Le Mudam a été fréquenté par un million de visiteurs en 12 ans d’existence. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Le Mudam a été fréquenté par un million de visiteurs en 12 ans d’existence. (Photo: Maison Moderne/Archives)

C'est en octobre 1989 que le gouvernement décide de créer un musée d'art contemporain qui portera le nom de Grand-Duc Jean. Symbole de son règne, le musée conçu par l'architecte Ieoh Ming Pei sera inauguré en 2006.

Le musée d'art moderne de Luxembourg (Mudam) est un cadeau. Au sens figuré, d'une part, car il réjouit les amateurs d'art contemporain. Au sens propre, d'autre part, puisque c'est pour célébrer les 25 ans de règne du que le gouvernement luxembourgeois lance ce projet en octobre 1989. Et décide que la nouvelle institution se nommera Musée d'art moderne Grand-Duc Jean.

Le Mudam était un projet très important et très symbolique pour le pays. Il était normal qu’il porte le nom du Grand-Duc Jean.

Erna Hennicot-Schoepgesancienne présidente de la Chambre des députés

«C’était un projet très important», se souvient Erna Hennicot-Schoepges, qui présidait alors la Chambre des députés. «Nous voulions construire un bâtiment qui soit emblématique pour le pays, qui ait un rayonnement international et une vocation culturelle. C’était une grande ambition pour notre petit pays. Le Grand-Duc Jean était vraiment vénéré. Il coulait de source que ce musée porte son nom.»

Le Luxembourg s’affirme

, qui a été ministre de 1984 à 1999, confirme «que ce projet était en effet une affirmation du Luxembourg, qui ne disposait pas encore d’un vrai et grand musée» et de la montée en puissance du pays en tant que place économique.

Le lieu qui est choisi n’est pas anodin: le Kirchberg, sur les vestiges du fort Thüngen, non loin des institutions européennes, mais aussi le cœur de la place bancaire et financière. «Ce projet, c’était le Luxembourg face à son passé et face à son avenir», poursuit Erna Hennicot-Schoepges.

Lors de l’inauguration en 2006, Jacques Santer le rappellera d’ailleurs dans son discours en s’adressant au Grand-Duc Jean: «Si votre bien-aimée mère la Grande-Duchesse Charlotte, figure emblématique de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, a dû reconstruire un pays meurtri par les souffrances subies pendant l’occupation et les dévastations causées par la guerre, votre règne a été celui de l’affirmation du Luxembourg comme un État moderne ancré dans la communauté internationale et européenne, ouvrant de nouveaux horizons de développement industriel, économique et financier! En jetant le pont de notre capitale plus que millénaire vers un nouveau plateau de développement urbanistique tout en intégrant les vestiges de notre forteresse en donnant ainsi un avenir à notre passé, s’ouvrant sur le centre européen avec ses nombreuses institutions et pointant vers le secteur important des services, ce monument contemporain est susceptible de visualiser le Luxembourg moderne, celui qui entame avec confiance et sérénité le 21e siècle.»

17 ans pour le concrétiser

La genèse du Mudam sera tout sauf un long fleuve tranquille. Le site choisi par Ieoh Ming Pei, l’architecte star du moment, est contesté. À tel point qu’il est au point mort entre 1992 et 1995. L’architecte devra ensuite revoir sa copie à plusieurs reprises, tenir bon, afin d’imposer la pierre de Bourgogne, résister aux attaques, recours et procès. Sans même évoquer les terribles débats autour des collections.

Il faudra donc 17 ans entre le moment de la décision de lancer le projet et celui où le ruban inaugural a été coupé. Mais finalement, le Mudam est donc aussi «le symbole de la capacité des Luxembourgeois à pouvoir discuter, parfois de manière fort tendue, mais à finalement trouver un terrain d’entente».

Pour un résultat que tout le monde salue finalement de manière presque unanime. Le Mudam rayonne désormais à l’international, a attiré un million de visiteurs en 12 ans et a connu une année record de fréquentations en 2018 avec plus de 133.000 entrées enregistrées.