Le vice-Premier ministre renvoie dans ses filets des syndicats, et surtout l’OGBL, qui déploraient le manque de dialogue social durant l’état de crise et l’insuffisance des mesures soutenant le pouvoir d’achat des salariés. (Photo : Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Le vice-Premier ministre renvoie dans ses filets des syndicats, et surtout l’OGBL, qui déploraient le manque de dialogue social durant l’état de crise et l’insuffisance des mesures soutenant le pouvoir d’achat des salariés. (Photo : Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire a détaillé les mesures de son ressort décidées à l’issue de la tripartite du 3 juillet.

«Le dialogue social vit», assure en introduction  (LSAP), en écho aux critiques des syndicats, et en particulier de l’OGBL . «Pour moi, le message important est que nous sommes capables de nous asseoir ensemble.» Et d’ajouter que ce n’est pas la seule discussion tripartite qui a eu lieu depuis le début de la crise, précisant que les divers ajustements du chômage partiel – comme la garantie d’une indemnisation au moins égale au salaire social minimum, sa prolongation jusqu’à la fin de l’année et son extension aux secteurs vulnérables que sont le tourisme ou l’horeca – sont le fruit d’accords entre les partenaires sociaux.

«Le dialogue a continué pendant l’état de crise et a donné de bons résultats», défend l’ancien syndicaliste, qui justifie la tenue tardive de la tripartite. «Une tripartite doit être préparée, réfléchie en amont – car le gouvernement n’est pas un simple intermédiaire entre le patronat et les syndicats, et vient avec sa propre opinion. Sinon, elle conduit à un échec comme en 2011.»

Sur les dix mesures , c’est bien le ministère du Rousegärtchen qui en pilotera la plupart, avec, comme pour la majorité des mesures prises jusqu’ici par le gouvernement, une prédilection pour l’adaptation de programmes déjà en place plutôt que pour la création ex nihilo de nouvelles aides, par souci d’efficacité.

Trois programmes de l’Adem étendus aux chômeurs plus jeunes

L’aide à l’embauche de chômeurs âgés, qui permet à l’entreprise embauchant un travailleur de plus de 45 ans de voir ses charges sociales prises en charge par le Fonds pour l’emploi durant deux ans, est élargie aux travailleurs de 30 à 45 ans, avec un an d’exonération de charges.

Idem pour le contrat de réinsertion-emploi (CRE) qui cible habituellement les plus de 45 ans: tout chômeur de plus de 30 ans pourra en bénéficier. Le CRE permet à l’employeur de ne prendre en charge que 50% du salaire social minimum si le chômeur n’est pas indemnisé. À noter qu’il n’aura à sa charge que 65% du SSM s’il conclut un CRE avec un chômeur de plus de 45 ans ou une personne en situation de handicap.

Quant au stage de professionnalisation, qui consiste à passer six semaines (voire neuf semaines) dans une entreprise dans l’optique de changer de voie professionnelle, il était réservé aux chômeurs de plus de 30 ans et leur assurait 347 euros en plus de leur indemnité de chômage, il est désormais accessible à tous les chômeurs. «Nous savons que c’est une bonne mesure puisque plus de la moitié de ses bénéficiaires retrouvent un emploi ensuite», assure M. Kersch.

Enfin, la tripartite a convenu du renforcement du comité de suivi de l’Adem – composé de la directrice de l’Adem, de représentant du ministère du Travail et de représentants patronaux et syndicaux et chargés d’assurer un placement efficace auprès des entreprises et d’optimiser le jumelage entre postes ouverts et demandeurs d’emploi. Il est question d’optimiser le monitoring de cette correspondance entre postes vacants et demandeurs d’emploi.

L’État-employeur se mobilise

«Les administrations et les ministères feront un grand effort pour pourvoir les postes vacants», indique M. Kersch. Près de 300 emplois sont concernés.

Idem pour les OTI (occupation temporaire indemnisée): ces missions temporaires de six à neuf mois que des chômeurs peuvent assurer auprès de l’État et des communes. 400 personnes pourraient ainsi rejoindre l’administration pour quelques mois.

Un aperçu des autres mesures issues de la tripartite

D’autres mesures relèvent d’autres ministères, comme celles concernant:

- l’apprentissage (prime de 1.500 euros pour les employeurs formant un apprenti et davantage de cours pour les apprentis sans place en entreprise), qui relève du ministère de l’Éducation nationale apportera des détails ce vendredi;

- l’aide à la création d’entreprise (prime de 2.000 euros par mois pendant six mois), qui relève du ministère de l’Économie, Direction générale des classes moyennes;

- la création d’une task force pour parler du développement des compétences (il est notamment question de lancer une étude avec l’OCDE );

- la mise en place d’une task force Investissement (réunissant les ministères de l’Économie, de la Mobilité et des Travaux publics et de la Digitalisation).

Et le reste?

L’OGBL clamait haut et fort rester sur sa faim quant aux sujets abordés par la tripartite, auxquels il aurait voulu ajouter le droit à la formation continue, la réforme des plans de maintien dans l’emploi, celle du travail intérimaire ou encore le sort des salariés quand une entreprise fait faillite. «La bonne nouvelle, c’est que ces thèmes sont évoqués dans le cadre du CPTE» (Comité permanent du travail et de l’emploi), sourit M. Kersch. Une réunion est prévue à l’automne, avec la présence exceptionnelle de  (DP), ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.

Autre coup de griffe envers les syndicats: «Ils ne peuvent pas prétendre que nous sauvegardons notre situation financière alors que le gouvernement prévoit de verser 1,9 milliard d’euros via le Fonds pour l’emploi», s’agace-t-il, balayant également les critiques de l’OGBL selon lesquelles aucune mesure pour le pouvoir d’achat n’a été arrêtée. «Ils ont vite oublié les 300 millions d’euros pour le congé pour raisons familiales.» Tout en n’excluant pas de nouvelles mesures à venir dans les prochains mois.

Les mesures relevant du ministère du Travail et de l’Emploi feront l’objet d’un projet de loi qui sera déposé incessamment sous peu, d’autant que M. Kersch nourrit l’espoir de le voir adopté avant la pause estivale de la Chambre des députés. «C’est possible si le Conseil d’État n’émet aucune opposition formelle», commente-t-il, tout en assurant qu’il ne veut pas mettre de «pression» sur la Haute Corporation – déjà dans l’examen de la nouvelle loi Covid-19.