Dans son numéro de décembre, Paperjam a collecté et mis en perspective les chiffres de la grande distribution au Luxembourg. Une enquête riche en enseignements menée par Catherine Kurzawa.

Au sein de la rédaction de Paperjam, est notamment en charge de tous les sujets en lien avec le commerce, de la grande distribution au magasin de quartier, de l’arrivée d’une grande enseigne au Luxembourg au développement à l’international d’une entreprise locale. Elle était donc la personne tout indiquée pour s’atteler à une tâche aussi délicate que titanesque: mettre à plat tous les chiffres de la grande distribution, du nombre d’employés de chaque enseigne aux superficies exploitées. Un véritable challenge dans un univers en mouvement constant.

Comment avez-vous mené cette enquête dans un milieu où on est en général assez frileux quand il s’agit de parler chiffres?

Catherine Kurzawa. – «Je ne partais pas de zéro, car je connaissais déjà assez bien le secteur de la grande distribution. Mais quand on sait que l’on est en charge d’une telle enquête, cela allume les radars, vais-je dire. On est alors attentif à tout ce qui se passe. Mais c’est un travail de fourmi, difficile, car les données ne sont pas facilement disponibles, un vrai travail de journaliste donc, en allant sur le terrain, en activant ses réseaux… Et parfois, on a des surprises. J’ai ainsi découvert l’existence de Rewe:XL, un retailer allemand qui a un seul point de vente dans le pays.

Quels enseignements tirez-vous de votre analyse des chiffres?

«On compte 18 retailers pour 620.000 habitants. Avec les frontaliers, cela reste donc un gros gâteau dans un petit pays, mais avec de plus en plus de monde autour de la table pour y goûter. Une caractéristique est que le Luxembourg est un peu le village gaulois qui résiste à l’envahisseur. Partout en Europe, les enseignes sont achetées par de grands groupes internationaux. Au Luxembourg, Cactus ou Pall Center résistent et ne cèdent pas aux sirènes de ceux qui voudraient les attirer. C’est très spécifique au Luxembourg.

La grande distribution va encore grandir dans les années à venir au Luxembourg?

«En menant cette enquête, beaucoup de retailers m’ont expliqué nourrir de nouveaux projets. Le marché luxembourgeois attise encore les appétits. Certains ont une approche très pragmatique, comme Delhaize, qui veut qu’un magasin soit accessible en 5 ou 10 minutes. D’autres sont plus prudents et développent une stratégie d’implantations plus ciblées, comme Cactus, qui ne cible pas des endroits ‘bling-bling’, mais réfléchit avant tout en termes d’efficacité. C’est aussi la tactique de Match. Et un groupe comme Colruyt a aussi de fortes ambitions et va sans doute développer au Luxembourg son enseigne Bio-Planet. Donc il y aura encore des ouvertures de grands magasins dans les années à venir. Sur base des recherches effectuées, au moins 21 nouveaux supermarchés sont encore dans le pipeline au Luxembourg entre 2021 et 2024.»