Nicolas Schmit-Fohl et sa famille ont pris toutes les mesures nécessaires pour accueillir les vendangeurs en toute sécurité et leur permettre d’effectuer cette tâche aussi séculaire que nécessaire dans les meilleures conditions possibles. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Nicolas Schmit-Fohl et sa famille ont pris toutes les mesures nécessaires pour accueillir les vendangeurs en toute sécurité et leur permettre d’effectuer cette tâche aussi séculaire que nécessaire dans les meilleures conditions possibles. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Les vendanges 2020 auront sans doute une saveur particulière suite à la pandémie et ses conséquences sanitaires. Mais une chose est sûre pour les viticulteurs de la Moselle: il faut s’adapter et faire attention aux équipes, certes, mais le raisin n’attend pas!

Alors que certains domaines viticoles sont déjà en train de vendanger les premiers pieds de vigne le long de la Moselle, alors que d’autres ne commenceront que dans les jours à venir, tous ont dû s’adapter à la situation sanitaire actuelle et prendre en compte les mesures de sécurité sanitaires nécessaires pour aborder ces vendanges forcément particulières…

Surtout en matière de gestion des équipes fixes et des vendangeurs, puisque le reste du processus de ramassage séculaire reste immuable et difficilement influencé par des contingences de ce type.

Des équipes supplémentaires habituées et/ou locales

En Moselle luxembourgeoise, certaines maisons viticoles assurent travailler depuis de nombreuses années avec les mêmes équipes d’une période de vendanges à l’autre, ce qui semble avoir facilité la mise en place des équipes cette saison. C’est par exemple le cas pour les Caves Bernard-Massard – dont les premiers raisins sont déjà en cours de récolte –, qui font surtout appel aux relations de leurs équipes présentes tout au long de l’année.

Les premiers pinots noirs, surtout ceux destinés à la production de crémant, sont déjà en cours de vendange dans certains domaines viticoles. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Les premiers pinots noirs, surtout ceux destinés à la production de crémant, sont déjà en cours de vendange dans certains domaines viticoles. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Antoine Clasen, leur directeur, précise à ce sujet qu’il était «essentiel de se préparer bien en avance, en concertation avec les viticulteurs et les pouvoirs publics». Il ajoute: «Nous travaillons quasiment exclusivement avec des gens qui vivent dans la Grande Région et qui rentrent chez eux en fin de journée, ce qui fait que nous n’avons pas dû prendre de mesures particulières pour les accueillir la nuit. Nous sommes aussi passés d’un système de deux à trois équipes, permettant ainsi aux vendangeurs d’avoir plus d’espace et de limiter les risques éventuels de contamination.»

La vingtaine de personnes engagées en renfort des 10 déjà présentes dans les vignes tout au long de l’année ont également dû présenter un test négatif au Covid-19 de moins de 48h lors de leur arrivée aux Caves Bernard-Massard. C’est également le cas au Domaine L&R Kox à Remich, qui a profité lui aussi de l’appel très populaire aux bonnes volontés locales. «Nous n’avons qu’un couple qui dort au domaine, le reste des vendangeurs rentrent chez eux le soir et ont présenté un test négatif récent lors de leur premier jour d’embauche», précise Corinne Kox. «Une partie de l’équipe de 12 personnes qui vient chaque année a dû être remplacée, car les vacances ont été repoussées en septembre à cause de la pandémie, mais nous avons senti que les gens ont besoin de travailler, car nous avons reçu de nombreuses demandes cet été!»

Un test offert pour les vendangeurs étrangers 

Pour les maisons viticoles qui font appel à des équipes venant de l’étranger, une concertation avec les ministères de la Santé et de l’Agriculture a permis la mise en place de tests rapides et gratuits au lendemain de leur arrivée. C’est le cas pour les 12 personnes engagées à l’étranger par les Caves Desom ou encore pour l’équipe des 10 vendangeurs polonais réguliers qui s’installent chaque année chez Schmit-Fohl, à Ahn, pour les vendanges.

Nicolas Schmit-Fohl assure cependant avoir mis tout en place pour atteindre le risque minimum: «Tout d’abord, il s’agit d’une équipe fidèle, dont la venue est organisée chaque année par notre collaborateur fixe Marius, lui aussi originaire de Pologne. Nous avons la chance d’avoir une maison disponible pour son accueil et dans laquelle nous avons cette année alloué une chambre à chaque personne ou couple pour plus de sécurité. Nous avons également mis plus de tables pour le déjeuner et composé de plus petites équipes dans les vignes.»

Dans les rangs de ceps, séparés de deux mètres minimum chez Schmit-Fohl, les rotations permettront aux vendangeurs de travailler dès ce week-end sereinement et sans masque… Quant aux rassemblements sociaux le soir, ils sont évidemment proscrits cette année dans tous les domaines interrogés. Marc Desom va même plus loin dans les vignes dont il supervise la récolte: «C’est une grande première, nous avons donc demandé à nos vendangeurs de porter le masque les premiers jours, puis nous aviserons.»

Nicolas Schmit-Fohl, qui rejoint Antoine Clasen sur cette idée, conclut: «Avec ces mesures exceptionnelles, nous sommes certains que le risque est le moindre possible et que nous allons pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Car il va falloir y aller: le raisin ne nous attend pas, lui!»