Dans la nature, il lui faudra des centaines d’années pour disparaître. (Photo: Shutterstock)

Dans la nature, il lui faudra des centaines d’années pour disparaître. (Photo: Shutterstock)

Les photos de masques jetés dans un caniveau, sur une pelouse ou abandonnés sur un trottoir pullulent sur les réseaux sociaux. Ce qui pose d’importantes questions sur le plan des enjeux environnementaux.

Le masque buccal est devenu une des armes majeures de la lutte contre la propagation du Covid-19. , les lieux publics, les commerces, chez le coiffeur, ou encore dans la file au marché quand on va acheter fruits et légumes.

Chirurgical ou de type FFP2, il n’a qu’une durée de vie limitée, 8 heures au plus. Il faut ensuite s’en débarrasser.

Et c’est là que le bât blesse, puisque le jeter à terre semble devenu pour certains aussi anodin que de se le mettre sur le nez et la bouche. Les photos de cette nouvelle forme d’incivisme pullulent sur les réseaux sociaux, montrant des masques dans des caniveaux, des parcs publics, emportés au gré du vent vers le ruisseau voisin…

Une attitude doublement stupide.

500 ans pour disparaître

Tout d’abord parce qu’elle met la santé des autres en danger. Parfois, le masque abandonné sera ramassé par d’autres, dont les équipes communales des services Hygiène, les agents de nettoyage, mais aussi les particuliers. À Paris, le phénomène est si aigu que les éboueurs de la ville ont poussé un coup de gueule sur Twitter voici plusieurs semaines déjà.

Ensuite, car les masques chirurgicaux et FFP2 ne se recyclent pas. Ils sont en effet, comme certains meubles de jardin, fabriqués en polypropylène. Une excellente idée sur le plan sanitaire, mais une catastrophe environnementale. «Le polypropylène n’est pas biodégradable dans la nature ni compostable. Il va se dégrader par l’action des UV, l’oxydation, dans un processus qui peut prendre des dizaines, voire des centaines d’années. Mais sans qu’au final il ne soit biodégradé», explique l’expert international Ludwik Leibler, membre de l’Académie des sciences et directeur de laboratoire au CNRS-ESPCI, au Huffington Post.

Etienne Grau, autre expert et enseignant-chercheur à l’Université de Bordeaux, confirme dans le même article qu’il «n’est pas le pire des polymères, mais on estime généralement que le polypropylène massif met environ 500 ans à se dégrader. Avec les masques, comme il s’agit de couches fines, cela pourrait être légèrement plus rapide.» Le problème est identique à celui des sacs en plastique, que l’on a voulu éradiquer de nos supermarchés.

Et même quand on ne le verra plus… il sera encore là. «Le polypropylène est assez friable, ses molécules vont se couper en plus petites molécules qui ne pourront pas être assimilées par l’environnement, et qui vont donc entraîner une pollution», explique encore Etienne Grau.

Le Luxembourg n’est évidemment pas à l’abri du phénomène. Le ministère de l’Environnement a donc aussi tiré la sonnette d’alarme très tôt.

Et récemment, la Commune de Differdange a aussi publié sur son site internet un rappel à l’ordre.

La Commune de Differdange vient de publier un rappel à l’ordre. (Photo: Cature d’écran)

La Commune de Differdange vient de publier un rappel à l’ordre. (Photo: Cature d’écran)

Que faire de son masque usagé?

Mais alors, que faire de son masque usagé? C’est très clair, puisque la procédure a été validée par le ministère de la Santé: il faut mettre son ou ses masque(s) usagé(s) dans un petit sac bien fermé, qui lui-même ira dans la poubelle grise.

L’alternative est aussi de porter un masque recyclable, en tissu ou dans une autre matière pouvant être nettoyée. On trouve facilement sur internet . Mais de nombreuses sociétés commercialisent aussi des masques fabriqués en PET, donc recyclables.

Enfin, l’abandon du masque (ou des gants) est punissable d’une amende. Un avertissement taxé de 49 euros peut en effet être délivré par la police en cas de comportement incivique.