Steve Karier, à propos du Fundamental Monodrama Festival: «Je ne fais pas d’appel à candidatures, pas de sélection sur dossier, pas de jury. Je fais venir des gens que j’aime, dont j’apprécie le travail et qui ont quelque chose à raconter.» (Photo: Mike Zenari)

Steve Karier, à propos du Fundamental Monodrama Festival: «Je ne fais pas d’appel à candidatures, pas de sélection sur dossier, pas de jury. Je fais venir des gens que j’aime, dont j’apprécie le travail et qui ont quelque chose à raconter.» (Photo: Mike Zenari)

Quand il a créé le Fundamental Monodrama Festival, Steve Karier a dicté sa propre définition du terme «monodrame» : «Un protagoniste principal qui peut être entouré d’autres mais sans interaction directe avec eux.» Pas de dialogue, donc, mais pas forcément une personne seule en scène. Définition qui vaut toujours pour cette neuvième édition qui se profile.

Bouillon de bœuf

Progressivement, le festival s’est construit un réseau et une réputation. «Je ne fais pas d’appel à candidatures, pas de sélection sur dossier, pas de jury. Je fais venir des gens que j’aime, dont j’apprécie le travail et qui ont quelque chose à raconter», indique-t-il avant de passer commande. Parce qu’il veut manger léger le midi, Steve Karier choisit un oxtail, se souvenant de ceux qu’il déguste généralement à Vienne («où l’on ajoute des abats ou des quenelles de blé»). Versé depuis une théière sur un lit de champignons et herbes fraîches, le bouillon s’avère «peu gras, avec de petits yeux et un bon alliage des goûts».

Créations internationales

Chaque année, le programme du festival se construit «selon arrivage». «Je ne fais plus de catégories entre théâtre, poésie, récit, musique, danse… je parle de performances.» Et au cours du festival, 15 de ces performances seront produites, issues de neuf pays, de trois continents. «Le plus remarquable est d’avoir neuf créations. C’est ce vers quoi j’ai toujours voulu aller en me laissant surprendre par les performeurs invités.» On notera ainsi la présence de quelques têtes connues comme Martin Engler et Benjamin Verdonck, on s’impatiente de voir Sam Louwyck avec Danny Bossaer (qui a été le guitariste de Marvin Gaye et d’Arno) ou le retour de Gintare Parulyte et de son A Lithualien in the Land of Bananas, créé l’année dernière au Monolabo. Ancrée dans la réalité locale, la classique soirée Mono-labo est dédiée à des créations, des work in progress d’artistes jeunes et autochtones.

Street food à table

Pour le plat, mon invité a sélectionné une des suggestions du jour : la curry wurst. Ce classique de la street food allemande se mange généralement debout, dehors, en barquette, et Steve est intrigué de voir comment le chef va le transformer. «Dès la première bouchée, on sent que la saucisse est de qualité supérieure. La sauce est subtilement épicée», se réjouit-il. De mon côté, je tente un coq au vin blanc. Bel équilibre et bonne cuisson.

Difficile de lister tous les spectacles ou même de chercher un fil rouge à la programmation : des histoires de racisme ordinaire, de découverte de l’autre, d’amours perdues, de mémoire collective ou de politique-fiction. «Je montre ce que les autres ne montrent pas en axant sur le souffle du performeur, pas sur des artifices de mise en scène.» Alors les thématiques sont évidemment liées à l’actualité et la vie de ceux qui (se) racontent. C’est donc politique, engagé, fort, ce qui n’empêche pas d’être émouvant, poétique ou drôle.