Stéphane Roussel: «Je pense à la multiculturalité du Grand-Duché. C’est un pays au carrefour de l’Europe où se côtoient beaucoup de nationalités.» (Photo: Tudor Bogdan Bolnavu)

Stéphane Roussel: «Je pense à la multiculturalité du Grand-Duché. C’est un pays au carrefour de l’Europe où se côtoient beaucoup de nationalités.» (Photo: Tudor Bogdan Bolnavu)

Partis pour des raisons professionnelles ou pour changer de vie, les Luxembourgeois de l’étranger n’en oublient pas pour autant leur pays. Direction Paris, en France, où vit une partie du temps Stéphane Roussel, écrivain, commissaire d’exposition et metteur en scène de théâtre, d’opéra et de formes performatives.

Pourquoi avez-vous quitté le Luxembourg?

Stéphane Roussel. – «Pour des raisons académiques. À l’époque, j’étais au conservatoire de musique du Luxembourg, puis je suis parti faire mes études à l’étranger. J’ai été en Belgique, à Londres et à Paris. J’ai ensuite très rapidement eu une opportunité professionnelle en France, puis en Allemagne.

Aujourd’hui, je ne suis plus tout à fait expatrié dans la mesure où je vis à Paris, mais mon bureau de création est basé à Mamer.

Quels sont vos projets pour le reste de l’année?

«J’en ai beaucoup en cours! En termes de direction artistique, je suis commissaire d’une exposition qui se tient depuis quelques semaines au Centre Pompidou-Metz. ‘Opéra Monde’, qui témoigne de la rencontre entre les arts visuels et le genre lyrique depuis le début du 20e siècle. Elle se tient jusque fin janvier 2020 et demande encore de suivre toute une série d’événements en parallèle, que j’ai mis en place.

Je suis aussi sur une création importante, ‘Snowball’. La première esquisse sera présentée en novembre prochain au Mudam lors de la Luxembourg Art Week, et la version finale à Bordeaux fin novembre. J’ai également commencé à écrire une pièce faisant interagir différents domaines artistiques pour et avec l’actrice luxembourgeoise Marja-Leena Junker. Rendez-vous dans deux ans pour la première. Et il y a encore d’autres projets.

La nature me manque énormément. Au Luxembourg, elle est florissante et la qualité de l’air y est bien meilleure qu’à Paris.
Stéphane Roussel

Stéphane Rousselécrivain, commissaire d’exposition et metteur en scène de théâtre, d’opéra et de formes performatives

En quoi le pays vous manque-t-il?

«Je suis dans une situation particulière dans la mesure où je ne suis pas vraiment expatrié. Je vis à Paris, mais mon bureau de création Projeten est basé à Mamer. J’ai donc un regard à la fois intérieur et extérieur sur le Luxembourg. Mais il y a tout de même des choses qui me manquent. La nature me manque énormément. Au Luxembourg, elle est florissante et la qualité de l’air y est bien meilleure qu’à Paris. Là-bas, il y a peu de parcs et ils sont petits. Dès qu’il fait chaud, ils sont pris d’assaut.

Le silence me manque aussi. Même Luxembourg-ville est bien plus silencieuse que la capitale française. Je pense enfin à la multiculturalité du Grand-Duché. C’est un pays au carrefour de l’Europe où se côtoient beaucoup de nationalités. À Paris, c’est moins le cas, même si cette différence est moins marquée depuis quelques années. C’est justement parce que j’ai grandi au Luxembourg que j’ai conscience de cela. Et c’est ce qui m’a aidé à vivre à l’étranger.

Le Luxembourg est ou était un pays conservateur, certes, mais qui a su prendre des décisions fortes et surtout les mettre en place rapidement.
Stéphane Roussel

Stéphane Rousselécrivain, commissaire d’exposition et metteur en scène de théâtre, d’opéra et de formes performatives

Envisagez-vous de rentrer?

«De manière permanente, pas vraiment. Étant à Paris, je reste attaché au Luxembourg. D’autant plus que mon activité est basée au Grand-Duché. Et puis, je peux rallier les deux très rapidement en TGV. Ma vie a toujours été comme ça, avoir un pied au Luxembourg et un pied à l’étranger.

Votre perception du pays est-elle différente de l’étranger?

«Au fil des années, j’ai pu voir à quel point le pays a changé et en beaucoup mieux. Le Luxembourg est ou était un pays conservateur, certes, mais qui a su prendre des décisions fortes et surtout les mettre en place rapidement. Je pense notamment au mariage homosexuel qui, depuis qu’il a été adopté, n’est plus du tout remis en question, ce qui n’est pas le cas en France où c’est presque le Moyen Âge!

Le paysage culturel a aussi beaucoup évolué. Depuis mon enfance, c’est devenu un endroit fertile en termes de créations, de recherche. C’est un véritable foisonnement artistique. Nous avons également une ministre de la Culture, , qui est exceptionnelle, engagée et investie. Les créatrices et les créateurs le ressentent.

Un dernier conseil: celui de prendre son courage à deux mains et de se promener sur les quais de la Seine à 7h du matin.
Stéphane Roussel

Stéphane Rousselécrivain, commissaire d’exposition et metteur en scène de théâtre, d’opéra et de formes performatives

Votre conseil pour visiter Paris?

«Il y en a beaucoup… Si je devais choisir un musée, ce serait par exemple celui d’Orsay, qui est intéressant pour sa collection. J’ajouterais également la Fondation Cartier pour l’art contemporain qui présente d’ailleurs en ce moment une belle exposition sur les arbres, à la fois scientifique et artistique.

Un dernier conseil: celui de prendre son courage à deux mains et de se promener sur les quais de la Seine à 7h du matin. C’est le moment idéal car la ville est encore calme à cette heure-là et il n’y a personne.

Un conseil à des visiteurs étrangers pour découvrir le Luxembourg?

«Il faut impérativement se promener dans le Grund! C’est là qu’on se rend compte de l’étonnante architecture du Luxembourg, un témoin de toutes les époques. Il faut évidemment aller au Mudam, un endroit que j’aime beaucoup. Et enfin, les Rotondes. Nous avons beaucoup de chance d’avoir un tel endroit à Luxembourg! En ce moment, je conseille de profiter du festival Congés Annulés qui propose des animations tout l’été.»