L’administrateur délégué de l’Aca, Marc Hengen, souligne l’incongruité d’une loi qui revient à octroyer un jour de congé supplémentaire à des salariés qui en comptent déjà plus de 35 dans les secteurs bancaires et des assurances. (Photo: Maison Moderne / Archives)

L’administrateur délégué de l’Aca, Marc Hengen, souligne l’incongruité d’une loi qui revient à octroyer un jour de congé supplémentaire à des salariés qui en comptent déjà plus de 35 dans les secteurs bancaires et des assurances. (Photo: Maison Moderne / Archives)

Les deux organisations professionnelles soulignent le résultat ubuesque de l’adoption en accéléré de la loi introduisant un 26e jour de congé légal pour les salariés n’en disposant pas déjà.

Mesure phare de l’accord de coalition, l’introduction d’un 26e jour de congé légal et d’un nouveau jour férié le 9 mai a été adoptée par la Chambre des députés la semaine dernière.

Mais la pilule a toujours du mal à passer du côté du patronat, qui avait multiplié les avertissements ces derniers mois: de , à , , lors des vœux de leurs organisations respectives.

À l’heure de la mise en œuvre de la loi, les associations professionnelles représentant les banques et les assurances ne décolèrent pas.

«Nous avons confronté la nouvelle loi avec notre convention collective de travail», indique Marc Hengen, administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances, joint par Paperjam. «Dans la nôtre, le chapitre dédié aux congés légaux prévoit 25 jours pour les moins de 50 ans, 26 jours pour les 50-54 ans et 27 jours pour les plus de 55 ans.»

Il était libellé, dans l’accord de gouvernement et dans l’introduction du projet de loi, que les conventions collectives de travail sectorielles ne seraient pas concernées.

Marc Hengenadministrateur déléguéAca

Logiquement, les salariés bénéficiant jusqu’à présent de 25 jours sont les seuls pouvant prétendre à un jour supplémentaire en vertu de la nouvelle loi.

«Or, dans le secteur des assurances, il y a quatre types de jours de congé: les jours de congés légaux, les jours de repos, le jour férié d’assurance et le jour férié compensatoire si un jour férié tombe un dimanche. Nous nous retrouvons donc dans une situation où tous les salariés ont déjà largement plus de 35 jours de congé chaque année.»

Alors que la loi ne visait initialement qu’à octroyer un jour supplémentaire aux salariés ne disposant que de 25 jours de congé.

Même constat du côté de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL). La convention collective sectorielle octroie 8,5 jours de repos et 1,5 jour férié bancaire au-delà des jours de congés légaux (25 pour les moins de 50 ans et 27,5, puis 28,5 au-delà).

«Aucune consultation préalable»

«Il était libellé, dans l’accord de gouvernement et dans l’introduction du projet de loi, que les conventions collectives de travail sectorielles ne seraient pas concernées», rappelle Marc Hengen. «La Chambre de commerce mais ses remarques n’ont pas été prises en considération et nous nous retrouvons dans cette situation.» Bévue gouvernementale ou acte manqué?

Le représentant de l’Aca se refuse à répondre, tout en glissant qu’«on comprend bien que la loi devait être votée avant le 9 mai». Mais cette «imprécision» délibérément ignorée coûte deux jours ouvrables au secteur.

L’ABBL et l’Aca achèvent leur communiqué sur le fait qu’elles «regrettent qu’une mesure sociale censée régler les situations moins avantageuses soit ainsi élargie selon le principe de l’arrosoir à tous les secteurs économiques». Sans compter qu’«aucune consultation préalable n’a précédé le projet de loi».