Une ferme à bitcoins, où des ordinateurs en réseau vont opérer des dizaines de milliers de calculs à toute vitesse pour résoudre un problème et empocher une récompense en bitcoins. À 50.000 euros le bitcoin, les vocations se comptent en milliers et consomment l’électricité à tout va. (Photo: Shutterstock)

Une ferme à bitcoins, où des ordinateurs en réseau vont opérer des dizaines de milliers de calculs à toute vitesse pour résoudre un problème et empocher une récompense en bitcoins. À 50.000 euros le bitcoin, les vocations se comptent en milliers et consomment l’électricité à tout va. (Photo: Shutterstock)

Le cours du bitcoin s’affole… et crée des vocations, ce qui tire la consommation d’électricité à des niveaux jamais atteints, mais pour l’instant difficiles à établir avec précision: il existe une douzaine de méthodes différentes et contestées.

La «Rolls-Royce du minage» n’est déjà plus disponible. Le , ordinateur ultra-puissant à 7.548 euros au prix catalogue, payable en bitcoins, promet un rendement annuel de 72.000 euros après s’être acquitté de 2.333 euros d’électricité pour le faire fonctionner. Près de 84.000 euros de profit, même, si l’on prend un coût de l’électricité, au Luxembourg, à 0,15 euro le kWh. Mais il ne mine pas de bitcoin mais du kadena.

Pas étonnant qu’avec l’envolée du bitcoin, les petits-enfants de gueules noires et mineurs des temps modernes rêvent de participer à la fête. En un an, l’argent tiré par ces mineurs 2.0 est passé de 12,34 millions d’euros à 54,43 millions d’euros le 21 mars.

Le minage est l’activité qui consiste à procéder à des milliers d’opérations de calcul jusqu’à être récompensé en bitcoins. Cette course de vitesse est très gourmande en électricité.

D’abord, mieux vaut ne pas lésiner sur l’investissement de départ. Car la deuxième machine la plus rentable sur le marché, l’Innosilicon A11 Pro ETH (25.400 euros), ne promet plus que 47.660 euros de revenus après paiement de l’électricité (en minant six monnaies mais pas de bitcoin). Et la troisième, un autre Goldshell CK5, 34.926 euros (pour miner du Nervos). Et tout est variable selon le coût de l’électricité pour ces ordinateurs qui vont tourner à plein régime 24 heures sur 24.

La première machine à miner du bitcoin, un MicroBT Whatsminer M30S++, n’est que que douzième dans le classement des machines à cash mais il n’offre plus que 15.057 euros de rentabilité annuelle, électricité déduite.

Le choix de son matériel effectué, mieux vaut intégrer une ferme de minage, où chacun va apporter sa belle mécanique pour que le «pool» fasse davantage de calculs et plus vite, ce qui procure un avantage concurrentiel dans l’accès aux nouveaux bitcoins. À ce petit jeu, Poolin est souvent devant F2Pool et AntPool, trois fermes chinoises qui revendiquent chacune être le leader des fermes de minage au monde, même quand Blockchain.com reconnaît que plus du tiers des blocs minés ne le sont pas par une entité connue.

Où aller pour miner? En Chine, qui truste 60 à 70% de l’activité, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), loin devant l’Islande, la Suède, la Norvège, la Géorgie, le nord-ouest du Pacifique (État de Washington, Colombie-Britannique, Oregon), le Québec et le nord de l’État de New York.

La Chine a l’avantage d’avoir un prix de l’électricité deux fois moins élevé que sous nos latitudes. Même si 80% du minage se déroule dans le Sichuan, riche en énergie hydraulique, le phénomène inquiète: selon deux chercheurs, d’ici 2024, l’extraction de bitcoins en Chine nécessitera 297TWh d’énergie et représentera environ 5,4% des émissions de carbone liées à la production d’électricité dans le pays.

Un chiffre à mettre en rapport avec l’analyse de l’Agence internationale de l’énergie. Selon l’AIE, il existe une douzaine de méthodes pour tenter de savoir combien les mineurs consomment d’électricité et les estimations varient de 20 à 80TWh par an (0,1 à 0,3% de la consommation mondiale). En 2018, l’Agence retenait le chiffre de 45TWh comme chiffre le plus réaliste.

Pour l’index de Digiconomist, créé par Alex de Vries, de l’université libre d’Amsterdam, la consommation totale serait, à ce jour, plutôt autour de 78TWh.

Selon Alex de Vries, de l’université libre d’Amsterdam, la consommation électrique liée au bitcoin serait autour de 78TWh par an. (Source: Digiconomist)

Selon Alex de Vries, de l’université libre d’Amsterdam, la consommation électrique liée au bitcoin serait autour de 78TWh par an. (Source: Digiconomist)

Deux études estiment qu’en juin 2019 déjà, les trois quarts de l’électricité utilisée pour miner provenaient de sources renouvelables. L’université de Cambridge, qui suit cette donnée depuis quelques années, l’estime à 34%. Là encore, les données fiables venant de Chine manquent.

Et à tous ceux qui prédisent un cataclysme dans les années à venir, au fur et à mesure que le cours du bitcoin franchit de nouveaux paliers, les experts relativisent. Pour l’instant, le bitcoin est miné avec une «proof of work» qui met des mineurs en compétition. Chacun fait des milliers de calculs et celui qui a le résultat juste le plus rapidement valide la transaction et gagne une récompense en bitcoins.

À l’avenir, le système pourrait basculer vers une «proof of stake», où celui qui valide une transaction met un certain montant de bitcoins «en caution», qui lui seront rendus quand il aura bien fait le travail de validation, et il sera rémunéré sur les frais de transaction.

Du coup, plus besoin de Rolls-Royce.