À l’occasion d’une visite et d’une dégustation dans les vignes, Isabelle et Georges Gales ont partagé avec Paperjam Foodzilla l’histoire de leur domaine et leurs impressions sur le cru à venir…  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

À l’occasion d’une visite et d’une dégustation dans les vignes, Isabelle et Georges Gales ont partagé avec Paperjam Foodzilla l’histoire de leur domaine et leurs impressions sur le cru à venir…  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Avec la météo de ces derniers mois, le cru 2020 sera a priori exceptionnel sur les coteaux de la Moselle luxembourgeoise. À mi-vendanges, Paperjam Foodzilla est allé passer un peu de temps dans les vignes, aux côtés d’Isabelle et Georges Gales.

; Georges Gales, accompagné de sa sœur Isabelle avec qui il forme la relève du domaine viticole familial, nous a accueillis aux Caves St Martin et dans les vignes ensoleillées pour nous faire découvrir un pan de l’histoire régionale et faire le point sur les vendanges et le cru 2020, qui s’annonce exceptionnel...

Un double domaine emblématique

L’histoire des Caves Gales commence en 1916 à Bech-Kleinmacher avec l’arrière-grand-père d’Isabelle et Georges, qui fonde alors un domaine viticole qui sera connu pendant des décennies essentiellement pour ses bulles: «On pouvait même voir, à l’époque, une estafette estampillée ‘Shampes vum Gales’, et nous avons effectivement été reconnus longtemps pour nos crémants. Ce qui est toujours le cas!»

En 1984, les Gales rachètent les Caves St Martin à Remich, qui font désormais partie intégrante du patrimoine familial, tout en étant identifiées comme une marque propre, qui possède ses caractéristiques et sa clientèle. La gamme commune, que les visiteurs peuvent d’habitude découvrir dans le joli salon de dégustation refait à neuf l’année dernière, comprend désormais plus d’une trentaine de références.

Des caves uniques dans la région

Les Caves St Martin bénéficient d’un atout indéniable: elles sont les seules de la Moselle luxembourgeoise à bénéficier de près d’un kilomètre de galeries creusées à même la roche et offrant une atmosphère constante de 12 degrés et de 80% d’humidité – conditions parfaites pour la fermentation du raisin et la conservation des bouteilles.

Ces dernières, principalement issues des meilleures cuvées de crémant du domaine, y sont entreposées et sont toujours tournées à la main, afin de faire descendre progressivement, et selon un procédé séculaire, le dépôt de levure au fil des mois vers le goulot de la bouteille. Il sera ensuite expulsé pour pouvoir introduire, dans la bouteille, la liqueur de dosage – dont chaque famille garde soigneusement le secret de fabrication – et sceller la bouteille avec son bouchon et son muselet définitifs.

Les crémants Gales et St Martin ont une autre particularité: s’il est obligatoire, pour tout crémant, d’avoir reposé neuf mois au minimum pour pouvoir afficher l’appellation «crémant», ceux-ci ne sont jamais mis à la vente avant 18 mois de repos. Nos deux coups de cœur? Le «Jubilée», un créant de Riesling droit et vif, et le «G by Gales», un crémant de caractère très équilibré créé pour célébrer le centenaire de la maison viticole. Les vins de base pour sa fabrication sont du millésime 2013, vinifiés en barriques et vieillis en bouteilles champenoises sur lies pendant 7 ans...

Ne pas oublier les vins tranquilles

Si les crémants sont un porte-étendard historique du savoir-faire Gales, les vins tranquilles ont, eux aussi, su s’imposer au fil du temps comme des références solides de la Moselle luxembourgeoise. Et notamment grâce à un cépage souvent sous-estimé, mais dont Isabelle est particulièrement friande : l’Auxerrois, dont la maison possède un cru en charte Domaine et Tradition qui s’avère surprenant. «La mise en valeur de tels cépages et l’éducation des visiteurs quant à ceux-ci est un rôle que nous apprécions aussi beaucoup. Par exemple, on pense par défaut qu’il faut boire un Auxerrois très vite, alors qu’il constitue un très bon vin de garde, qui va perdre doucement son acidité et révéler des arômes incroyables au bout de 10, voire 20 ans!», s’enthousiasme la jeune femme.

Autre cépage, autre charte avec le Riesling en Charta Schengen, parfaite expression du terroir calcaire omniprésent dans le sol de Remich et de ses alentours. «Charta Schengen est une charte vraiment intéressante par son caractère transfrontalier, et nous mettons un point d’honneur à sélectionner nos meilleurs crus pour cette appellation», précise Georges. Autre coup de cœur: le pinot noir, qui pousse particulièrement bien sur les coteaux du domaine et qui offre une palette de nuances à la fois complexe et subtile.

Une année 2020 qui promet des vins uniques

Les conditions climatiques du printemps et de l’été ont donné des raisins exceptionnels, et il suffit de croquer dans une grappe de pinot gris – dont la récolte avait lieu en cette matinée ensoleillée – pour se rendre compte de leur incroyable teneur en sucre. «Pour une bonne année, on arrive à des chiffres sur l’échelle Oechsle de 90 ou 95... La semaine dernière, nous avons eu une lecture à plus de 120! C’est absolument exceptionnel!»

Enfin, si l’abondance de soleil a pu impacter de telle manière la maturation des raisins, elle a aussi malheureusement provoqué des brulures de vignes et un manque d’eau qui ont forcément une incidence sur les rendements. Si ce phénomène semble relativement bénin dans les domaines Gales et St Martin, d’autres l’ont cependant ressenti plus durement, à l’instar de Schmit-Fohl, un peu plus haut à Ahn...

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