La fréquentation semble surtout une affaire d’habitués, selon les forains. (Photo: Maison Moderne)

La fréquentation semble surtout une affaire d’habitués, selon les forains. (Photo: Maison Moderne)

La fréquentation des «Quartiersfest» organisés cet été en réponse à l’annulation de la Schueberfouer connaît des écarts notables d’un bout à l’autre de la capitale. Dans tous les cas, on est évidemment loin de l’affluence habituelle.

Inutile de tendre l’oreille pour percevoir les cris des mordus de sensations fortes embarqués dans des manèges totalement renversants: la Schueberfouer de substitution organisée cet été est avant tout familiale et calme.

«On savait que ça n’allait pas être la grande foule», reconnaît une foraine installée sur la place Auguste Laurent, au cœur du Limpertsberg. Le quartier habituellement animé par la Fouer est étrangement paisible cet été. Son manège d’autos-tamponneuses accueille quelques enfants qui s’adonnent aux joies de la conduite sur une piste clairsemée. «Ce sont souvent les mêmes qui jouent ici du matin au soir», dit la foraine, qui préfère garder l’anonymat.

Ce sont souvent les mêmes enfants qui jouent ici du matin au soir.

Une foraine installée au Limpertsberg

Comme ses confrères retenus par la Ville de Luxembourg au terme d’un appel d’offres, elle est indemnisée par la municipalité pour sa participation aux festivités, qui ont lieu chaque jour jusqu’au 13 septembre de 11h à 20h. «C’est mieux que rien», dit-elle, au sujet de cette organisation pour le moins particulière. À côté d’elle, quelques stands proposent des snacks et friandises, mais les chalands se font attendre.

Le parc Laval reste sur sa faim

De l’autre côté de la ville, au parc Laval, c’est le calme plat. Un petit train attend désespérément des passagers pour démarrer. Mais aux alentours, seuls quelques sportifs s’adonnent aux activités sportives proposées dans le parc, tandis que des enfants visiblement un petit peu trop âgés pour le seul manège présent jouent sur les balançoires. «Le week-end, nous avons un petit peu de monde si la météo est favorable», confie Dana, une étudiante aux commandes du carrousel.

Son voisin, à la tête du tir à pipe, ne cache pas sa déception. «C’est mort ici. Si nous avions eu un stand de restauration ou de confiserie, cela aurait peut-être pu changer les choses. Mais nous n’avons rien», dit le forain.

De par sa localisation quelque peu excentrée, le «Quartiersfest» du parc Laval cible surtout les habitants de cette zone située aux abords de l’Alzette. Mais entre les vacances et le temps gris de cette fin d’été, force est de constater qu’on ne se bouscule pas au portillon. «Au moins, les forains installés sur la place de la Constitution ont le passage des gens qui travaillent en ville et des touristes», observe Dana.

Plus de monde à la Gëlle Fra

Vérification faite, il s’avère que les forains installés au pied de la Gëlle Fra voient moins le temps passer que leurs confrères. Une dizaine de stands peuplent la place de la Constitution, où de timides files se créent à l’heure de la pause déjeuner devant les marchands de burgers ou crêpes.

«Ça ne remplace pas une vraie foire, mais c’est beaucoup mieux que de rester à la maison et ne rien faire», commente Patrick Weyrich, derrière le comptoir du An der Flesch. Son restaurant ambulant et son appétissante odeur de friture sont présents au Glacis depuis 72 ans et peuvent normalement accueillir plus de 650 personnes. La Schueberfouer représente la majeure partie de l’activité du forain, l’autre étant le marché de Noël. «Ici, ce n’est pas comparable, les gens vont et viennent, mais il n’y a pas de foule énorme.»

Même constat pour la confiserie Hary. «C’est une année très difficile, mais il faut faire avec», déclare Anna Hary, entourée des pop-corns et de leurs effluves. Habituée de la Schueberfouer depuis 35 ans, elle ne réalise même pas la moitié des ventes des années précédentes.

Elle comme Patrick Weyrich se montrent néanmoins reconnaissants envers la Ville de Luxembourg: «Les familles passent avec leurs enfants, vu que les manèges sont gratuits, et ils s’arrêtent pour manger», précise ce dernier.

C’est le cas de Christine Kugener et de son amie, qui encouragent leurs fils en pleine pêche aux canards. À côté, la piste des autos-tamponneuses est remplie d’une vingtaine d’enfants, tous issus d’une maison relais. «Nous sommes venus parce que les jeux sont gratuits», appuie Fabienne Barthel, éducatrice. Elle admet néanmoins que si elle fréquente régulièrement la Schueberfouer, elle ne viendra pas sur son temps libre cette année.

Rien pour les grands

Beaucoup de familles, mais pas que. Marc et Marie dégustent des galettes de pommes de terre entre collègues. Ils trouvent l’ambiance de cette Fouer de substitution «un peu triste», et ne sont pas sûrs de revenir.

«Cette année, c’est pas mal pour les enfants, mais il n’y a rien pour les plus grands», complète Sylvie en terminant sa barquette de frites, à quelques tables de là. «On ne retrouve pas les grandes buvettes de d’habitude où on aimait se retrouver.»

Le «Quartiersfest» de la place de la Constitution semble en tout cas faire figure d’exception en termes de fréquentation. Les manèges isolés ici et là près du centre-ville ont le même succès que ceux du Limpertsberg ou du parc Laval, malgré leur position plus centrale.

Près de la gare par exemple, le carrousel de la rue de Strasbourg reste immobile. «Il n’y a pas trop de monde», admet Ben Gun, l’étudiant aux commandes. Il voit passer une vingtaine d’enfants par jour, selon la météo. «Au lieu de faire un tour, ils en font cinq ou six.» De quoi lui tenir compagnie, en attendant la rentrée scolaire.