Le groupe de banque privée KBL epb affiche un bénéfice net fortement réduit en 2018. Son CEO, , l’explique par une politique d’investissements lourds et les conditions de marché.

Le chiffre peut paraître étonnant. Au cours de l’année 2018, le groupe de banque privée KBL European Private Bankers a vu son bénéfice net passer  en 2017 à 0,8 million d’euros.

Dans une interview accordée à Paperjam.lu, le Group CEO Peter Vandekerckhove et le deputy Group CEO se montrent tout à fait sereins par rapport à ce chiffre.

«Nous nous transformons fondamentalement. Notre projet Utopia, qui vise à nous doter d’une plate-forme ICT commune aux entités dans les cinq pays où nous sommes présents, en collaboration avec Lombard Odier, est un investissement considérable», explique le CEO, en place depuis janvier 2018.

Venu renforcer l’équipe de KBL epb en 2018 également, après avoir longtemps travaillé pour son actionnaire qatari Precision Capital, M. Harvey confirme la tendance: «Notre résultat comptable est le fruit d’une profitabilité sous-jacente et d’investissements conséquents. Par exemple, l’investissement dans le digital et l’IT atteint 30 millions d’euros en 2018.»

Le processus est en cours. Après la France, la Belgique et le Luxembourg, c’est Brown Shipley, la banque britannique du groupe, qui basculera sur la nouvelle plate-forme dès le mois de juillet prochain.

Le commercial après l’IT

Le processus étant bien lancé, la banque privée veut désormais appuyer sur l’accélérateur sur le plan commercial.

«Nous avons déjà recruté 60 banquiers privés au niveau du groupe en 2018, et nous voulons encore en trouver une centaine dans les prochaines années», précisent les deux managers, qui estiment que la situation compliquée du marché joue en faveur de leur modèle: «De nombreux banquiers privés cherchent des banques assez compétitives, mais aussi assez petites pour rester flexibles.»

KBL epb, qui fêtera ses 70 ans dans les prochaines semaines, a la chance de pouvoir compter sur un actionnaire privé qui soutient sa stratégie sur le long terme. «L’objectif de Precision Capital est de construire une banque solide, pas de retirer des dividendes chaque année», insiste Nicholas Harvey.

Nous cherchons des acquisitions dans les pays où nous sommes présents en priorité, mais plus exclusivement.

Peter VandekerckhoveGroup CEOKBL epb

Présent en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas, en plus du Luxembourg, le groupe veut poursuivre sa stratégie de croissance externe. «Nous cherchons des acquisitions dans les pays où nous sommes présents en priorité, mais plus exclusivement», précise Peter Vandekerckhove.

Responsable des dossiers de fusions et acquisitions, Nicholas Harvey confirme en avoir déjà regardé une trentaine depuis son arrivée.

«Les conditions difficiles de marché font que certaines sociétés vont devoir être cédées. Nous sommes très exigeants, mais nous devrions logiquement pouvoir annoncer une acquisition cette année.»

Tirant un bilan des premières mesures prises depuis son arrivée, M. Vandekerckhove pointe notamment l’autonomie accordée à l’entité luxembourgeoise pour mieux la séparer du groupe. KBL Luxembourg est désormais une entité distincte comme les autres sociétés à l’étranger.

Il a aussi tenu à renforcer les collaborations entre les différentes entités du groupe pour profiter des connaissances de chacun. «Nous voulons utiliser au mieux tous les cerveaux que nous détenons et mieux travailler ensemble.»

Enfin, sous son impulsion, le groupe met en place un programme pour faire de l’investissement responsable un axe réellement prioritaire.

Nous voyons de bons résultats en termes de croissance des actifs.

Peter VandekerckhoveGroup CEOKBL epb

Si, en 2018, le bénéfice a été raboté en faveur de l’investissement, les actifs sous gestion ont continué à progresser. Ils atteignent 72,6 milliards d’euros contre 65,2 milliards un an plus tôt. Le bénéfice opérationnel se monte à 38,6 millions.

En plus de sa politique d’investissement, KBL epb a subi en 2018 les soubresauts des marchés financiers. «Tout le monde a été frappé, aucune classe d’actifs n’a terminé l’année sur un bilan positif», pointent encore les deux responsables.

Mais la tendance pour 2019 s’annonce meilleure. «Nous voyons de bons résultats en termes de croissance des actifs et le renforcement de nos équipes commerciales devrait commencer à porter ses fruits à la fin de cette année et surtout à partir de l’année prochaine.»