George Nasra: «Nous n’avons pas trouvé d’opportunités d’acquisition qui nous auraient permis de grandir en France.» (Photo: KBL epb)

George Nasra: «Nous n’avons pas trouvé d’opportunités d’acquisition qui nous auraient permis de grandir en France.» (Photo: KBL epb)

«Precision Capital reste déterminé à libérer le plein potentiel du groupe KBL epb. Nous continuerons de soutenir la croissance de la banque dans ses marchés-clés par le biais d’une stratégie cohérente qui comprend des mesures organiques, semi-organiques et externes.» George Nasra, CEO de Precision Capital, a confirmé à Paperjam.lu la détermination de l’actionnaire — à 99,9%, ndlr — à poursuivre l’aventure entamée en 2012 avec le groupe de banque privée KBL epb. Et pour couper court, il maintient: «KBL epb n’est pas à vendre.»

Mais, dans le même temps, il annonce la vente des filiales française et monégasque, KBL Richelieu et KBL Monaco. Le groupe vient en effet de signer un accord préliminaire en ce sens avec Société Générale de Banque au Liban (SGBL) pour l’acquisition de ces deux entités. Une opération qui reste soumise à l’accord des autorités compétentes.

Groupe familial dans lequel la banque française Société Générale détient une part minoritaire, SGBL voulait une licence pour être en activité en Europe et principalement en France. Il a donc fait offre auprès de Precision Capital, qui a fait le choix de lui céder l’activité.

En panne d’opportunités

Cette décision, le représentant de l’actionnaire qatari l’explique par la difficulté de dénicher des opportunités de grandir par croissance externe sur le marché hexagonal. «Par rapport au reste de l’Europe, le marché de la banque privée en France est marqué par un niveau de consolidation extrêmement élevé. Les 10 plus grandes banques privées du pays gèrent 90% du marché.»

George Nasra explique que, dès le rachat de KBL epb en 2012, la France a été vue «comme un marché où il fallait soit faire une acquisition pour grandir, soit quitter. Nous avons fait des efforts considérables pour identifier une opportunité d’acquisition viable en France, mais au final, cela n’a rien donné.»

Il pointe aussi sur le fait que les exigences réglementaires et les coûts de la digitalisation, deux problèmes bien connus des banquiers, ont fait monter la pression. «Lorsque nous avons repris KBL epb en 2012, nous estimions qu’il fallait 5 milliards d’euros d’actifs sous gestion dans un marché pour être rentable. Aujourd’hui, il en faut 10.» Or, la France restait sous ce seuil.

Nous continuons d’étudier activement des opportunités d’acquisition dans nos marchés existants.

George Nasra, CEO de Precision Capital

Avec la perte de ses activités en France et à Monaco, le groupe bancaire luxembourgeois se déleste de 7% de ses actifs. Mais reste prêt à grandir sur d’autres marchés. «Nous continuons d’étudier activement des opportunités d’acquisition dans nos marchés existants, principalement au Luxembourg, en Allemagne et en Belgique», poursuit le CEO de Precision Capital, précisant encore que toutes les autres entités restent stratégiques et qu’aucune autre vente n’est programmée.

Après la fermeture du pôle français, il se dit ouvert à une opportunité sur d’autres marchés européens «pour autant qu’elle nous permette d’atteindre directement la taille critique. Mais actuellement aucun dossier n’est ouvert».

Une nouvelle ère

En janvier prochain, le groupe bancaire accueillera un nouveau CEO. Jusque récemment numéro trois de BNP Paribas Fortis en Belgique, Peter Vandekerckhove remplacera Yves Stein, aux commandes depuis cinq ans. «Le départ d’Yves Stein est entièrement lié à un choix personnel de sa part», insiste George Nasra pour faire taire certaines rumeurs. Quant au nouveau responsable, il le perçoit comme un manager qui «possède un sens commercial aigu, a de fortes compétences de leader et de solides antécédents en matière de direction dans de grandes organisations».

Le CEO de Precision Capital précise enfin que l’opération de vente de la Bil au Chinois Legend Holdings est toujours bien prévue pour le premier trimestre 2018.