Jane Ristanovic, fondatrice de l’Institut Nô Stress. (Jane Ristanovic)

Jane Ristanovic, fondatrice de l’Institut Nô Stress. (Jane Ristanovic)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Jane Ristanovic propose plusieurs mesures pour venir en aide aux indépendants.

Le pitch: La situation est difficile. Nous, les indépendants, vivons dans l’attente d’une aide concrète, cohérente, pérenne et fiscale du gouvernement. Nous sommes à l’affût, au quotidien, de toute information nous renseignant sur notre sort. Mais un sentiment d’abandon nous envahit.

L’idée: Je ne suis pas qu’une esthéticienne. Comme beaucoup, j’ai dû fermer mon institut, situé à Mamer, pendant le confinement. Je travaille seule depuis sept ans. J’ai été dans l’obligation d’annuler tous les rendez-vous de mes clients. Mon chiffre d’affaires du mois de mars n’atteint pas les 30%. La peur ambiante a eu raison de la prise de rendez-vous. Comme beaucoup, j’ai dû payer mes charges pendant le confinement. N’étant pas propriétaire, ni de mon local ni de mon logement personnel, je dois m’acquitter de deux loyers, avec zéro revenu. J’ai perdu deux mois de CA. Une seule aide m’a été attribuée, correspondant seulement à 1/3 de mon chiffre d’affaires.

Derrière chaque indépendant, il y a une personne, des sacrifices. Mais qui sont les indépendants? Qui sont les esthéticiennes du Luxembourg?

Nous sommes celles qui travaillons tous les jours, même les jours fériés, pour répondre à la demande.

Nous sommes celles qui travaillons jusqu’a 21h quand un client a besoin d’un traitement de dernière minute.

Nous sommes celles qui écoutons quand, après une longue journée de travail, le moral n’est pas au beau fixe.

Nous sommes celles qui rassurons quand un vilain complexe vient gâcher votre vie.

Nous sommes celles qui ne comptons plus nos heures pour rendre joli(e)s nos client(e)s pour les fêtes.

Certes, un produit non nécessaire, mais qui apporte sourire et joie à celui qui le reçoit. Nous faisons partie de la vie du Luxembourg, comme un médecin, un coiffeur ou un politicien. Que deviendrait le Luxembourg si nous n’existions plus? Où iraient nos habitants s’ils ne trouvaient plus leurs artisans de quartier? En France? En Allemagne?

Nous sommes là, fidèles au poste. Nous payons nos impôts, nos cotisations sociales (CNS), mais nous n’avons pas le droit d’être malades, nous devons être là, pour nos clients. Nous payons la TVA, des crédits, nos fournisseurs, etc. Nous travaillons chaque jour. Nous nous renouvelons perpétuellement pour satisfaire les demandes. Nos problèmes personnels sont laissés à la porte de nos commerces. Nous gardons le sourire, même quand les temps sont difficiles, comme aujourd’hui.

Ce qui me fait tenir, ce sont les messages de mes clients. Je me bats pour rester debout face à cette crise, pour eux. Je vis sur mes économies, chichement, et grâce aux pourboires de mes clients économisés. Cela m’aide à tenir pendant la crise. Mais jusqu’à quand? Alors non, je ne suis pas qu’une petite esthéticienne, je suis une infime partie des poumons du Luxembourg. Sans ses indépendants, le Luxembourg ne serait pas le Luxembourg. Ne laissez pas les faillites s’installer dans le pays.

Aidez-nous!

• Une aide financière non remboursable, qui comblerait le manque à gagner de chaque indépendant pendant la crise, calculé sur le CA de 2019.

• Une annulation des cotisations (CNS) pendant le confinement. Activité gelée, cotisations à geler.

• Les clients pourraient faire des dons à leurs commerces préférés avec la possibilité de les déduire fiscalement. Covid-19 ou pas, afin d’éviter les faillites.

Restaurons les liens de confiance entre tous. Entendez notre appel. Créons le don de la solidarité luxembourgeoise. Je crois en la part d’humanité qui existe en chacun de nous.

L’auteur: Jane Ristanovic, fondatrice de l’Institut Nô Stress.