Anton Brender et Florence Pisani se montrent sereins à l’aube de l’année 2020. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/archives)

Anton Brender et Florence Pisani se montrent sereins à l’aube de l’année 2020. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/archives)

Quel devrait être l’état de santé de l’économie mondiale en 2020? Selon les économistes de Candriam, Florence Pisani et Anton Brender, des menaces continuent de planer, mais globalement les différentes zones devraient bien résister.

Le mois de décembre qui se termine a chassé un peu du brouillard qui planait sur les prévisions économiques mondiales. aux élections législatives au Royaume-Uni et offrent des réponses sur le Brexit et la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Venus au Luxembourg, le 17 décembre dernier, présenter leurs prévisions économiques pour l’année 2020, Anton Brender et Florence Pisani, respectivement chef économiste et directrice de la recherche économique chez le gestionnaire d’actifs Candriam, se montrent relativement optimistes.

«L’économie européenne a sans doute touché le point bas et est en voie de stabilisation. Au niveau des États-Unis, les marchés ne voient plus de risques de récession alors qu’ils ont longtemps craint cette dernière.» On pousse donc un «ouf» de soulagement, mais on ne lance surtout pas de cris euphoriques.

La Chine sous surveillance

Des menaces pourraient en effet venir de la Chine, où l’État continue à prendre des mesures pour soutenir la croissance. «Pour soutenir l’économie du pays, les autorités chinoises ont stimulé le crédit depuis plusieurs années», pointent les deux économistes. «Cette stratégie atteint désormais ses limites, ils ne peuvent plus prendre le risque de voir les agents économiques s’endetter plus, au risque de créer de l’instabilité.»

Florence Pisani et Anton Brender estiment que la Chine fera peser des incertitudes sur le système mondial en 2020 à cause des doutes qui planent sur le niveau de croissance et les risques d’instabilité financière. «Nous ne pensons toutefois pas qu’il existe de menaces pour la croissance mondiale, sauf si ces risques commencent à effrayer les marchés boursiers, très nerveux.»

La trêve décidée avec Pékin devrait durer, les facteurs d’incertitude vont donc se résorber.

Florence Pisani et Anton BrenderéconomistesCandriam

Portant le regard outre-Atlantique, ils calculent qu’en 2020, année d’élection présidentielle, la croissance américaine sera probablement sous le seuil des 2%, mais ne risque pas de s’écrouler. «La trêve décidée avec Pékin devrait durer, les facteurs d’incertitude vont donc se résorber», jugent les deux analystes de Candriam.

Selon leurs prévisions, les exportations américaines devraient cesser de se contracter et les investissements des entreprises, même s’ils ont reculé ces dernières années malgré la réforme fiscale de Donald Trump, ne devraient pas s’effondrer.

«La question est donc désormais de savoir si la consommation restera soutenue», s’interrogent Anton Brender et Florence Pisani. «Mais elle est soutenue par la hausse des salaires, qui représente plus de 3% par an, et la création d’emplois qui reste supérieure à 1,5% par an.»

Sauf événement imprévu ou décision inattendue du fantasque président, l’économie américaine devrait donc encore prolonger son plus long cycle de croissance historique.

La zone euro résiste

En Europe, les économistes de Candriam pensent que la situation s’améliorera en 2020, avec une croissance légèrement supérieure à 1%. «La demande intérieure a bien résisté, les exportations allemandes repartent à la hausse et les incertitudes sur le Brexit se dissipent», notent-ils. L’Europe aurait donc touché le point bas.

L’économie de la zone euro devrait aussi être un peu plus soutenue par les mesures de stimulation budgétaire adoptées par l’Allemagne et les Pays-Bas. «0,4% de PIB, ce n’est pas énorme, mais ça stimulera quand même la croissance.» Une bonne nouvelle dans la mesure où, selon Anton Brender et Florence Pisani, « est au bout des mesures qu’elle pouvait prendre».

Si les actions montaient encore de 20% l’an prochain, on serait alors en situation de surévaluation.

Florence Pisani et Anton BrenderéconomistesCandriam

Enfin, les marchés boursiers ont bien performé cette année. En France, le CAC 40 vient de franchir la barre des 6.000 points tandis que, sur Euronext Bruxelles, le Bel20 flirte avec la barre des 4.000 points. «Les bourses se sont bien comportées cette année, mais c’est surtout lié à un effet de rattrapage par rapport à la forte baisse du quatrième trimestre 2018», estiment les experts.

Pour eux, la situation n’a rien d’inquiétant: «Les valorisations en Europe ne sont pas dramatiquement élevées. Mais il ne faut plus s’attendre non plus à des rendements à deux chiffres en 2020. Si les actions montaient encore de 20% l’an prochain, on serait alors en situation de surévaluation.»