Si le projet d’exploitation de la gare fantôme du Findel de Steve Krack vise à recréer un espace pour le public, celui promu par Lux-Airport – et donc par le gouvernement – développe une autre logique. Celle de rentabiliser au maximum les surfaces libres à proximité des terminaux. Dévoilée en juin 2016, l’idée de transformer le Findel en «Airport City» devait mettre fin à «une situation provisoire» et répondre à «une vraie tendance» observée au sein des principaux aéroports européens.
Autrement dit, le développement de l’offre de services à destination des passagers ou des sociétés gravitant autour des aéroports pour permettre à leur société gestionnaire de générer de nouvelles recettes. Une logique qui s’intègre dans la hausse globale du trafic passager enregistré en Europe, le Findel ayant pratiquement doublé sa fréquentation entre 2012 et 2017. Une logique à laquelle l’aéroport luxembourgeois n’échappera pas. Car, à en croire René Steinhaus, CEO de Lux-Airport par intérim, le site se trouve soumis à «une très forte demande pour tout ce qui est services».
Sur les 90 hectares du site, 18 se verront donc «reconfigurés» afin de «répondre à la diversité des besoins», selon le descriptif mis en avant sur le site dédié au projet, mis en ligne en octobre 2017. Des espaces qui seront exploités aussi bien pour construire 51.000m2 supplémentaires d’espaces de bureaux, 4.100 nouvelles places de parking – dont 1.200 dans un bâtiment qui enjambera le tracé du tram juste avant son terminus – ou la création d’un nouveau business center.
Selon les plans présentés, ce dernier sera non seulement relié via une passerelle aérienne au terminal A mais aussi composé d’un hôtel haut de gamme de 200 chambres doté d’un bar avec vue panoramique donnant sur la piste, d’un centre de fitness et de commerces de détail. Autant d’équipements déjà présents notamment dans des aéroports comme ceux de Francfort, Londres ou Zurich. Sans oublier celui de Liège, concurrent direct du Findel pour le transport de fret.
La gare fantôme du Findel, située sous l’actuelle route placée devant le terminal A, devrait bénéficier de deux nouvelles affectations. Une galerie marchande de 2.000 à 3.000m2 située au premier niveau, éclairée via la création de verrières qui prendront place à l’emplacement de la dalle sur laquelle stationnent actuellement les taxis. Ces nouveaux commerces devraient être accessibles d’ici 2020, puisque les travaux débuteront «au cours de l’année prochaine» avait indiqué, fin juillet, François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures.
Le second niveau, d’une surface de quelque 15.000m2, devrait accueillir un data center. Une piste présentée comme «toujours d’actualité» par l’actuel locataire du ministère de la place de l’Europe qui assurait que Lux-Airport «continue de mener des pourparlers avec des clients potentiels». Une affirmation livrée sans plus de détails, plus d’un an après le premier échec officiel du site, non sélectionné pour accueillir le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, qui a quitté Londres pour Bologne.
Flou autour du coût de l’opération
À noter également que cette option ne fait pas l’unanimité au sein même de la majorité gouvernementale puisque dans une question parlementaire, les députés CSV Laurent Mosar et Serge Wilmes assurent que «lors d’une récente réunion de la commission de l’Économie, Monsieur le Ministre de l’Économie a exprimé ses réserves quant à l’implantation d’un centre de données dans les locaux de la gare souterraine». Des réserves qui reprennent notamment celles exprimées dès la fin 2016 par la plupart des spécialistes du stockage de données au Grand-Duché qui évoquaient «un non-sens», cette installation étant prévue «dans un endroit à risque».
Si une enveloppe comprise «entre 150 et 200 millions d’euros» pour la sortie de terre d’«Airport City» avait un temps été évoquée, les estimations actuelles sont plus floues. Début 2017, Johan Vanneste, alors CEO de Lux-Airport, faisait état «de sommes qui se chiffrent en centaines de millions d’euros», issues «pour une partie» des caisses de Lux-Airport et «éventuellement de financements extérieurs». Le tout doit, selon l’ancien responsable de la société gestionnaire du Findel, «s’autofinancer» puisque «les sommes engagées vont être remboursées par les loyers que nous allons percevoir».