaire depuis plus d’une quinzaine d’années.

«À elle seule, la République fédérale a concentré en 2016 deux tiers des trains de marchandises via ses sites de Duisburg et Hambourg», explique Barbara Chevalier, directeur stratégie de CFL Multimodal. «Notre position consiste donc à faire valoir que si l’Allemagne représente environ 30% de la balance commerciale avec la Chine, celle du Luxembourg, associé à la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Belgique, représente 40% de ces échanges», poursuit-elle en assurant que «notre mission consiste à convaincre nos partenaires que le Luxembourg est la meilleure plateforme pour drainer les marchandises en provenance de ces pays pour les envoyer en Chine.» Un challenge vu que des liaisons directes vers Londres et vers Madrid ont été lancées au cours des derniers mois.

La liaison Duisburg-Chonqing est la principale route utilisée pour acheminer des marchandises entre l'Europe et la Chine. (Licence C.C.)

Ayant toujours pour ambition de proposer une nouvelle ligne compétitive - à savoir capable d’effectuer la liaison en 15 jours contre une période comprise entre 15 et 19 jours pour la concurrence -, le projet luxembourgeois table sur la mise en place de synergies. «Nous sommes actuellement dans du business development pur, c’est-à-dire que nous cherchons à identifier de nouveaux partenaires où il y aurait des regroupements d’intérêt pour constituer des trains en direction de Luxembourg», détaille Barbara Chevalier.

En clair, l’analyse de cette nouvelle ligne, signée en janvier 2016 avec la Zhengzhou International Hub Development and Construction Company, ne permet pas encore à la société chinoise de regrouper suffisamment de marchandises en direction du Grand-Duché. D’où la poursuite active de nouveaux partenariats qui a abouti, en juin dernier, à la signature d’une lettre d’intention avec la ville d’Ürümqi, cité désignée par Pékin comme l’un des hubs de concentration des marchandises chinoises amenées à circuler en direction de l’Europe sur «la nouvelle route de la soie».

Les Chinois considèrent la route du Sud comme très importante.

Barbara Chevalier, directrice stratégie de CFL Multimodal

Sur les trois voies étudiées depuis un an, celle du Nord, utilisée par la majorité des trains de marchandises à destination de la Chine, possède également la préférence de CFL Multimodal. Non seulement parce que techniquement plus aisée, mais aussi car elle permettrait «d’attirer des marchandises venues des pays de l’Est», selon François Bausch.

Une option qui correspond également à la stratégie des CFL, désireux d’implanter une base en Pologne pour transporter des volumes dans cette partie du monde. Un temps envisagée, la route passant par la Turquie et la Géorgie fait désormais figure de route «alternative», l’ensemble de la ligne n’étant pas encore entièrement finalisée. «Pourtant, nous gardons cela à l’œil car les Chinois la considèrent comme très importante», note Barbara Chevalier. Quant au départ effectif du premier train, aucune date n’est, à ce stade, avancée. Les premières estimations tablaient sur «courant 2017».

Les routes possibles pour relier directement en train le Luxembourg à la Chine. (Maison Moderne)