Philippe Mersch: «C’est important pour nous d’avoir de la visibilité pour nous préparer à une sortie de crise et faire ce qu’il faut pour relancer l’activité.» (Photo: Matic Zorman/archives Paperjam)

Philippe Mersch: «C’est important pour nous d’avoir de la visibilité pour nous préparer à une sortie de crise et faire ce qu’il faut pour relancer l’activité.» (Photo: Matic Zorman/archives Paperjam)

Les concessionnaires ont arrêté la vente de voitures pour cause de coronavirus et assurent pour la plupart un service minimum de réparations d’urgence. La Fedamo craint une crise pour le secteur si la situation perdure, mais pas un boycott de l’automobile.

Que vous ayez commandé une voiture récemment ou pris rendez-vous pour un entretien annuel, l’échéance a  sûrement été reportée. Les concessionnaires automobiles sont à l’arrêt. Philippe Mersch, président de la Fedamo (Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité), analyse la crise qui touche ses 180 membres.

Quel est l’impact du coronavirus sur le secteur automobile?

Philippe Mersch. – «L’impact est très sévère. Depuis le 16 mars, tout ce qui est showroom ou vente automobile est fermé après décision du gouvernement. C’est un volet pénalisant. Surtout en sortant d’un Autofestival très correct. La partie atelier, réparation des voitures, est encore autorisée, mais le contact avec les clients est restreint. Nous devons nous organiser de manière différente. La plupart des concessionnaires et réparateurs ont décidé de réduire leurs activités.

Qu’est-ce que cela pourrait représenter en termes de baisse de chiffre d’affaires?

«C’est encore un peu tôt pour le dire, même si nous avons quand même fait la moitié du mois de mars. Cela dépendra d’avril, si nous restons fermés tout le mois ou pas. Au niveau du chiffre d’affaires, la vente est en réduction de 90% étant donné que nous ne travaillons plus du tout. Au niveau de l’atelier, il faut quand même considérer que nous diminuons de deux tiers l’activité en moyenne.

C’est important pour nous d’avoir de la visibilité pour nous préparer à une sortie de crise et faire ce qu’il faut pour relancer l’activité.
Philippe Mersch

Philippe Merschprésident de la Fedamo

Craignez-vous une nouvelle crise pour le secteur?

«Oui. Toutes les aides de l’État promises, et peut-être les améliorations qui vont venir, vont certainement aider à surmonter la situation très difficile. Nous ne pouvons pas continuer comme cela dans la durée.

Les clients sont aussi dans l’expectative, il y a des voitures neuves en attente de livraison. Il y a des réparations et révisions annuelles qui doivent être faites. Elles sont, pour la plupart, décalées. Nous ne travaillons que sur des urgences.

Que pensez-vous du programme d’aide du gouvernement?

«Nous pouvons le juger positif. Nous travaillons avec le chômage partiel et les autres aides de l’État.

Qu’espérez-vous de plus?

«Nous attendons un planning. Savoir assez rapidement dans quelle durée nous orienter. C’est important pour nous d’avoir de la visibilité pour nous préparer à une sortie de crise et faire ce qu’il faut pour relancer l’activité. Maintenant, je comprends tout à fait que la crise sanitaire est la première urgence.

Comment la Fédération aide-t-elle les entreprises?

«Nous essayons au jour le jour d’informer nos membres des avancées au niveau des aides de l’État, d’indiquer où trouver quel document ou formulaire à télécharger étant donné que cela change souvent. Nous allons mettre sur notre site internet Fedamo.lu la liste des réparateurs disponibles pour les réparations d’urgence. Pour que le client sache où il peut réparer son véhicule.

Aujourd’hui, les transports en commun sont complètement désertés parce que les gens ont peur de se mélanger. En ce sens, la voiture individuelle reste une réponse pour les utilisateurs.
Philippe Mersch

Philippe Merschprésident de la Fedamo

Quelles sont les perspectives de sortie de la crise?

«Il y aura déjà un gros travail de rattrapage, avec l’entretien et les livraisons qui ont été stoppés net. Nous observons maintenant dans les régions du monde qui sortent de la crise, comme la Chine, que le marché automobile redémarre très positivement.

La voiture restera-t-elle plébiscitée?

«Je pense que oui. Aujourd’hui, les transports en commun sont complètement désertés parce que les gens ont peur de se mélanger. En ce sens, la voiture individuelle reste une réponse pour les utilisateurs. Nous voyons qu’en général, la politique du gouvernement pour pousser les gens vers les transports en commun ne fonctionne pas vraiment étant donné que les infrastructures ne sont pas prêtes, donc nous restons raisonnablement optimistes.»