La crise a changé nos vies et impacté durement notre activité économique pour les années à venir, selon le président de l’UEL, Nicolas Buck, invité ce vendredi d’un Live Chat du Paperjam Club. Pour s’en sortir par le haut, l’adaptation des compétences sera au cœur de la solution. Et beaucoup de travail.

«Nos vies ont changé», admet le président de l’UEL, , alors qu’il était interrogé vendredi par le rédacteur en chef de Paperjam, , lors d’un Live Chat organisé par le Paperjam Club. Depuis la crise du Covid-19, «nos façons de travailler et de vivre ont changé», précise-t-il.

Mais le confinement ferait partie du passé. Alors que le nombre d’infections est à nouveau en hausse ces dernières semaines, ce n’est plus une option envisageable: «La question ne se pose plus: on ne reconfinera pas, ni au Luxembourg ni ailleurs», assure Nicolas Buck. «Désormais, le principe est différent: au début, l’État décidait pour les citoyens. Aujourd’hui, c’est à ces derniers de prendre leurs responsabilités.» Et de se conformer aux nouvelles règles, aux gestes barrières et au port du masque.

Des aides très ciblées

L’État devra par contre intervenir en recourant à des «aides très ciblées» pour soutenir les secteurs les plus exposés, comme l’horeca, l’aviation ou l’événementiel. «Pour le reste, ce sera difficile, mais on va s’en sortir», espère-t-il.

De manière générale, Nicolas Buck considère que la situation, si elle n’est pas «dramatique», est «sérieuse»: «Nous allons traverser une période, dont je ne connais pas la durée, avec moins d’activité économique et moins d’emploi.»

Concernant l’augmentation de 33% des demandeurs d’emploi par rapport à l’an dernier, il admet qu’il n’y a «pas de solutions miracles». «Le marché du travail est à l’arrêt, et cela va continuer à augmenter. Il va falloir booster l’Adem.»

«Tous les métiers ne seront pas prioritaires»

Le président de l’UEL se réjouit des mesures «très concrètes» adoptées lors de la tripartite organisée il y a une semaine, en particulier de celles concernant le marché de l’emploi et l’incitation à l’embauche – notamment des jeunes arrivant sur le marché du travail –, celle sur les investissements ou, surtout, celle sur les compétences, «le grand sujet de demain», selon le président de l’UEL.


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«Où seront les emplois de demain?», s’interroge-t-il. «Il est nécessaire de former les jeunes, les demandeurs d’emploi, mais aussi tous les gens dans les entreprises.»

Et parmi les compétences à travailler, les «soft skills» sont prioritaires pour développer des profils intermédiaires mi-tech mi-business, à la croisée des connaissances dans les domaines du digital, des sciences ou de l’environnement. Des connaissances qui seraient encore trop peu développées dans le pays: «Aujourd’hui, au Luxembourg, nous n’avons pas d’équilibre, il n’y a pas de scientifiques. Surtout chez les femmes, c’est catastrophique.»

«Effort, effort, effort»

Un des leviers est l’enseignement fondamental. Bien sûr, «tout n’est pas à jeter, il y a de bonnes choses», souligne Nicolas Buck. Mais il faudrait dans les écoles davantage «apprendre à apprendre», et organiser «des échanges plus réguliers entre les entreprises et les écoles ou universités.»

Le Live Chat lui a aussi permis de tirer des enseignements de la crise. Arrivé en mars dernier à la tête de l’UEL, il reconnaît avoir pris conscience en cette période de toute l’importance du dialogue social, lui qui avait lancé un pavé dans la mare en 2019 sur «Il faut sortir de nos postures idéologiques. Les travailleurs attendent des résultats. Là est notre rôle.»

Si les 30 dernières années ont été «extraordinaires» pour le Luxembourg, Nicolas Buck admet que les 30 suivantes seront plus dures. «Nous pouvons y arriver. Il faudra travailler, mais cela paiera.» Le mot-clé, répété comme un mantra par le président de l’UEL, sera «effort, effort, effort».