Vue de l’œuvre «Afterwords» d’Hussein Chalayan présentée dans l’exposition «Mirror Mirror» au Mudam. (Photo: Rémi Villaggi)

Vue de l’œuvre «Afterwords» d’Hussein Chalayan présentée dans l’exposition «Mirror Mirror» au Mudam. (Photo: Rémi Villaggi)

Le Mudam est connu pour sa collection d’art contemporain. Mais celle-ci compte aussi un petit ensemble de pièces liées à l’univers de la mode, sous-ensemble qui est actuellement mis en lumière dans l’exposition «Mirror Mirror: Cultural Reflections in Fashion». 

Dès ses débuts, le Mudam s’est intéressé à l’art contemporain et à tous les domaines de création, dont le design et la mode. C’est ainsi que le musée possède un ensemble de pièces centrées sur la mode qui est présenté actuellement pour la première fois, à l’occasion de l’exposition «Mirror Mirror: Cultural Reflections in Fashion». Ce projet est imaginé par Sarah Zigrand, consultante en stylisme et shoes designer reconnue, épaulée par Georges Zigrand, designer et également son époux. «Nous travaillons sur ce projet depuis de nombreux mois puisque l’exposition devait déjà être présentée l’année dernière», confie Sarah Zigrand. «Mais la situation sanitaire a bouleversé l’agenda du musée et ce n’est que maintenant que nous pouvons ouvrir l’exposition.»

Pour réaliser cette exposition, Sarah Zigrand a pu compter sur un ensemble de pièces majoritairement acquises alors que Marie-Claude Beaud était directrice du Mudam. «Presque toutes les pièces datent du tournant des années 2000», précise Sarah Zigrand. «C’est un moment charnière dans le monde de la mode durant lequel les stylistes revendiquaient des positions fortes traitant de la remise en cause des stéréotypes de genres, de la pression imposée par le calendrier des défilés, du développement d’internet et du numérique, des réflexions sur les matières, de l’artificialité de ce milieu, du métissage des cultures… Toutes ces réflexions se retrouvent dans les pièces présentées ici.»

 

Pour mettre en évidence les dialogues qui se tissent entre ces créations, Georges Zigrand a conçu un parcours fluide qui favorise les croisements, les confrontations, la discussion. Le parcours a comme point central l’installation «Afterwords» d’Hussein Chalayan, qui a marqué le monde de la mode et celui de l’art. Au centre de l’espace, une grande diagonale accueille les silhouettes d’une collection d’Helmut Lang qui n’hésite pas à mélanger les genres chic et sport. Venant contrecarrer cette ligne très stricte, une bande rose perturbe l’ordre établi avec les silhouettes subversives de Bernhard Willhelm et Walter Van Beirendonck. Suspendus, les assemblages de «T-A-P-E», conçus de Grit et Jerszy Seymour, tournent délicatement et aléatoirement dans l’espace.

Ces vêtements, dont la couture est remplacée par du ruban adhésif, sont aussi révélateurs d’un autre intérêt de cette exposition. «Les pièces que nous exposons ont une vingtaine d’années, ce qui peut être beaucoup pour des matières comme le ruban adhésif, qui casse en vieillissant», explique Marie-Noëlle Farcy, responsable de la collection. «Pour certaines d’entre elles, une intervention de restauration était devenue nécessaire, car les œuvres textiles répondent à d’autres conditions de conservation et sont parfois plus fragiles. Cette exposition est donc aussi, pour le Mudam, l’occasion de se pencher avec précision sur ce pan de la collection, de l’étudier plus profondément, mais aussi d’y apporter des interventions de restauration, y compris préventive.»

En tout cas, cette exposition révèle la justesse et la pertinence des acquisitions réalisées à cette époque par Marie-Claude Beaud, une politique d’acquisition qui n’a malheureusement pas eu de suite avec les autres directeurs qui ont préféré se concentrer sur d’autres pans de la création contemporaine.

«Mirror Mirror: Cultural Reflections in Fashion», au Mudam, jusqu’au 18 avril 2022